Le Picard (40 v, 1 n, 4 d) a conservé avec brio sa ceinture WBC silver des légers en dominant avant la limite (KO, 8e) le valeureux Mexicain Jesus Arevalo (25 v, 1 n, 2 d), le 14 décembre, à Levallois.

Nullement impressionné, le Latino entrait dans le vif du sujet sans attendre. Très entreprenant et délié dans sa boxe, il campait à distance, si bien qu’il avait tendance à partir d’un peu trop loin, au risque de voir ses coups arriver souvent en bout de course, notamment au buste. Il s’évertuait en outre à alterner les frappes au corps puis à la face mais il en fallait notoirement plus pour déstabiliser le Lion, très sûr de ses moyens défensifs et qui, grâce à sa garde hermétique, bloquait tous les assauts adverses. Surtout, le tenant faisait étalage de sa maestria en multipliant les remises d’une fulgurance et d’une précision admirables. Maître de sa boxe comme jamais, le sculptural Picard donnait littéralement la leçon. Uppercuts « dans la cheminée », crochets gauches à la tempe, pas de retrait… : toute sa riche panoplie y passait. Sa justesse technique, l’élégance de ses postures et l’absence de déchets donnaient raison au public qui scandait à tue-tête « Ivan est magique ! » Vrai.

D’une classe folle, le Maxipontain forçait son rival à s’épuiser à force d’essayer de chercher une ouverture qu’il ne trouvait pas. C’était tout le sens des consignes de son entraîneur, Giovanni Boggia : « Soit patient, continue à le marteler ! Ne te lasse pas de ton direct du bras avant ! Sois exigeant ! Oblige-le à boxer et n’accepte pas qu’il ralentisse ! » Surtout, l’ancien champion de France avait l’intelligence de répliquer en enchaînant par des séries de quatre ou cinq coups, aucun n’étant délivré au hasard. La performance était d’autant plus notable qu’en face, Jesus Arevalo ne se désunissait pas, quand bien même ses offensives étaient-elles assez stéréotypées et donc prévisibles.
L’élève n’égalait en aucun point le maître
Parfois, après que le Français eut attaqué sous tous les angles, son contradicteur tentait vainement de l’imiter et d’en faire autant. Mais l’élève n’égalait en aucun point la maître et se faisait au contraire crucifier au moment où il cherchait son second souffle après s’être heurté à un mur. L’Isarien, lui, se contentait du premier tant sa condition physique était sans faille. Dans ce contexte, hormis une erreur d’inattention aux allures de saute de concentration, il semblait que rien n’eût pu lui arriver de fâcheux. Méfiant, Giovanni Boggia lui demandait néanmoins de durcir le duel tout en demeurant vigilant. Toujours aussi studieux et appliqué, son protégé s’y employait même s’il faut ici souligner la formidable vaillance et la toute aussi remarquable constance du visiteur. Mais l’abnégation a ses limites face à tant de classe. Au huitième round, alors qu’il paraissait quelque peu émoussé et, pire, en panne d’inspiration, une droite millimétrée à la tempe avait raison de ses louables velléités. Yvan Mendy pouvait exulter et affirmer au micro de SFR Sport qu’il se sentait prêt à défier les meilleurs de la planète. Dont il fait assurément partie.
Par Alexandre Terrini
Mise en ligne par Olivier Monserrat-Robert
Crédit photo : Karim de la Plaine