Lele Sadjo ne s'arrete plus

Partager cet article sur 
Retour aux actualités

 

Rien n’effraie l’invaincu Français (13 v), pas même l’enjeu. Admirable de maîtrise, il a remporté, le 20 juillet, à Marseille, face à l’Argentin Walter Gabriel Sequeira (22 v, 6 d) sa treizième victoire avant la limite (KO 10e) pour autant de combats mais surtout le titre intercontinental WBA des super-moyens. Une sacrée performance.
 
Le Val-de-Marnais abordait le défi le plus relevé de sa carrière avec la maturité d’un vieux briscard. Et c’est peut-être, in fine, ce qui impressionnait le plus, davantage que ses allures de mini Tyson qui avance en multipliant les esquives rotatives du buste et en donnant accessoirement à voir sa sculpturale musculature. Ce qu’il y a de déconcertant chez le Francilien, ce n’est pas tant sa puissance que la manière appropriée dont il en fait usage.
Dès le coup de gong initial, il s’installait d’ailleurs en patron du ring sans, cependant, verser dans le moindre excès, qu’il s’agisse de précipitation ou de fougue. Extrêmement compact et les mains toujours bien hautes, il bloquait sans difficulté les assauts de son contradicteur. Et, tel un animal à sang froid, répliquait dès qu’une ouverture s’offrait à lui, sans se découvrir ni s’exposer à des contres adverses qui eurent forcément été périlleux. Et lorsqu’aucune brèche n’était en vue, il avançait placidement et imperturbablement en initiant un travail de sape, en particulier au corps, qui, l’air de rien, laminait le visiteur. D’une lucidité exemplaire et remarquable en dépit d’un parcours chez les rémunérés encore loin d’être conséquent, il ne se laissait nullement submerger par le vice du Latino qui avait tendance à s’accrocher dès qu’il était débordé, c’est-à-dire régulièrement.
 
 
L’ancien champion de France partisan du supplice chinois
 
Ce qui frappait surtout chez le Tricolore, c’était - et cela va de pair dans le carré magique - sa précision gestuelle et l’absence de déchet dans sa boxe. Quasiment aucun coup délivré pour rien, une variété technique appréciable, les uppercuts succédant aux crochets courts et aux directs du bras avant. Enfin, une aptitude à faire ce qu’il faut au bon moment. Sans compter des accélérations chirurgicales, jamais confuses. Et, au service de cette splendide panoplie dépourvue d’esbroufe, un cardio à toute épreuve, gage d’une lucidité constante.
Le natif de Buenos-Aires eut, une première fois, l’occasion de l’expérimenter lorsqu’il fut touché en bas et compté dans sixième reprise aux allures de chemin de croix. La domination de l’ancien champion de France amateur et professionnel ne faisait pas un pli. Ce qui ne l’incitait pas pour autant à brusquer les choses. Partisan du supplice chinois, il continua à marteler sous divers angles son vis-à-vis, jamais en mesure de rivaliser face à tant de force physique. Reculant et ne s’avérant guère capable de feinter pour créer un embryon d’incertitude, le Sud-Américain, fréquemment balloté, remisait de manière stéréotypée en abusant des crochets larges. Ce n’était pas comme ça qu’il eut pu espérer déstabiliser The Punisher qui portait l’estocade dans le dixième opus d’un crochet au foie d’école. La messe était dite. A l’énoncé du verdict, Kevin Lele Sadjo pouvait savourer l’ampleur du chemin déjà parcouru et regarder vers ce ciel empli d’étoiles qui lui tombait sur la tête pour le meilleur.
 
Alexandre Terrini
 

 

 

 

Découvrez aussi
crossmenu
linkedin facebook pinterest youtube rss twitter instagram facebook-blank rss-blank linkedin-blank pinterest youtube twitter instagram