La franchise tricolore a été battue de peu (3-2) par son homologue anglaise des British Lionhearts, jeudi 6 avril, à Londres. De quoi entretenir l’espoir de poursuivre l’aventure dans la compétition.


Tout commençait mal pour les Fighting Roosters puisque Martin Molina (-49 kg) était d’emblée dominé par Yafai Gala. En effet, le fausse-garde anglais imprimait d’entrée le tempo de la confrontation et travaillait à sa distance. Nettement supérieur sur le plan technique, il se livrait à un récital. Uppercuts, crochets courts à la face, esquives… : il marquait les points qu’il fallait sans jamais s’exposer. En face, l’Ibère, vaillant mais guère inspiré, avançait de manière stéréotypée et en ligne, quitte à être régulièrement contré. De surcroît, son manque patent de puissance l’empêchait de faire la différence. Si bien qu’au fil des rounds, Martin Molina s’épuisait et posait un genou à terre dans la troisième reprise après avoir été touché au corps. Bis repetita dans la suivante. L’issue de la rencontre ne faisait alors plus aucun doute et le vaincu ne pouvait que nourrir la satisfaction d’avoir tenu la limite même si l’ampleur du score sur les bulletins des juges (trois fois 50-44) reflétait l’écart de niveau entre les deux hommes.

Nizar Trimech au bout de lui-même
Brillant lors de sa première sortie en WSB face à Italia Thunder, le 9 mars, au Cannet, Nizar Trimech (-75 kg) avait vu logiquement le staff lui renouveler sa confiance. Le sociétaire du BC Vaulx-en-Velin s’est attaché à faire honneur à cette promotion en se montrant très volontaire contre le Hongrois Zoltan Harcsa. Il n’a en effet jamais cessé d’avancer tout en soignant ses préparations d’attaque avec son bras avant pour enchaîner dans la foulée. Percutant et prenant systématiquement l’initiative, il malmenait le Magyar, guère à son aise quand il s’agissait de reculer même s’il parvenait parfois à remiser. Mais, dans le troisième round, Zoltan Harcsa tournait davantage et subissait moins grâce à des uppercuts qui trouvaient leur cible. D’autant que si le Tricolore ne relâchait pas son pressing, il n’imprimait pas suffisamment de changements de rythme et se faisait surprendre à cause d’une garde insuffisamment hermétique. Il faisait néanmoins la différence dans les ultimes minutes de la confrontation en allant au bout de lui-même et en réussissant de nouveau à cadrer Zoltan Harcsa à bout de souffle. Sa détermination exemplaire était logiquement récompensée par les juges (46-49, 48-47, 50-45).

Samuel Kistohurry (-56 kg) faisait son entrée sur le ring animé des mêmes intentions pour recevoir la réplique de Peter Mc Grail, vainqueur du champion de France, Jordan Rodriguez, lors des récents championnats d’Europe espoirs. Très aérien, affichant de belles attitudes, le Français avait beau déployer sa fluidité gestuelle, ce n’était pas lui qui concluait les actions. Les mains souvent trop basses et ne décalant pas assez en sortie d’attaque, il se faisait systématiquement cueillir par le fausse-garde britannique, plus explosif et, surtout, plus constant dans l’effort. Certes, toujours aussi vif, le Girondin avait le tort d’accélérer trop sporadiquement et d’exclusivement miser sur son bras arrière. Des fulgurances insuffisantes pour espérer triompher de l’abnégation et de l’obstination de son rival, lequel tournait quand il le fallait et touchait à bon escient, en particulier de près. Avec, à la clef, un revers logique (49-46, 49-46, 49-46) au débit des visiteurs.

Hassan Amzile n’a pas réussi à prendre ses distances
Son équipe étant menée (2-1), Hassan Amzile (-64 kg) n’avait pas d’autre alternative que de dominer le battant organisé qu’est Conor Loftus. La stratégie de ce dernier était claire : étouffer le Rueillois et lui faire la guerre aux quatre coins du carré magique. Fort physiquement, le pugiliste de Leeds s’évertuait à empêcher le Francilien de s’organiser. Il y parvenait dès la deuxième reprise, le membre de la Team Solide ne réussissant pas à prendre ses distances pour placer son bras arrière. Quand bien même s’évertuait-il à boxer au maximum sur les jambes, il était davantage sur le reculoir qu’il ne tournait véritablement. Le plus souvent submergé et dépassé par la fougue de son adversaire, il se laissait trop coller pour être efficace dans ses remises et avoir suffisamment d’amplitude dans ses coups. Dans l’ultime opus, il déployait enfin ses longs segments et durcissait le combat. Un louable sursaut d’orgueil mais trop tardif pour lui permettre d’inverser la vapeur. Sa défaite (48-47, 48-47, 49-46) soldait celle des Fighting Roosters.

L’ultime duel opposait deux … Croates qui se connaissent sur le bout des gants, Alen Babic, côté Fighting Roosters, et Josip-Bepo Filipi, côté British Lionhearts. Le premier ne tardait pas à enclencher la marche avant et se montrait très généreux dans l’effort. Travaillant au corps et au visage, certes sans guère de variété, il prenait les devants avec ses crochets larges, envoyant son vis-à-vis sur les talons dans la première reprise avant de lui ouvrir sérieusement l’arcade sourcilière gauche dans la deuxième sur… un coup de tête involontaire. Bien qu’aveuglé par le sang et ne voyait pas tous les missiles arriver, Josip-Bepo Filipi faisait mieux que se défendre et offrait une très honorable résistance à son compatriote en tirant parti de sa supériorité technique. Néanmoins, inexplicablement, son coin n’avait pas la lucidité de l’arrêter d’autant qu’Alen Babic avait creusé un écart irrémédiable. Toujours est-il que le succès (49-46, 49-46, 50-45) de ce dernier, en dépit d’une nette baisse de régime, permettait aux Fighting Roosters, deuxièmes de la poule B, de s’incliner sur la plus petite des marges (3-2) et donc de marquer un point au classement. Un gain précieux dans l’optique d’une qualification de la franchie hexagonale pour les play-offs.
Par Alexandre Terrini
Mise en ligne par Olivier Monserrat-Robert
Crédit images - Karim de la Plaine