Les garçons ont fait le spectacle

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Les finales des Championnats de France amateurs (CFA) masculins se sont tenues, le 17 décembre, à Asnières-sur-Seine. Qualificatives pour le tournoi de présélection olympique interne, elles ont donné lieu à de belles empoignades et à l’éclosion de nouveaux talents. 

Comme on le présageait, le clou de la soirée était sans nul doute le duel inaugural entre Billal Bennama et Ibrahim Boukedim, en -51 kg. Il a tenu ses promesses. Le second s’est comporté en vaillant challenger en ne cessant d’attaquer avec subtilité et variété. Il n’a cependant pas résolu l’équation que lui imposait le Blagnacais dont la science du déplacement et de l’esquive alliée à des inspirations de grande classe dans toutes les situations lui ont permis de l’emporter dans cette nouvelle catégorie pour lui, laquelle l’a obligé à s’astreindre à un régime pas simple.

Dans la série des prestations de haute volée, on retiendra également celle d’Enzo Grau devant Mohamed Ounai, en -63,5 kg. Contre un rival que l’on annonçait pas évident à canaliser et qui, de fait, a tenté crânement sa chance, le Vendéen, certes notoirement plus expérimenté, a fait étalage d’une louable maturité. Enfin délesté des blessures qui l’ont miné ces derniers mois, il a livré une copie combinant inspiration et impact, qui en fait un candidat qui va compter dans la course à la qualification olympique.

On ne dira pas cela de Djamili Aboudou Moindze en +92 kg. Non pas que le sociétaire de Coudekerque Ring ait été hors sujet. C’est justement tout le contraire. Il a littéralement surclassé Paul Omba Biongolo en boxant avec sa justesse habituelle. Sa vitesse de bras et sa propension à se mouvoir sont toujours aussi bluffantes pour un mastodonte comme lui. Si bien que même s’il ne faut présager de rien entre seize cordes, on ne voit pas bien, sauf accident de parcours, qui pourrait durablement contester la suprématie hexagonale du sextuple champion de France.

Et dire que Yojerlin Cesar vient d’avoir dix-huit ans...

Quant à Yojerlin Cesar (-75 kg), il n’a qu’un seul tort : faire étalage de ses prédispositions dans une catégorie non olympique (sic). Mais quelle classe ! Et dire qu’il vient d’avoir dix-huit ans, comme l’entonnait Dalida. Le Lyonnais a tout pour plaire sur et en dehors du carré magique. Des décalages à profusion, des rotations du buste à la cubaine et une propension à déclencher en mouvement et systématiquement dans le temps, sans jamais se laisser acculer dans les cordes. Une panoplie digne du jeune vieux briscard qu’il est. Assurément le grand espoir de demain et… d’aujourd’hui. Le musculeux Éphrem Barico, qui a donné avec constance tout ce qu’il avait en magasin en pressant sans cesse pour mettre - en vain -  le Rhônalpin sous l’éteignoir, en conviendra.

Photo ©Florent Lepage

Makan Traoré (-71 kg), désigné meilleur boxeur des finales, a également été des plus convaincants à l’heure de recevoir la réplique d’Hugo Grau qui lui a opposé une résistance digne de ce nom. Entre ces duellistes longilignes et habiles gants aux poings, ce fut d’abord une bataille de bras avant en vue de porter l’estocade. Puis, au fil des minutes, le représentant de Loire-Atlantique a patiemment tissé sa toile en occupant le centre du ring et en étant à l’origine des accélérations les plus décisives. Prenant davantage l’initiative, il obligeait le Vendéen à être l’essentiel du temps sur la défensive et donc au retard au pointage.

