Vaincu par arrêt de l’arbitre (7e) sur blessure, le 22 octobre, à Tokyo, Thomas Masson (17 v, 1 n, 3 d) n’a rien pu faire face à la force physique du champion du monde WBC des mouches, le Japonais Daigo Higa (14 v), qui a conservé son titre et pleinement justifié sa réputation de petit Tyson.

Lors de la pesée, déjà, la différence de morphologie avait frappé. Plus large d’épaules et trapu, le Japonais détonnait à côté du Français si longiligne et, certes, plus grand. L’impression sur la balance se vérifia d’emblée sur le ring. En effet, le Nippon ne tarda pas à se dérouiller les bras par une combinaison - direct du gauche, crochet gauche au foie puis droite dédoublée au corps et à la face - qui donna le ton. C’était au Nordiste de trouver la parade pour endiguer la formidable puissance de son adversaire qui avançait sur lui tel un char d’assaut que rien ne semblait pouvoir faire dévier de sa route.

Le Tricolore avait évidemment les mains bien hautes et s’évertuait à donner le change avec son bras avant, tantôt en direct, tantôt en jab. Cependant, son allonge supérieure ne lui était guerre d’un grand secours devant un homme aussi entreprenant et compact. Les initiatives de Thomas Masson, pas réputé pour démarrer ses duels pied au plancher, paraissaient nettement plus timides que celles de son contradicteur. Et ce d’autant qu’il ne travaillait le plus souvent que sur deux coups à la face - gauche, droite - quand le tenant en délivrait quatre ou cinq en prenant soin de varier les zones de frappe. Bien sûr, l’Arrageois bloquait autant qu’il le pouvait mais en fin d’échange, Daigo Higa finissait quasiment toujours par trouver l’ouverture en uppercut ou avec des crochets larges derrière l’oreille. L’élève de Joël Legrand avait beau encaisser sans broncher et faire signe qu’il n’était nullement ébranlé, nul n’était dupe. Et s’il mettait davantage d’intensité dans ses attaques dans la troisième reprise, il ne parvenait nullement à prendre l’ascendant. Au contraire, le Tokyoïte répliquait bien plus durement et c’était bien le visiteur qui reculait.
Impossible de subir encore de la sorte sans vaciller
On ne voyait pas la solution qui s’offrait à l’ancien champion de France et d’Europe. Sa vaillance et sa défense hermétique le préservaient du pire, comme lorsqu’il était acculé dans un coin du ring au début du quatrième round et qu’il réussissait in-extremis à trouver une porte de sortie. Il n’empêche, il commençait à dangereusement plier sans pour autant rompre. Du moins pas encore car loin de s’inverser, la tendance se confirmait au fil des minutes. Le quatrième opus, encore, était un tournant du combat tant les coups de boutoir de Daigo Higa commençaient à faire mal, le challenger ne s’avérant plus capable de les parer et de les l’esquiver. Ces remises étaient sporadiques et, pire, dépourvues d’efficacité. Enfin, le cumul des impacts le rendait moins mobile et donc plus exposé aux assauts de son rival, en particulier à son crochet gauche dévastateur.

Si bien que ce qui devait arriver arriva. Dans le sixième round, le bateau prit l’eau : le sociétaire de l’USO Boxing Club Bruaysien était soulé de coups de toutes parts et ne dût qu’à son formidable courage de rester debout. Mais aussi exceptionnelle qu’étaient sa résistance et son abnégation, il était impossible qu’il subisse encore de la sorte sans vaciller. Et sur une gauche anodine - oserait-on écrire - il se résolut à sagement à poser un genou à terre pour tenter de récupérer. En vain. Ses arcades, passablement marquées, attestaient de la violence de ce qu’il endurait. L’arbitre sollicita alors judicieusement l’avis du médecin, lequel fit son travail en recommandant l’arrêt d’un bras de fer à sens unique dont l’issue ne faisait plus le moindre doute.
Par Alexandre Terrini
Mise en ligne : Olivier Monserrat-Robert