Le médaillé de bronze des Jeux de Rio (13 v) s’est donc paré du deuxième titre de sa carrière chez les professionnels, en l’occurrence de la ceinture WBA intercontinentale des super-welters. Pour cela, il a dominé aux points (92-97, 96-93, 95-94) l’Anglais Kieron Conway (16 v, 1 n, 2 d), le 8 mai, à Arlington, aux USA. Une étape supplémentaire vers un championnat du monde.
« L’histoire, on l’écrira ensemble », pouvait-on lire, ponctué d’un cœur, sur le compte Tweeter de Souleymane Cissokho au lendemain de son probant succès. Le partage, le goût des autres, la générosité, l’intelligence : l’homme est aussi fort que le boxeur. Sauf que l’on préfère côtoyer le premier qu’affronter le second…
Des jabs chirurgicaux d’une pureté d’école
Sa performance au Texas, devant 70 000 spectateurs, en sous-carte du championnat du monde des super-moyens entre le Mexicain Canelo Alvarez et l’Anglais Billy Joe Saunders, a encore été à la hauteur de ce que l’on attendait. Et pourtant, ce n’était pas acquis d’avance. Non pas que l’on doutait de ses qualités mais cet environnement exceptionnel pouvait, quoi que l’on en dise, être quelque peu inhibant. Et puis à voir les deux hommes dans le carré magique, on avait le fâcheux sentiment qu’ils ne figuraient pas dans la même catégorie dans la mesure où Kieron Conway paraissant nettement plus corpulent et accusait pas loin d’une dizaine de kilos de plus que notre Frenchie.
Néanmoins ce dernier, bien que plus petit que son rival, ne s’interdisait nullement d’occuper d’emblée le centre du ring et d’avancer. Il le faisait avec prudence et précision, en entamant les hostilités par un travail du bras avant, ses directs du gauche et ses jabs chirurgicaux étant d’une pureté d’école. A ce stade, ses enchaînements étaient encore limités dans un souci évident de ne pas prendre de risque en s’exposant. Néanmoins, ses combinaisons gauche droite passaient et le Bagnoletais veillait à esquiver ou à effectuer un pas de retrait dans la foulée pour ne pas se faire toucher en sortie d’action. Plus rapide et plus délié que son contradicteur, il prenait l’ascendant lentement mais sûrement même si sa chevauchée ne se résumait pas un cavalier seul dans la mesure où l’opposition était tout de même relevée.
« Il me manque encore quelques petites expériences »
Par sa mobilité et ses déplacements variés, l’ancien capitaine de la Team Solide empêchait Kieron Conway de le cadrer. Lequel peinait en effet à déclencher à la bonne distance d’autant que sa boxe plus stéréotypée et prévisible n’avait pas grand-chose pour surprendre le Francilien. Sauf dans le neuvième round où l’une ses rares initiatives réellement inspirées, en l’occurrence un uppercut du gauche dédoublé, contraignait Souleymane Cissokho à mettre très lucidement un genou à terre. Il n’avait pourtant pas pâti d’une saute de concentration ni commis de faute défensive puisque ses mains étaient alors bien hautes. Simplement, le bout du pouce du Britannique avait ripé sur l’œil du Tricolore. L’Anglais se déchaînait dans l’espoir vain d’en finir mais le Français, bien protégé derrière sa garde, bloquait les assauts, laissait passer l’orage et finissait comme il avait commencé : en faisant valoir sa classe supérieure et son aisance gestuelle, s’offrant même le luxe d’accepter l’épreuve de force. Quand talent rime avec panache et… horizon éclairci.
« Ce succès va me faire monter dans le Top 10, pouvait savourer le vainqueur du jour. Elle montre que je ne suis pas très loin du très haut niveau. Il me manque encore quelques petits combats, quelques petites expériences et derrière, on va aller chercher ces ceintures. » Mondiales, serait-on tenté d’ajouter car ce n’est pas un secret, s’il se sent encore trop juste en terme de vécu et non pas sur le strict plan pugilistique pour disputer un championnat planétaire, l’élève de Virgil Hunter espère bien avoir une telle opportunité en 2022.