Victime d’un arrêt cardiaque mercredi 9 janvier à Épernay (Marne), Maye Cissé est décédé à 31 ans. L'écrivain sparnacien Daniel Rondeau avait déjà évoqué le destin tragique de ce jeune boxeur bourré de talent, au style atypique (reposant sur une allonge au-dessus de la moyenne) qui lui avait valu d'être surnommé : l'Araignée noire.

Lors d'un "fait divers" comme il peut en arriver dans les cités, en octobre 2007, Maye avait sacrifié l'une de ses mains pour sauver la vie d'Ibrahim Traoré, qui aujourd'hui, fait une carrière pro en lourds. Ces deux-là étaient devenus des frères après ce drame qui priva le grand espoir du BC Epernay d'un destin de champion. D'une main, Maye tenta bien un come-back mais trop diminué, il n'insista pas. En quelques secondes, sur un réflexe fraternel, la vie de celui qui fut champion de France de boxe éducative puis tête d'affiche, avec Jean-Michel Hamilcaro, des galas pros du BCE, aura basculé - pour toujours - du côté obscur et déchiré de l'âme. Ces derniers mois, Maye - soutenu par son coach de toujours, Jérôme Vilmain - avait repris le chemin de la salle, en rêvant d'un retour sur le ring, avec un moral et un physique retrouvés. Mais lorsqu'il m'appelait, c'était plus pour parler de littérature, de Nietzsche, d'Oscar Wylde, de Françoise Sagan, s'étonnant que l'on puisse être... surpris qu'un ancien boxeur soit aussi imprégné de littérature. Tu voulais m'expliquer tout ça, ta souffrance à jamais, te mettre à nu, te soulager, te confier à un journaliste auquel tu faisais confiance, co-écrire le roman de ta vie. Cette vie qui pour toi, s'est brutalement arrêtée hier...
Par Jean-Pierre Prault