L’Isérois d’adoption (4 v) est devenu champion de France professionnel des plumes en battant, par arrêt de l’arbitre (2e), Anthony Auffray (5 v, 1 n, 3 d), le 31 juillet, chez lui, à Bourgoin-Jallieu. Assurément un nouveau départ à vingt-quatre ans.
Le championnat de France
« Dans le premier round, je suis resté à distance et je n’ai quasiment pas pris de coups," raconte Jordan Rodriguez. "Dans le deuxième, je suis allé chercher Anthony en bas car je savais que c’était là qu’il était un peu fragile. Sur un uppercut au foie, il s’est plié et j’ai enchaîné par des séries corps-face. Dans la mesure où il était dans l’incapacité de répondre pendant une vingtaine secondes, il a été stoppé par l’arbitre. Comme il a la réputation d’avoir une frappe assez lourde, le but était de le maintenir à distance durant les reprises initiales et, ensuite, de délivrer des coups puissants tout en variant mes attaques. »
Les JO de Tokyo
« La frustration de ne pas être allé aux Jeux de Tokyo est passée depuis un moment. J’étais en concurrence avec Samuel Kistohurry mais je me suis blessé. J’ai eu une élongation de grade 4 du tendon d’Achille et le syndrome de l’essuie-glace au niveau du TFL (muscle tenseur du fascia lata) du genou du droit. Cela a nécessité six mois de repos, de juillet à décembre 2019. En outre, je n’avais pas été performant avec l’équipe de France car j’avais plein de soucis en tête et j’étais confronté à des problèmes personnels et familiaux. Au final, j’avais logiquement perdu ma place et pris vingt-sept kilos. Puis, je me suis relancé en vue des Championnats de France amateurs (CFA) 2020. Je suis redescendu à cinquante-sept kilos. J’ai remporté les CFA et terminé troisième d’un tournoi international mais, parallèlement, Samuel s’est qualifié au TQO de Londres… C’était mon destin. J’ai accepté la chose comme il se doit. A présent, j’ai tout réglé et je commence vraiment à reprendre du plaisir à boxer. Cela va bien. Je suis bien dans ma tête, je suis bien chez moi, je suis bien entouré. »
Le passage dans les rangs professionnels
« Le coronavirus a tout cassé et m’a contraint à rester inactif pendant près d’un an. J’ai signé ma première licencie pro au début année. Depuis, j’ai disputé quatre combats. C’est mon club, le Ring Berjallien, qui les organisés avec l’aide de mon matchmaker, Frank Haroche Horta. Actuellement, je suis en négociation avec un promoteur. Cela devrait se conclure en septembre prochain.
Je savais que la boxe pro pourrait me faire bien et me permettre de retrouver mes sensations. Même si j’ai effectué un travail d’assise et de puissance, je me suis efforcé de conserver un style amateur dans le sens où, sur le ring, je continue de beaucoup esquiver, de mettre du rythme et de la vitesse dans mes enchaînements et, parfois, de boxer les mains basses sur le coup d’œil. L’idée est d’avoir une boxe qui soit, si je puis dire, pour moitié amateur, et, pour moitié, professionnelle.
Par ailleurs, j’avais passé cinq ans en équipe de France, à l’Insep, et je voulais retourner chez moi, dans ma ville de Bourgoin, pour me ressourcer. Je m’épanouis vraiment en pros. J’ai, en outre, la chance d’avoir un staff qui est focalisé sur moi. Ici, j’ai mon coach, mon préparateur physique, mon kinésithérapeute… Mon entraîneur est toujours Papou Ouajif qui est mon père spirituel. J’ai habité chez lui, il m’a éduqué… Nous avons une relation très fusionnelle. »
L’avenir
« Être champion de France professionnel était une étape obligatoire pour monter dans les classements mais aussi vis-à-vis du public. A présent, le but est de défendre ma ceinture au moins une fois et de faire un dix round et, ensuite, de passer à l’échelon supérieur si j’ai la possibilité de disputer une ceinture internationale francophone où le titre de l’Union européenne. Dans ma tête, j’ai le niveau pour ça. Même si, sur le plan technico-tactique, il y a toujours du travail, je me sens prêt.
Parallèlement, je suis en formation pour devenir cuisinier dans la restauration. Samuel Suissa, le Président de mon club, possède en effet plusieurs restaurants gastronomiques. J’ai ainsi la chance de bénéficier d’horaires aménagés afin de pouvoir préparer comme il faut chaque échéance sportive. »