Maïlys Gangloff avec un immense panache

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Au terme d’un combat de toute beauté, marqué par une intensité et un niveau pugilistique remarquables, la protégée de Saadi Mechiche a détrôné, aux points (98-92, 96-94, 96-94), la championne d’Europe des coqs, Delphine Mancini. En ce 21 octobre, à Lyon, la boxe féminine a triomphé

Maïlys Gangloff démarrait pied au plancher, recherchant ostensiblement la mi-distance. Ses crochets lourds des deux mains au visage, émaillés de quelques uppercuts opportuns, touchaient l’Essonnienne qui ne bronchait pas et s’efforçait de mettre en pratique ce qui était convenu : à savoir, remiser en exploitant sa vitesse de bras supérieure et désaxer pour ne pas rester dans la mire de la Savoyarde. Le tout en veillant à constamment bien bloquer, en particulier au moment où sa rivale s’apprêtait à remiser.

Le reste était affaire de balancier : quand la Francilienne était suffisamment mobile et tournait à satiété, elle se mettait hors de portée de la Rhônalpine et annihilait, dans l’ensemble, les assauts de cette dernière. En revanche, lorsqu’elle se laissait enfermer dans les cordes, le pressing de son opposante produisait son effet et la tenante, quelque peu étouffée, n’avait plus suffisamment d’espace pour déployer sa riche palette technique.

C’est peu dire que les débats étaient équilibrés et, mieux, de très grande qualité, les deux protagonistes n’étant ni dans l’économie ni dans le calcul. Les minutes passaient et la configuration de la confrontation était celle à laquelle on s’attendait : à la challenger, les touches les plus puissantes et les coups les plus impactants, notamment ses droites qui faisaient mouche ; à la championne, les combinaisons corps-face et les séries en rafale avec un débit supérieur. L’efficacité ou la vista ? La dureté ou la quantité ? Tel était le choix cornélien qu’il allait y avoir à trancher.

« Jamais je n’avais boxé quelqu’un d’aussi fort »

Parfois, comme dans le cinquième opus, Delphine Mancini laissait parler son orgueil et acceptait résolument le bras de fer et le mano a mano. Loin d’être surclassée dans un tel schéma, elle n’était pour autant pas dominante quand elle s’aventurait de la sorte sur le terrain de prédilection de sa contradictrice. Laquelle enfonçait le clou dans la septième reprise, l’ancienne membre de l’équipe de France semblant chercher un second souffle. En attestait le fait qu’elle avait de plus en plus tendance à reculer en ligne au lieu de le faire latéralement.

Consciente que le Graal était à portée de gants, l’Aixoise ne faiblissait pas, bien au contraire, et se ruait à l’attaque mais sans se jeter et jamais de manière désordonnée. C’était là sa force autant que son mérite. Ses louables efforts de cadrage s’avéraient payants quand bien même la visiteuse, à l’évidence quelque peu sous l’éteignoir en fin de partie, répliquait avec une vaillance admirable et, elle non plus, sans se désunir.

Sur leurs bulletins, les juges estimaient que cette résistance, aussi méritante fusse-t-elle, n’avait pas été suffisante pour terrasser la formidable activité de Maïlys Gangloff qui grimpait donc quatre à quatre sur le toit du Vieux Continent. Gageons que les sommets lui seront désormais familiers. Toute à son bonheur, elle avait l’élégance de remercier son équipe avant de rendre hommage à celle dont elle venait de ravir la couronne. « Jamais je n’avais boxé quelqu’un d’aussi fort », avouait-elle. La victoire n’en est que plus belle, la défaite que plus amère.

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