Après les ceintures nationale et WBC francophone des mi-lourds, le médaillé de bronze des JO de Rio (17 v, 1 d) s’est paré d’une troisième couronne, en l’occurrence du titre WBA Intercontinental. Pour cela, il a battu, par abandon à l’appel de la neuvième reprise, l’Espagnol Mustafa Chalioui (12 v, 2 n, 5 d), le 28 mars, à Lille.

Le Français, qui sortait de plusieurs semaines de préparation au Canada, où il avait mis les gants, sous la houlette de Stephan Larouche, avec Jean Pascal, ancien champion du monde WBC des mi-lourds, entamait les débats en (presque) vieux sage. Vigilant, la garde haute, ce qui n’est pas toujours son apanage, son direct du bras avant en action pour maintenir en respect et à distance l’Ibère et enfin, des accélérations opportunes et généreuses, histoire de planter les premières banderilles : le scénario était idéal.

De fait, le visiteur ne trouvait pas la solution et encore moins l’ouverture, n’arrivant pas à se rapprocher. Pour autant, il tentait crânement sa chance et se mettait à charger la tête un peu trop en avant. Qu’importe, le sociétaire du BC Héninois n’était nullement bouleversé dans ses plans. Mieux, il était en démonstration. Rapide de bras, ses enchaînements s’avéraient d’une remarquable précision et variés, ciblant d’abord les flancs pour, ensuite, remonter à la face. Fin tacticien, le Nordiste avait l’intelligence de ne pas accepter un mano a mano campé sur ses appuis au centre du ring. Plein de panache, il boxait, au contraire, avec classe, en reculant, ses pas de retrait n’altérant en rien son efficacité. Magistral de vista et de technique, il infligeait mille maux à son contradicteur, trop frustre pour être en mesure de rivaliser. Seul bémol, une main gauche un peu basse qui l’exposait trop fréquemment aux droites en contre de Mustafa Chalioui, lequel était, quant à lui, compté dans la troisième reprise après s’être laissé surprendre par un uppercut court.
De la maîtrise, de la confiance et un nouveau savoir-faire
A la mi-combat, Mathieu Bauderlique plaçait des combinaisons de plus en plus dévastatrices et, surtout, misait davantage sur son bras arrière conformément à ce que lui conseillait son coin. Le tout en ne délaissant pas les moyens de défense, les ruades de son opposant s’avérant toujours dangereuses. Très délié, souvent subtil dans l’ordonnancement de ses offensives, bref, faisant étalage d’un nouveau savoir-faire lui qui, jusque-là, se cantonnait fréquemment à des guerres de tranchées en misant sur sa puissance dévastatrice, le Tricolore resplendissait à n’en plus finir. A la fois empreint de maîtrise et de confiance, il délivrait de majestueuses séries de quatre ou cinq coups, sans se désunir gestuellement ni baisser de rythme. A la longue, le vaillant Espagnol n’en pouvait plus d’encaisser et se résolvait à renoncer.

Modeste dans la victoire, quand bien même celle-là était fort belle, le régional de l’étape se voulait mesuré au micro de RMC Sport : « Chaque combat est un apprentissage et une progression pour arriver au but final. » J’espère pouvoir briller à l’échelon européen. » Au vu de ce qu’il venait de montrer, nul doute que l’ancien membre de la Team Solide en a amplement les moyens.
Par Alexandre Terrini
Mis en ligne par Olivier Monserrat-Robert
Crédit images - Karim de la Plaine