Les Coqs n'ont pas fait le poids

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Il n’y a pas eu de miracle lors de la demi-finale retour des (WSB), le 25 mai, à La Havane. Les Cubas Domadores ont étrillé les Fighting Roosters (5-0), remportant trois des cinq combats au programme avant la limite.
 
 
En mouches, l’Espagnol Samuel Carmona était sans nul doute l’une des rares chances de victoire pour l’escouade française. Face au rugueux Damian Arce Duarte, davantage battant organisé enclin à avancer que styliste remiseur, l’Ibère faisait illusion l’espace de la minute initiale avant… d’enclencher la marche arrière.
 
 
 
 
De fait, le Cubain passait, lui, la surmultipliée et débordait souvent son adversaire dont la garde n’était pas irréprochable. Certes, l’activité du local ne masquait pas ses carences, en particulier son imprécision, sa difficulté à cadrer et son manque de fluidité gestuelle. Meilleur boxeur, Samuel Carmona l’était peut-être en valeur absolue mais dans le carré magique, il était loin de se montrer souverain. Trop avare de ses efforts, n’ayant, pour l’essentiel, que son uppercut en magasin, il acceptait de subir. Une stratégie d’autant plus dommageable que les rares fois où il accélérait, il parvenait à prendre l’ascendant et à toucher son rival. Mais il ne s’y résolvait guère et c’est Damian Arce Duarte qui finissait en roue libre, comme à la parade, pour apporter logiquement le premier point aux siens.
 
Morgan Ndong Zue à l’envie
 
Samuel Kistohurry (-56 kg) avait la lourde tâche de maintenir à flot les Coqs combattants en réalisant l’exploit de faire mordre la poussière au fausse garde Robeisy Ramirez, champion olympique des mouches à Londres puis des coqs à Rio. Rien que ça…
 
 
 
 
Il avait le mérite de ne pas être tétanisé par l’enjeu et de tenter crânement sa chance. Exploitant son allonge supérieure, il s’efforçait de donner son jab du bras avant de passer sa droite. Si son travail en ligne était louable, il en fallait bien plus pour surprendre le Cubain, à la fois plus explosif et plus varié mais aussi capable de délivrer des coups tout en désaxant. Ses combinaisons faites de crochets dédoublés et d’uppercuts au corps étaient un plaisir pour les yeux. L’Aquitain, ouvert à l’arcade sourcilière droite, ne sombrait pas, loin de là, et faisait même mieux que de la résistance. Cependant, Robeisy Ramirez, toujours en mouvement et alternant les zones de frappe, se jouait, par ses esquives, de ses combinaisons trop stéréotypées et l’emportait largement.
 
 
 
 
En super-légers, sur le papier, la confrontation entre Morgan Ndong Zue, néophyte en WSB, et Andy Cruz, champion du monde en titre, paraissait des plus déséquilibrée. La première minute le confirmait quand bien même le Français avait l’immense mérite d’avancer et de prendre l’initiative bref, de faire montre d’une envie éminemment respectable. Seulement voilà, il avait trop tendance à se jeter et était rapidement surclassé par le Cubain dont les esquives rotatives, les pas de retrait et les remises étaient, à eux seuls, une leçon de boxe. Ne parvenant pas à toucher son rival et se découvrant à l’excès en sortie d’attaque, le Tricolore encaissait de plein fouet les crochets d’Andy Cruz et était compté dès le premier opus. Son courage forçait l’admiration mais il n'avait techniquement pas les moyens de mener la vie dure au Latino qui le crucifiait d’une droite en contre à la pointe du menton dans la troisième reprise.
 
Savon dans sa bulle
 
Même si les Fighting Roosters étaient définitivement éliminés, il importait à Martin Owono (-75 kg), qui, lui aussi, effectuait ses grands débuts en WSB, de faire bonne figure contre Arlen Lopez, champion olympique à Rio après avoir sorti Christian M’Billi.
 
 
 
 
Très vite, on comprit que ce serait très compliqué. Nettement plus puissant, Arlen Lopez, qui se plaisait à changer fréquemment de garde, martyrisait d’entrée le foie et les flancs du Franco-camerounais avant de remonter à la face avec des séries des deux mains. Il ne délaissait pas non plus les uppercuts face au visiteur, comme à son habitude plein d’abnégation et mû pas un incontestable courage mais incapable de rivaliser. Dans la troisième reprise, il allait au tapis sur une droite en contre puis était de nouveau compté alors que le Cubain cherchait bien évidemment à en finir. Martin Owono était sauvé par le gong mais John Dovi et Mohamed Boulakhras avaient la sagesse de ne pas le laisser repartir à l’entame du quatrième round.
 
 
 
 
Dernier épisode de cette demi-finale, le duel de poids lourds opposant Sylvain Luce et Erislandy Savon, médaillé de bronze à Rio et champion du monde 2017. Le Normand avançait la tête en avant, sans jamais effectuer de rotation du buste et en n’étant, de surcroît, pas suffisamment prolifique : du pain béni pour le neveu de l’immense Felix Savon qui n’avait qu’à lâcher des uppercuts à foison pour ensuite enchaîner en crochet court. Le pressing exercé par le Tricolore ne l’était que pour la forme tant le natif de Guantanamo s’en jouait en acceptant de boxer en reculant et en tournant. Le Cubain faisait la différence avec ses jabs et ses directs du gauche qui débroussaillaient le terrain pour faire place à ses droites en piston. Qu’importe, Sylvain Luce en redemandait encore gaillardement, multipliant les invectives verbales pour ne pas dire les provocations à l’intention de son prestigieux opposant. Mais le vrai spectacle pugilistique était bel et bien du côté du Cubain qui, ne sortant pas de sa bulle, triomphait par jet de l’éponge dans l’ultime opus après que le Tricolore a été compté deux fois.
 
Par Alexandre Terrini
 
Mise en ligne par Olivier Monserrat-Robert
 
Crédit photos - Karim de la Plaine
 

 

 

 

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