La Bragarde (4 v, 1 d) est devenue championne de France des coqs, mi-décembre, à Nantes, en allant battre aux points, à l’unanimité des juges (77-75, 77-75, 77-75), la locale Mélina Ainaoui (1 v, 1 d). A l’aube de la vingtaine, voilà sa carrière idéalement lancée.
C’est forcément tout sourire que la pugiliste de Saint-Dizier revient sur la genèse de sa victoire aux allures de cadeau de Noël avant l’heure. « J’ai beaucoup misé sur l’attaque car le plus important était de ne pas reculer, raconte-t-elle. Au contraire, il fallait avancer dans la mesure où Mélina est une technicienne. Je voulais faire parler mon punch tout en montant les mains pour bloquer et enchaîner derrière, en variant les cibles et en exploitant la moindre ouverture. Ma niaque et mes frappes plus impactantes ont, à mon sens, fait la différence. »
Formée par Gérard Perriaux avant de rejoindre les rangs de Saint-Dizier Boxe 52, celle qui fut demi-finaliste des championnats de France juniors et quart de finaliste des CFA seniors connaît enfin la consécration nationale : « Ce titre de championne de France, je courais après depuis que j’étais en amateurs. J’ai travaillé de manière acharnée pour l’obtenir. Cette ceinture est un aboutissement. J’en suis fière et heureuse. A présent, j’aspire à la défendre et à la conserver le plus longtemps possible. »
L’intéressée, qui est, au quotidien, infirmière de bloc opératoire, a, en effet, la lucidité de laisser le temps au temps et de ne pas s’imaginer en découdre à un échelon que, de son propre aveu, elle n’a pas encore atteint. « Je n’ai pas le niveau européen, admet-elle sans ambages. Pour le moment, disputer un championnat EBU n’est donc pas d’actualité. Je n’ai que vingt-deux ans et ma marge de progression est énorme. Il faut notamment que j’améliore mes moyens de défense car il m’arrive de prendre des coups qui sont évitables. En fait, je dois progresser dans tous les domaines. »
Maïlys Gangloff, une sparring-partner de choix
Pour cela, elle possède une sparring-partner de choix en la personne de Maïlys Gangloff,… championne d’Europe des coqs. La Savoyarde a plusieurs fois mis les gants avec sa cadette. Un bon moyen, pour cette dernière, de s’étalonner et de mesurer le chemin qu’il lui reste à parcourir.
Quant à Mélina Ainaoui, elle digère d’autant moins sa défaite qu’elle n’est pas en phase avec le verdict. « Je ne suis pas du genre à me cacher derrière ce genre d’argument mais nous sommes très étonnés par le pointage, confirme Karim Benchaa, entraîneur de la vice-championne de France amateur 2021 des -54 kg. Ce résultat a un goût amer car nous pensons que Mélina a suffisamment fait le job pour gagner cinq rounds sur huit. Certes, il y a eu de l’imprécision dans ses coups. Beaucoup ont été délivrés dans les rangs. Néanmoins, c’est elle qui a donné le ton du combat alors que son adversaire ne touchait pas pour autant. Nous n’avions pas de stratégie précise. Mélina a été un peu timorée dans les deux premières reprises car elle manquait de ring mais, également, parce qu’elle cherchait en découdre à mi-distance. Or, cette configuration convenait à Clothilde Del-Ben. C’est pourquoi, nous avons changé de tactique en travaillant davantage en reculant et en désaxant, en particulier sur l’extérieur, et cela a plutôt bien fonctionné. A présent, nous aimerions que Mélina ait une nouvelle chance nationale. » A trente-cinq ans, le temps presse pour cet ingénieur chargé de mission économie d'eau au sein du Syndicat mixte de gestion pour l'approvisionnement en eau potable d'Ille-et-Vilaine.
