Pour sa première sortie dans l’Hexagone, la franchise française WSB a subi la loi des British Lionhearts, vainqueurs 3-2, jeudi 23 février, à Paris.

Sofiane Oumiha avec le président Martin lors de sa participation au CFA
La prestigieuse salle Wagram s’était parée de ses plus beaux atours pour accueillir de nouveau en son sein le noble art et, plus particulièrement, la franchise des Fighting Roosters de Brahim Asloum. Le décor fin XIXe avec ses colonnes et ses lustres à pampilles était étonnement moderne et en rien désuet pour recevoir en grande pompe, sous les ors, les hommes de John Dovi, directeur sportif de l’équipe. Le Président de la Fédération française de football, Noël Le Graët ; la triple championne du monde de judo, Gévrise Emane ainsi que son compère des tatamis et médaillé olympique, Cyril Maret ; l’ancien Premier ministre, Manuel Valls ; le hurdler néo-retraité, Ladji Doucouré ; le rappeur acteur Joey Starr ou encore, le nouveau Directeur de l’Insep, Ghani Yalouz avaient fait le déplacement pour voir à l’œuvre les Coqs combattants.
Premier à entrer en scène, Élie Konki (-52 kg) n’a pas réussi à se libérer face à Muhammad Ali. La faute à un manque de rythme, lui qui n’avait plus disputé de combat officiel depuis les Jeux. En dépit de quelques fulgurances, il n’a jamais été en mesure de réciter sa boxe fluide basée sur la rapidité gestuelle et les esquives. Au contraire, il a eu le tort d’accepter l’épreuve de force de près et de rester trop statique, au point d’être dominé en puissance par le Britannique, lequel a donné les coups les plus nets et pris l’ascendant en fin d’échange.
Jonathan Nacto admirable de vaillance
Pour lui succéder dans le carré magique, le nouveau champion de France amateur des -81 kg, Kevin Lele Sadjo. Fidèle à lui-même, le sociétaire de la WGA Saint-Maur a imposé un pressing constant, assénant pléthore de crochets larges au corps et au visage mais aussi des uppercuts, histoire de varier les plaisirs. Seulement, en face, Radoslav Pantaleev répliquait exactement dans le même registre et se révélait, de surcroît, solide encaisseur. Ce qui rendait les débats équilibrés, palpitants mais également incertains jusqu’à ce que le visiteur ne prenne l’ascendant physiquement à partir du quatrième round. Ses séries de coups cours au visage et ses droites plongeantes mettaient sous l’éteignoir le Français, incapable de changer de stratégie.
Menés deux victoires à zéro, les Fighting Roosters comptaient sur Jonathan Nacto (+91 kg) pour leur redonner espoir devant Frazer Clarke. Mais dès le premier coup de gong, l’Anglais, plus grand, exploitait ses longs segments à mi-distance et cueillait le Français de plein fouet. Précis et plus rapide, il paraissait prendre un avantage définitif jusqu’à ce que Jonathan Nacto refasse progressivement surface à partir de la fin du deuxième round grâce à ses droites en contre et en sortie de corps à corps. Admirable de vaillance, c’est lui qui se mit avancer et le sujet de Sa Gracieuse Majesté à reculer alors qu’émoussé physiquement, il éprouvait des difficultés certaines à boxer en tournant. Enfin libéré, l’ancien champion de France amateur maintenait son étreinte avant de… se déliter dans l’ultime opus. Frazer Clarke en profitait pour reprendre l’initiative et toucher lourdement le Français qui pliait, ne rompait pas et s’inclinait fort logiquement.
Sofiane Oumiha et Souleymane Cissokho sauvent l’honneur de la Patrie
Les dés étaient jetés car l’escouade tricolore n’était plus en mesure de refaire son retard. Sofiane Oumiha (-60 kg) fit donc son entrée contre Luke Mc Cormack pour l’honneur. Le vice-champion olympique fit parler autant son expérience que sa science du ring. Si son contradicteur du soir ne s’en laissa pas compter, il ne fut néanmoins jamais en mesure de mettre en danger le Toulousain, plus mobile et plus imprévisible dans sa capacité à toucher. Au fil des minutes, il s’est ailleurs joué du pressing de l’Anglais pour mieux le contrer, enchaîner et faire nettement la différence sur les bulletins des juges. L’honneur de la Patrie était sauf.
Il allait l’être davantage avec la prestation tricolore la plus aboutie de la soirée, celle de Souleymane Cissokho (-69 kg). Fidèle à lui-même, le Bagnoletais a en effet été étincelant contre Cyrus Pattinson. Sous les yeux d’un public tout acquis à sa boxe de styliste-battant, il a en a fait voir de toutes les couleurs au citoyen de la Perfide Albion. Son coup d’œil lui a permis de voir l’ouverture, tantôt de prêt, tantôt en remisant à mi-distance, et de passer des uppercuts ainsi que des directs du droit à profusion. Mobile et ayant cette capacité rare à boxer dans le temps, il a su également changer de stratégie en allant moins au contact quand son arcade sourcilière gauche se mit à saigner abondamment suite à un choc de têtes. Pas de doute, le capitaine des Fighting Roosters n’est vraiment plus très loin de son niveau olympique. « Je suis satisfait car c’était une belle réunion parisienne, se réjouissait Brahim Asloum, grand ordonnateur de cette soirée de gala. Les combats étaient très excitants. Le public a répondu présent. Il y a eu de l’engouement. Cela aurait été un succès total si nous avions gagné. » Heureusement, il reste le match retour prévu, outre-Manche, le 6 avril prochain.
Par Alexandre Terrini