Le 26 mars, à Blagnac, le Toulousain (10 v, 1 n, 3 d) a réalisé une remarquable performance pour détrôner le champion de France des super-plumes, Khalil El Hadri (10 v, 1 d), vaincu aux points, à l’unanimité des juges (96-94, 98-92, 96-94). Le tout à l’issue d’un bras de fer de très haute tenue.
La confrontation démarrait sur un rythme qui augurait ce qui animait les deux protagonistes : une furieuse envie d’en découdre, de part et d’autre, après que ce rendez-vous au sommet a été annulé trois fois. Le challenger avait averti que jamais son rival ne s’était mesuré à un opposant aussi déterminé qu’il le serait. Sûr de lui, le tenant, lui, voulait prouver qu’il était bien le numéro français de la catégorie, première étape d’un parcours initiatique censé le mener, à terme, jusque sur le toit du monde.

L’Yvelinois répliquait en force, de manière plus sporadique
Si bien qu’une fois lâchés, les deux fauves, aux plans de bataille duplicables, ne prirent même pas le temps de se jauger et se livrèrent d’emblée à un mano a mano au centre du ring. But avoué de l’opération, gagner du terrain et, au préalable, ne pas en perdre. Mais cette proximité avait l’immense mérite de déboucher sur des débats enlevés, d’une grande limpidité, sans anicroche. La vitesse de bras des duellistes était impressionnante et un plaisir pour les yeux, autant que leur admirable débauche d’énergie qui ne les empêchait nullement de ne pas négliger les moyens de défense, en particulier les blocages.
A ce jeu, le champion semblait un chouïa plus puissant et délivrait des uppercuts lourds. Son contradicteur n’était pas en reste. En décousant sciemment à mi-distance, il ne cherchait pas à exploiter sa plus grande allonge. En revanche, son débit de coups et de touches était légèrement supérieur. Il avait d’ailleurs tendance à avancer et le Francilien à remiser en contre-attaque. Dans la sixième reprise, l’Occitan poursuivait son pressing en délivrant des séries de quatre à cinq coups. C’est au demeurant lui qui imprimait les changements de rythme les plus nets tandis que l’Yvelinois répliquait avec une force jamais démentie, de manière plus sporadique.
Déjouant les pronostics, le Toulousain ne cédait pas
Le duo était au coude à coude et chaque coin adressait ses ultimes conseils pour faire pencher la balance du bon côté. Ainsi était-il demandé à Anthony Rivière de ne pas négliger des jabs et de désaxer tandis que Khalil El Hadri était prié de mieux terminer ses actions, de ne plus temporiser et de « faire des coups de folie ». Cependant, contrairement à son habitude, il ne parvenait pas vraiment à emballer le match. Il était bien présent sans être outrageusement à son avantage.
Dans un huitième opus d’anthologie et jusqu’à la fin de la rencontre, on se rendait coup pour coup dans le carré magique et à ce jeu, Anthony Rivière, déjouant les pronostics, ne cédait pas. Il s’offrait même le luxe de mieux varier les zones de frappe. Chacun donnait tout ce qu’il lui restait en magasin, front contre front, avec une générosité folle, montrant, au passage, une autre de leurs qualités partagées, celle d’encaisseur. L’étreinte finale de ces deux bonhommes, dignes et grands, venait solder le magnifique spectacle qu’ils avaient proposé, consacrant le Sudiste, lequel avait trouvé le ressort et le supplément d’âme nécessaires pour faire mentir les pronostics, lui qui n’était pas favori sur le papier. Une manière de prendre date.