Après le 4 août 2001, sur la plage du Prado, le 23 février 2002, le 8 mars 2003, le 10 octobre suivant, le 29 avril 2005 et, enfin, le 20 juin 2007, au Palais des Sports de Marseille, le noble art fait son retour dans la cité phocéenne le 24 mars, pour tenter, encore une fois, de faire rimer provençal avec mondial.
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Samedi soir, donc, lors d’un combat d’invaincus, le Français - né en Arménie - Arsen Goulamirian (30 ans ; 1,86 cm ; 22 victoires, dont 14 avant la limite) affrontera le Belge - né en Côte D’Ivoire - Ryad Merhy (25 ans ; 24 succès, dont 20 expéditifs), pour le titre vacant WBA régulier des lourds-légers (79,378 kg - 90,719 kg). En cas de victoire, le Bruxellois sera le premier champion du monde masculin belge de l'histoire. Depuis toujours, le pouls de la boxe bat dans la ville protégée par la Bonne Mère.
La bonne santé du noble art à Marseille est avant tout le fruit du travail de personnages truculents et hauts en couleurs, tel le regretté Marcellin Martin (mort le 24 juin 2002), organisateur de boxe pendant quarante ans (il décida de s'y impliquer à la fin des années 1950), bâtisseur du BC Gardian, qui avait fait de Gratien Tonna et Richard Caramanolis, deux des plus célèbres boxeurs de la cité phocéenne, des champions d’Europe et leur avait permis de disputer le titre mondial. Mais aussi du célèbre Jean Molina, qui a débarqué sur la Canebière en 1950, fondateur du Ring Olympique Marseillais, formateur d’un certain Louis Acariès, et père spirituel de Fabrice Benichou, ex-champion IBF des super-coq. Ce sont aussi des passionnés, plus contemporains, qui ont poursuivi l’œuvre des aînés : comme Pierre-Louis Lavaly, un ancien docker bronzé et rondouillard, au petit bouc de l'avant-veille et à la casquette vissée sur la tête, qui a façonné Medhi Sahnoune, ex-champion WBA, et Myriam Lamare, au Challenge Boxing, de Roger Vecchione, digne descendant de Marcel Pagnol, et bien sûr, de Michel et Louis Acariès, qui sont arrivés à Marseille en 1960.

Entre Marseille et la boxe, c'est une longue histoire d'amour qui perdure. Entamée à l'Antiquité, quelque part en Mésopotamie et en Égypte antique, l’idylle a souvent été fusionnelle, passionnelle, spectaculaire, électrique, mais indéfectible ! Massilia a toujours attiré les grands noms de la boxe française, sud-américaine, africaine et européenne : Alfonso Teofilo Brown, alias Panama Al Brown, Kid Francis, Louis Baye Siki Phall, alias Battling Siki, Gracieux Lamperti, Roger Menetrey, Maurice Tavant, Jean Josselin, le vice-champion olympique des poids super-welters Jo Gonzales, François Pavilla, Marcel Cerdan Jr., Jules Belaïche, le pauvre Ray Grassi (décédé à la suite de son combat contre Mohammed Chickaoui), Robert Zambini, Taoufik Belbouli, Redha Abbas, Brahim Asloum, Jean-Marc Mormeck, Jackson Chanet, Bruno Girard, Medhi Sahnoune, Rénald Garrido, Mehdi Amar, et bien sûr Myriam Lamare.
Quant au sensible, intelligent et connaisseur public marseillais, que ce soit au Parc Borely, où Marcel Cerdan mit K.-O. Roger Cadot à la sixième reprise, à la piscine du Chevalier de la Rose, où les marchands de glace locaux vendaient les "frigolo" (de simple morceaux de glace colorés), au cinéma "le Marceau", au Théâtre Verdi, aux Arènes du Prado (l’ancien stade Vélodrome), au Palais des Sports du Parc Chanot, ou à la Salle Vallier, l’équivalent du Palais des Sports de Paris, il a toujours répondu présent, comme il répondra présent pour encourager Arsen Goulamirian, Michel Soro, Louis Touttin et tous les autres, le 24 mars, au Palais des Sports !
Par Olivier Monserrat-Robert