Hassan N’Dam : « Je me suis senti redevable vis-à-vis du personnel médical »

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L’ancien champion du monde WBA des moyens, qui prépare actuellement son DEJEPS mention boxe, s’est investi à sa manière pour apporter du réconfort au personnel médical mobilisé contre la pandémie de coronavirus.

Vous avez été contaminé par le coronavirus…

Oui mais je vais bien d’autant que j’ai été porteur du virus en étant asymptomatique. Je n’ai en effet développé aucune caractéristique de la maladie, ni fièvre ni perte de goût ni problème cardiaque etc. Je n’ai rien eu de tout. J’ai même pu continuer à m’entraîner sans avoir le moindre problème respiratoire.

Ce qui n’a pas été le cas de tous vos proches…

Non, malheureusement. Si mon beau-frère et ma belle-mère n’ont rien eu, en revanche, ma femme, elle, a eu une gêne respiratoire qui a fini par passer. Surtout, mon beau-père, qui a soixante-dix-huit ans et qui est un ancien boxeur, lui, a vécu le pire.

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II a vraisemblablement contracté le Covid-19 en prenant les transports en commun. Comme il est de la vieille école, il n’a pas voulu se déplacer autrement… Avec ma femme, nous habitons Le Cannet mais nous n’avions pas voulu rester seuls pendant le confinement. Nous avions donc fait le choix de nous confiner chez ma belle-famille, dans le Val-de-Marne.

A ce moment-là, mon beau-père était en phase d’incubation et ne présentait aucun signe de la maladie. Il l’a développée progressivement. Il a d’abord eu beaucoup de fièvre puis des problème respiratoires. Lui, qui est d’habitude très actif, a perdu toute vitalité et même son autonomie car il n’arrivait plus à bouger. Le Samu est venu et l’a pris en charge en lui donnant immédiatement de l’oxygène. Il a été transféré à l’hôpital de Villeneuve-Saint-Georges. Là, on a détecté que son cœur avait été touché et qu’il faisait en quelque sort des mini-infarctus. Ce qui empêchait d’ailleurs qu’on lui administre de la chloroquine. L’équipe médicale a été exemplaire. Elle nous tenait informés quotidiennement de tout, que ce soit du traitement ou de l’évolution de son état de santé alors qu’à un moment, nous avons cru que nous allions le perdre car son besoin en oxygène ne faisait qu’augmenter.

Il s’est battu contre la maladie au point d’éviter d’aller en réanimation. Lorsque c’est allé au mieux, il a été placé dans un service de rééducation pour se refamiliariser avec les gestes du quotidien, ne serait-ce que réapprendre à marcher.

« Une manière de revisiter les apprentissages de la discipline »

Cet épilogue heureux vous a incité à donner de votre personne en guise de remerciement…

Oui. Ma démarche a été très naturelle. Je me suis senti redevable vis-à-vis du personnel médical de l’hôpital parce qu’en dépit de son âge, il a traité mon beau-père comme un jeune. Quand on regardait la télévision, on avait le sentiment que passé soixante-dix ans, on mettait moins de choses en œuvre pour sauver les gens et que l’on affectait tous les moyens disponibles pour les adultes encore actifs. Mon beau-père, lui, a bénéficié de tous les soins possibles. J’ai donc voulu apporter ma pierre à l’édifice en offrant des moments de détente et de décompression aux soignants, lesquels en avaient vraiment besoin tant ils sont sous pression.

Comment ?

En partageant, une fois que je n’ai plus été contagieux, ma passion de la boxe avec l’ensemble des personnels soignants ou pas de l’hôpital de Villeneuve-Saint-Georges. Pour cela, j’anime des séances de trente minutes avec, au maximum, deux personnes et ce, à raison de cinq modules quotidiens les lundis, mardis, jeudis, vendredi et samedi. Le tout a été formalisé dans le cadre d’une convention de bénévolat qui court du 27 avril jusqu’au 30 mai. Les règles sanitaires sont scrupuleusement respectées puisque tout le monde porte un masque. Par ailleurs, les gants de boxe sont systématiquement désinfectés et enfilés avec des gants en latex pour qu’ils ne soient pas imprégnés de transpiration. Chacun a son objectif : certains viennent pour découvrir la discipline, d’autres pour se défouler ou appréhender les sensations que l’on peut éprouver sur un ring. Le but est de déceler les besoins des uns et des autres mais toujours en garantissant une pratique sécurisée et en faisant en sorte d’instaurer de la confiance en soi. C’est pour cela que les exercices n’ont lieu qu’avec moi, à tour de rôle, mais jamais entre les deux participants. C’est très intéressant car il m’a fallu imaginer une pédagogie différente à l’adresse de ce public particulier. Les échanges sont extrêmement riches. L’opération est un succès, peut-être parce que j’ai réussi à faire en sorte de placer les élèves dans la peau d’un boxeur. J’insiste notamment sur la coordination des coups, la capacité à analyser diverses informations durant chaque phase défensive ou offensive, les fondamentaux du noble art, la prise d’initiative en situation de combat contre moi en se livrant sans retenue etc. Pour eux, c’est très nouveau et même surprenant. Et, pour moi, c’est une manière de revisiter les apprentissages de la discipline qu’avec le temps, on a tendance à oublier.

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