Le sociétaire de l’US Fontenaisienne (10 v, 4 d) n’a pas laissé passer sa première chance nationale en détrônant logiquement, aux points (97-93, 98-92, 94-95), le champion de France des super-légers, Renald Garrido (20 v, 2 n, 19 d), le 30 mars, à Levallois.

Le tenant entamait les hostilités quelque peu différemment de ce qu’il avait l’habitude de montrer. Boxant moins en ligne mais davantage en mouvement, il désaxait fréquemment, même en attaquant. Certes toujours aussi entreprenant, il donnait plus d’uppercuts qu’à l’accoutumée tout en prenant soin de nullement négliger les flancs de son adversaire pour ensuite passer ses crochets. En face, après une première reprise qui lui avait servi à prendre la mesure de l’évènement, le challenger se libérait pour de bon. Très puissant, il misait sur bras arrière, débitant tous ses coups en force. Inconvénient : il perdait quelque peu en fluidité et était donc plus prévisible. Il n’empêche, le Fontenaisien touchait mais n’ébranlait pas - encore - le champion, lequel imposait un rythme élevé à la confrontation et ne cessait d’avancer.

Néanmoins, bien que contraint de reculer et de tourner, le Val-de-Marnais trouvait fréquemment l’ouverture car il profitait des largesses défensives de Renald Garrido, en particulier en sortie d’échange. De fait, la clef, pour chacun de deux hommes, aussi généreux l’un que l’autre durant le premier tiers du combat, était non pas tant de se montrer encore plus offensif mais bel et bien de s’exposer le moins possible. Leur coin respectif avait beau leur demander, pêle-mêle, de ne pas se laisser enfermer, de monter les mains et de déclencher le premier, ils restaient sourds à ces injonctions. L’intensité du spectacle n’en pâtissait nullement car, à dire vrai, le mano a mano qu’ils se livraient était aussi palpitant qu’indécis.
« Pas loin du niveau d’un championnat de l’Union européenne »
Néanmoins, à l’orée de la seconde partie du duel, Massi Tachour, plus actif, se détachait lentement mais sûrement. Ses coups étaient les plus nets et avaient davantage d’impact que ceux de son rival. Certes, le Sudiste continuait de faire le pressing mais il se protégeait de moins en moins et, surtout, s’avérait incapable d’imprimer des changements de rythme. Lui, dont le point fort est le cardio, paraissait quelque peu émoussé et cherchait un second souffle. L’épreuve de force tournait à l’avantage du Francilien, plus fort physiquement, plus lucide aussi. La vaillance de Renald Garrido était comme souvent admirable mais son schéma tactique, redevenu trop stéréotypé au fil des minutes, le desservait grandement. Ne désaxant plus, effectuant moins d’esquives et travaillant trop sur un coup, en général un crochet large débité de trop loin, il ne parvenait plus à prendre l’ascendant en dépit d’un sursaut d’orgueil dans les deux derniers opus.

Dans ces conditions, Massi Tachour n’avait qu’à ne pas déroger à sa ligne de conduite pour arriver à ses fins : être plus rigoureux dans le cadrage en ayant les mains bien hautes pour bloquer, se servir de son direct du bras avant afin de se dégager le terrain et de passer sa droite à mi-distance ou de prêt. Simple mais terriblement efficace comme en atteste le pointage des juges en sa faveur.

Son entraîneur, Mehdi Labdouni pouvait être heureux : « Je suis très content. Le travail paye. Massi est un peu comme moi, un guerrier. C’est la première fois que je le vois aussi précis. Ceci étant, il peut encore s’améliorer techniquement mais aussi défensivement car il prend encore trop de droites. A mon sens, il n’est pas loin du niveau pour disputer un championnat de l’Union européenne. »
Par Alexandre Terrini
Mise en ligne par Olivier Monserrat-Robert
Crédit photos : Denis Boulanger - Presse Sports