Soheb Bouafia (-92 kg) n’a pas raté l’occasion de décrocher sa première ceinture nationale à l’occasion de son quatrième essai à ce stade de la compétition. Certes, à l’issue d’une confrontation guère palpitante, illustration parfaite de l’adage qui veut que l’enjeu tue le jeu. Le Dionysien Naïme Herkati a en effet été bien timoré et ne s’est contenté de proposer quelque chose que lorsqu’il y était vraiment contraint parce qu’au pied du mur. Si bien que le Roubaisien, visiblement crispé, n’a pas eu à beaucoup s’employer pour faire la différence. Ses offensives sporadiques mais plus chirurgicales ont suffi à son immense bonheur. 

Que dire de Cheikhmar Koné, auteur d’un doublé en -80 kg ? Tout d’abord que ce garçon a un mental qui force l’admiration et le respect. Songez que devant son public, alors que l’évènement était organisé par son père, il a été au tapis dès l’opus initial, suite à une droite parfaitement délivrée par Raphaël Monny. Puis qu’il a été compté lors de l’action suivante, lorsque le Troyen a, comme on pouvait s’y attendre, tenté d’abréger les débats. Puis tel le Phénix qui renaît avec obstination de ses cendres, l’élève de Jean-Claude Larbi a refait son retard en imposant un rythme d’enfer et un débit de coups intense, sans temps mort, qui a empêcher l’Aubois de s’organiser.

Photo ©Florent Lepage

« Les pensionnaires de l’Insep meilleurs quand ils se produisent sur la scène internationale »

Avec quatre athlètes à l’affiche, La Réunion, terre de noble art, était à l’honneur et ce n’est que justice. En -60 kg, un derby voyait se mesurer deux îliens. Ryan Bieou en est sorti vainqueur au grande dam de David Georges Moucouveia. Le sociétaire du Club de boxe de Saint-Pierre y a mis la manière en étant brillant. Il l’a emporté dans la plus pure tradition de l’école de boxe de réunionnaise, savant dosage de gestuelle ciselée et de frappes sèches dont le claquement sec témoigne de leur dureté. Il a été imité en cela par son compère Maoulana Ali, en -57 kg, qui a sorti le grand jeu pour évincer sur le fil le tenace et entreprenant Hama Laksiouar qui n’a jamais desserré son étau sans pour autant parvenir à ses fins. Là encore, le pensionnaire du CB de Sainte Marie a fait parler son sens du timing, parfois même sa vista dans ses postures pour échapper un tant soit peu aux coups de boutoir du Rhodanien. Dernier Domien à l’œuvre, Julien Samourgompoule (-54 kg) a triomphé de Mohamed Nour Zehir en le faisant compter dès la première reprise. Ses droites à répétition ont fait le reste et assis sa domination mais le Nordiste a eu mérite de ne pas faire que de la résistance et d’essayer de revenir dans le game. Malheureusement pour lui, Julien Samourgompoule a su tirer le parti de son allonge et ne pas s’emballer en restant vigilant défensivement.

En -67 kg, Wilfried Silva est venu à bout de Bakary Kante tout simplement en en faisant un peu plus au cours d’un match assez désuni, ponctué par beaucoup d’accrochages. L’Aulnaysien a été celui qui a inscrit les touches les plus nettes selon la formule consacrée, en réussissant mieux que son contradicteur à conserver un minimum de distance pour être efficace. Enfin, Sami Diguerher (-86 kg) a pris l’ascendant sur Stan Baulmont en s’appuyant sur des remises précises, un jeu de jambes porteur et peu de déchet dans ce qu’il entreprenait quand son adversaire ne travaillait quasiment qu’en force, en enquillant les techniques circulaires sans véritable approche.

Au final, « on a vu beaucoup d’engagement, notait Malik Bouziane, entraîneur national en charge de la filière masculine. Le niveau d’ensemble était passable. J’ai trouvé que les pensionnaires de l’Insep étaient meilleurs quand ils en décousent sur la scène internationale. Peut-être était-ce dû à l’enjeu. Ils ont tenu leur rang mais pas toujours avec la manière. Ceci dit, j’ai bien aimé les finales des -51 kg, des -71 kg, des -92 kg et, surtout, celle des -63,5 kg qui, à mes yeux, a été la plus belle. »

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