"Le respect, je l'ai gagné"

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Battu par l’Américain Deontay Wilder samedi à Birmingham, en Alabama, par arrêt de l’arbitre après 55 secondes de combat dans la onzième reprise, le Picard Johann Duhaupas est rentré mardi en début d’après-midi à Abbeville chez sa mère, où nous l’avons rencontré.

Johann Duhaupas a encore envie de boxer « deux ans au maximum ». Photos Dominique Touchart

"Johann Duhaupas, vu le déroulement du combat, avez-vous des regrets ?

- Non, tout s’est bien passé hormis la défaite. Ma plus grande trouille, c’était de perdre rapidement et de donner raison à toutes les mauvaises langues. J’ai lu des commentaires horribles sur internet avant le combat et bizarrement, ils ont disparu. Le respect, je l’ai gagné et ces personnes ferment leur bouche.

- Quels genres de messages avez-vous reçu ?

- Des messages sur Facebook qui disaient que j’allais être K.-O. en deux rounds. Il y a des enfoirés. Je leur répondais que j’allais monter sur le ring pour leur prouver que je suis un homme. Quand tu rentres dans une salle où tu es sifflé et quand tu en ressors en étant ovationné, t’as tout gagné même si t’as perdu. Wilder frappait fort. Franchement, il avait deux marteaux dans les mains. Les images, c’est une chose mais les coups, c’est moi qui les prends et j’ai pris des coups de jus.

- Comment avez-vous résisté aussi longtemps ?

- Je me suis étonné car j’ai encaissé. Je l’ai dégoûté et il a dit que j’avais un menton en acier. Il était halluciné. Je pouvais encore tenir mais l’arbitre a décidé d’arrêter sagement au 11e round.

- Il a donc eu raison...

- Oui parce qu’il ne voulait pas jouer avec ma santé. C’est de sa responsabilité et cela a permis à Wilder de gagner avant la limite même s’il ne m’a pas envoyé au tapis. Wilder a dit beaucoup de choses avant le combat. Que s’il ne me battait pas avant la cinquième reprise, il arrachait sa licence. Toutes ces paroles, ils les ont ravalées. Il a demandé au public de m’ovationner. Il m’a respecté et il m’a remercié. Il m’a dit qu’il avait vu que cela ne suffisait pas de frapper fort et qu’il pouvait tomber sur des rocs.

- Pensiez-vous avoir une toute petite chance ?

- Oui sinon je ne me serais pas entraîné. Je l’ai fait pendant cinq semaines à fond parce que j’avais une petite chance de lui placer un coup et en fin de combat, il m’a manqué des semaines d’entraînement. C’est mon histoire. Il m’a toujours manqué un petit quelque chose mais j’ai prouvé que j’étais à la hauteur du niveau mondial et qu’avec des moyens, je peux faire encore mieux. J’ai surpris beaucoup de personnes et j’ai reçu de nombreux messages de soutien.

- Ce combat va-t-il vous ouvrir des portes ?

- Je le pense. Depuis 30 ans, il y avait eu peu de boxe sur la chaîne de télé, genre TF1, qui a retransmis le combat (ndlr : NBC, l’une des trois chaînes historiques aux Etats-Unis). Plus de 120 millions de foyers américains l’ont regardé. Ils ont adoré mon style et ma bravoure. Je pense qu’il y aura moyen d’aller boxer dans leurs réunions.

- Vous projetez-vous vers un championnat d’Europe ?

- On a le niveau. Je vais attendre deux mois et demi afin que ma blessure au nez se referme et se consolide. Je vais reprendre l’entraînement dans une dizaine de jours et on est déjà en train de travailler sur mes futurs combats. J’ai prévenu mon équipe. La gnac, je l’ai encore mais cela ne va pas durer. Encore deux ans au maximum car je sature.

- Attendez-vous toujours davantage de soutien ?

- Des combats comme celui-là, je n’en ferai pas tous les mois. D’accord, c’est beau ce que j’ai fait mais attention, le cerveau, il ramasse. Après le combat, il y a eu des tensions et on s’est mis d’accord. Je m’affirme et c’est fini le temps où je ne disais rien. C’est ça ou j’arrête. Humainement, ce que j’ai fait vaut le coup, mais pas financièrement. Je préfère me lever, aller bosser, rentrer chez moi, profiter de ma famille, voir ma femme en ne prenant plus de risques. Je veux bien en prendre mais cela doit valoir le coup. Disputer un championnat d’Europe et pourquoi pas avoir une chance mondiale d’ici deux ans en fin de carrière. Tout est possible vu ce que j’ai fait. Il faut que je travaille dans de meilleures conditions. Je veux bien continuer mais avec des moyens, sinon ce n’est pas la peine, il va toujours me manquer un truc pour gagner.

- Quelle image forte allez-vous garder ?

- La haie d’honneur du public après le combat. Tous les spectateurs étaient debout jusqu’aux vestiaires. C’était incroyable car c’est la première fois que je perds en ayant l’impression d’avoir gagné".

Propos recueillis par Rachid Touazi

Source : Courrier Picard

 

 

 

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