Legrand comme prévu

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Vincent Legrand (27 v) n’a éprouvé aucune difficulté à reconquérir le titre européen vacant des mouches. Pour cela, il a aisément dominé aux points, à l’unanimité des juges (120-109, 120-108, 119-109), l’Espagnol Juan Hinostroza (7 v, 1 n, 9 d), le 28 avril, à Douai.
 
 
Les adversaires de Vincent Legrand savent à l’avance à quoi s’en tenir : il leur faudra casser la distance tant le longiligne (1,74 mètre) Nordiste possède une allonge démesurée pour la catégorie. L’Ibère s’y employa donc avec une certaine réussite car il arrivait que ses crochets larges et ses directs du bras avant atteignissent leur cible, au visage. Néanmoins, dans l’ensemble, c’est le Français qui prit prestement le contrôle des opérations. Plus rapide et plus précis, il débordait l’Ibère, lequel était perturbé par les changements de garde du Bruaysien. Le plus souvent en fausse garde, ce dernier passait des gauches plongeantes qui crucifiaient le visiteur. Son entraîneur de père, Joël, lui demandait en outre de travailler avec son bras avant pour ouvrir des brèches.
 
 
Après trois rounds à sa guise, le local commençait à quelque peu lâcher les chevaux, enchaînant plus franchement et appuyant ses frappes. Ses séries de deux ou trois coups suffisaient à lui conférer un avantage notable. Sa faculté à boxer en mouvement et en désaxant, aussi bien en avançant qu’en reculant, s’avérait précieuse et empêchait son rival du soir de le cadrer.
Cependant, on avait l’impression qu’il pouvait faire mieux et creuser l’écart en passant la surmultipliée. Mais par ses velléités offensives, certes souvent avortées, le Péruvien naturalisé espagnol imprimait un faux rythme au duel qui anesthésiait quelque peu le Tricolore, incapable de réellement accélérer. Et qui, pire, se faisait régulièrement surprendre défensivement, son paternel lui ordonnant maintes fois de monter les mains.
 
 Disputer au moins une demi-finale mondiale
 
Le Nordiste n’était jamais menacé mais au lieu de le voir tourner et esquiver, le public réclamait qu’il fût plus entreprenant, bref qu’il fît le spectacle. Mais le noble art s’accommode mal de prises de risque injustifiées d’autant que l’intéressé n’avait pas besoin d’en faire plus pour l’emporter sans discussion et accéder au toit de l’Europe. Alors, vaille que vaille, il se contenta du minimum syndical mais toujours dans un style académique et léché, avec un minimum de déchet. Il lui suffisait de déployer ses longs segments pour tenir en respect Juan Hinostroza qui, s’il continuait à avancer sans état d’âme, n’était pas assez varié et subtil dans ses assauts pour créer la surprise.
 
 
Résultat : le Nordiste triompha logiquement sans avoir été inquiété mais sans panache. Une fois au micro de SFR Sport, on sut pourquoi il brilla moins de mille feux qu’à son habitude : une douleur à la main survenue au sixième round l’empêcha de faire étalage de toutes ses capacités. « J’ai dû gérer car je ne pouvais plus mettre ma gauche, expliqua-t-il. J’étais donc forcément handicapé. Avec tout le travail que j’avais fait, je suis déçu de ma prestation. »
 
 
Rappelons que le champion d’Europe devait initialement rencontrer l’Anglais classé mondialement, Andrew Selby, avant que celui-ci ne déclare forfait, officiellement pour raisons médicales, officieusement parce qu’il avait beaucoup plus à perdre qu’à gagner dans l’Hexagone. Une victoire contre le Britannique lui aurait quasiment assuré une opportunité planétaire. Désormais, le Français aspire donc à disputer au moins une demi-finale mondiale. Sachant qu’à terme, il est question qu’il monte de catégorie car il doit de plus en plus s’employer pour faire le poids.
 
Par Alexandre Terrini
 
Crédits Photos ©Karim de la Plaine

 

 

 

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