Le 9 décembre, à Roland-Garros, Tony Yoka (11 v, 3 d) s’est incliné, par décision partagée (96-94, 96-94, 94-96), devant le Belge Ryad Merhy (33 v, 2 d). Il s’agit de son troisième échec de rang. La suite de sa carrière s’inscrit évidemment plus que jamais en pointillés.
Le Français entamait les hostilités à l’évidence très crispé. Son coach, Don Charles, lui intimait l’ordre de lâcher les chevaux - « Let’s go ! » - et de donner son jab mais son protégé n’y parvenait guère. Le visiteur, lui, n’avait aucun état d’âme et entrait sans complexe dans le combat en délivrant des séries de deux ou trois coups, en premier lieu au corps avant de remonter au visage. Il se montrait à la fois puissant et rapide de bras. Quant au Tricolore, il prenait de plein fouet des droites sans broncher et était dominé dans les échanges.
Très explosif, son contradicteur se révélait, pêle-mêle, plus entreprenant, plus incisif et plus impactant, martyrisant à satiété les flancs du Francilien qui reculait en dépit de ses uppercuts en remise, lesquels n’ébranlaient en rien Ryad Merhy. Ce dernier en souriait. Il avait, au demeurant, la lucidité de se montrer patient pour mieux bloquer et dégainer quand il le voulait en avançant. Don Charles enjoignait l’Yvelinois d’enchaîner sur le mode « bam, bam, bam » et de ne pas attendre son contradicteur. Malheureusement, le moteur de son élève restait bridé. Et même grippé tant il encaissait stoïquement les crochets lourds du Belge, en particulier des droites dévastatrices derrière les gants.
Tétanisé par la peur d’être sanctionné par une nouvelle défaite cette fois fatale
Le champion olympique était censé user de son direct du gauche et de son allonge supérieure pour maintenir le pugiliste d’outre-Quiévrain à distance. Il n’en était rien, si bien que son rival n’éprouvait guère de difficultés à s’approcher, à toucher et à empêcher le Français de déployer ses longs segments. Bien trop timoré, peut-être tétanisé par la peur d’être sanctionné par une nouvelle défaite cette fois fatale, l’Artiste ne se libérait nullement et subissait en dépit sa vaillance. « Tu te fais endormir. ! Il faut y aller ! Sois méchant et agressif ! C’est maintenant qu’il faut durcir et montrer que tu es le patron ! Tu n’es pas en avance ! Tu n’as plus le choix ! », lui hurlait, à raison, Brahim Asloum. En vain car le Tricolore en était bien incapable comme si le moral - l’envie diront certains - n’y étaient plus. Comme si le ressort était définitivement cassé. Dans ces conditions, les bulletins des juges ne pouvaient qu’acter l’étendue des dégâts et une Conquête qui a très vraisemblablement tourné court.