Les finales des Championnats de France amateurs (CFA) féminins ont donné lieu, samedi 11 février, à des confrontations intenses, souvent indécises et, dans l’ensemble, de bonne facture. De quoi démarrer cette nouvelle olympiade sous les meilleurs auspices mais s’il reste bien sûr du travail. Toutes les finalistes ont d’ailleurs été convoquées par l’entraîneur national, Anthony Veniant, à un prochain stage d’évaluation.

Ce rendez-vous était en quelque sorte un clin de l’œil de l’Histoire puisque, rappelons-le, la première édition de cet événement avait eu lieu, en 1999, déjà en Seine-Maritime, à Petit-Couronne. Près de deux décennies plus tard, la boxe féminine n’en est plus à ses balbutiements. En témoigne la salle Magic Mirros pleine à craquer, garnie de 800 spectateurs à l’état d’esprit irréprochable. Surtout, la soirée avait les honneurs de la télévision, en l’occurrence de France Ô qui a retransmis la réunion en direct et en exclusivité.


Un succès à mettre à l’actif d’un binôme complémentaire de deux co-organisateurs : le comité régional de Normandie qui s’est porté garant financièrement et le club Don’t Panik Team qui a notamment assuré toute la dimension logistique. La promotion en amont avait en outre porté ses fruits puisque l’acteur-réalisateur Mathieu Kassovitz, qui tourne un fil consacré au noble art et intitulé Sparring, avait fait le déplacement tout comme l’idole locale du pieds-poings, Jérôme Le Banner, ou encore, l’ancien champion du monde WBA des super-légers, Souleymane M’Baye.

Wassila Lkhadiri
Sur le ring, aucun manque d’engagement n’a été à déplorer. En -51 kg, Wassila Lkhadiri a été le première à être sacrée aux dépens de Clémence L’Héritier. Plus expérimentée et plus complète techniquement, la Hyéroise s’est relancée et a fait le plein de confiance. La ceinture lui a été remise par son ancienne rivale dans la catégorie, la vice-championne olympique Sarah Ourahmoune. Tout un symbole.

Delphine Mancini
Le duel le plus serré est sans doute à mettre à l’actif de Delphine Mancini et de Mona Mestiaen en -54 kg. Comme l’année dernière, la Francilienne a eu les faveurs des juges grâce à sa plus grande activité, elle qui n’a eu de cesse d’avancer et de multiplier les crochets courts des deux mains. Mais il s’en est fallu de peu pour que la Nordiste ne s’adjuge ce mano a mano car dès lors qu’elle s’est mise à donner son bras avant pour boxer à mi-distance, elle a fait parler sa puissance.

Maily Nicar
Autre choc très attendu, celui qui a vu la victoire de Maily Nicar face à Erika Guerrier en -69 kg. Enchaînant davantage tout en étant précise, en particulier en contre, la pensionnaire du Boxing Beats Aubervilliers a également remisé à bon escient pour endiguer les assauts de l’Istréenne. Très volontaire, la Sudiste n’a pas démérité mais elle a surtout pâti de son manque de compétition, elle qui revenait de blessure.
Amina Zindani vainqueur à l’applaudimètre et entre douze cordes
L’opus 2017 des CFA féminins a également vu le retour au premier rang de Gihade Lagmiry (-64 kg) qui, en septembre dernier, a décidé de reprendre du collier pour voir... Médecin urgentiste et bientôt Praticien hospitalier (PH), la Tourangelle a fait parler sa puissance devant Mariam Sidibe qui a baissé pied physiquement à la mi-combat. Alors qu’elle avait trouvé la solution en tournant et en donnant sa droite en piston, l’Asniéroise est ensuite restée dans l’axe et s’est montrée trop perméable défensivement. Fatal devant la quintuple championne de France, désignée meilleure boxeuse de la soirée.

Gihade Lagmiry
Autre ressuscitée, Sofia Nabet (-57 kg), désormais remise d’une grave blessure au dos qui l’avait tenue éloignée du carré magique trop d’années durant. La Berjalienne a néanmoins dû s’employer pour venir à bout de la boxe fluide et en ligne de Coletivi Yetongnon. Pour cela, elle a durci les débats et effectué un travail de sape qui a fini par payer.

Sofia Nabet
Quant à Sabah Ghades, elle a vaincu le signe indien en triomphant de la tenante, Cassandra Crèvecœur, en -48 kg. Trois fois demi-finaliste de l’épreuve, l’Alsacienne a longtemps cru qu’elle ne franchirait jamais l’ultime marche. Mais elle en a fait un peu plus que la Calaisienne et a exploité son allonge supérieure afin de s’octroyer une victoire d’une courte tête et de s’autoriser à rêver en bleu.

Sabah Ghades
Enfin, à tout seigneur tout honneur, la locale de l’étape, Amina Zindani (-60 kg), l’a emporté à l’applaudimètre et entre douze cordes aux dépens de Sedia Sanogo, débordée pendant quatre rounds par le pressing, la vitesse de bras et les séries de la sociétaire du Don’t Panik Team dont le premier mérite a été de savoir gérer la pression qui pesait sur ses épaules.

Amina Zindani
Par Alexandre Terrini
Mise en ligne par Olivier Monserrat-Robert
Crédit photos : Eric Balendent