La FF Boxe a organisé, le 8 janvier, à Roland-Garros, la Cérémonie des champions. Une manière de boucler la boucle de la précédente olympiade et de lancer la nouvelle sous le double sceau de la cohésion et de l’optimisme raisonné.
Le 7 mai dernier, la Fédération avait déjà organisé, dans les entrailles du court central Philippe Chatrier, une conférence de presse de présentation des huit heureux élus en lice aux JO de Paris. Symboliquement, elle a choisi le même lieu pour rendre hommage à ceux qui ont brillé au cours de l’année écoulée.
Comme l’a rappelé, en préambule, Dominique Nato, l’objectif était de « valoriser les trois médaillés qui nous ont fait vivre de magnifiques JO mais aussi ceux qui y ont participé ainsi que nos jeunes espoirs car la boxe ne s’arrête pas à 2024». « Tout le monde a bien bossé », cependant,a averti le Président de la FF Boxe, l’objectif est, à présent, de « répéter la logique de 2024 avec nos jeunes talents mais aussi avec certains qui étaient à Paris, sachant que nous ferons tout pour être toujours une discipline olympique en 2028 ». « Les Jeux sont vraiment indispensables à la boxe », a renchéri Brahim Asloum.
Dominique Nato a également tenu à « mettre en lumière le travail continu effectué avec les entraîneurs de club » tout en insistant sur le soutien des « partenaires indéfectibles » que sont l’État, l’Agence nationale du sport (ANS) et l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (Insep). Yann Cucherat, manager général de la haute performance au sein de l’ANS, et Fabien Canu, Directeur de l’Insep, étaient, au demeurant, présents.
« On peut se permettre d’envisager l’avenir avec optimisme »
On l’aura compris, le fil rouge de la soirée, animée par Jean-Philippe Lustyk, était d’associer, outre ceux qui ont porté haut, entre seize cordes, les couleurs de la Patrie, ceux qui ont concouru, chacun à leur niveau, aux performances des pugilistes tricolores.
« L’excellence, la persévérance, le travail, la rigueur et la discipline, sont des qualités dont ont fait preuve la majorité de nos athlètes », a souligné le Directeur technique national, Mehdi Nichane, qui a officiellement été reconduit dans ses fonctions. A ses yeux, « on peut se permettre d’envisager l’avenir avec optimisme » à l’heure de « mettre en avant la génération prometteuse, ceux qui sont à la fois le présent et le futur de la discipline » et qui se sont illustrés, ces derniers mois, lors des grands championnats réservés aux catégories jeunes.
Le DTN a, lui aussi, loué « les hommes de l’ombre qui ne sont pas toujours considérés à leur juste valeur » que sont « les entraîneurs de club. Ils posent les premières bases solides et font grandir leurs athlètes au sein de leur structure, tant sur le plan sportif qu’en tant qu’individus ». Dernière pièce de l’édifice, « l’ensemble du staff fédéral qui guide, avec son expertise, les athlètes sur la scène internationale et dont les efforts sont la force motrice qui leur permet de briller ».
« Une olympiade et une équipe exceptionnelles »
S’en est suivi, sur l’estrade, le défilé des sportifs qui, tous, se sont distingués par la sincérité et l’authenticité de leurs mots. Certains étaient accompagnés de leur coach, tels Abadilla Hallab (Le Labo), Emmanuel Dos Santos (BC de Garges), Stéphane Teresi (BC Niçois) ou encore, Joël Narcam (Spuc Pessac).
Médaillé de bronze à Paris, Djamili Aboudou Moindze a dit combien sa vie a changé, « la reconnaissance » dont il est désormais l’objet et son souhait de disputer les Jeux de 2028, à Los Angeles. Une échéance qui est aussi dans le viseur de Billal Bennama, argenté dans la Capitale et qui a « toujours comme objectif de remporter l’or olympique », conscient qu’il en a « les capacités ». Conviées à la fête après avoir défendu leurs chances, cet été, sans pour autant s’être hissées sur le podium, Wassila Lkhadiri, Amina Zidani et Davina Michel ambitionnent, toutes trois, une consécration sur la côte ouest américaine, dans trois ans. La première a parlé « d’un parcours magnifique avec des personnes merveilleuses autour (d’elle). La deuxième a pointé « une olympiade et une équipe exceptionnelles ». La troisième, elle, a avoué « ne pas avoir vraiment de regret car on apprend toujours de ses échecs et l’on rebondit ». Vrai.
Puis, ce fut au tour de la relève d’être appelée sur scène. Tous étaient heureux d’être là, sans fard ni faux-semblant. Vice-championne du monde et championne d’Europe junior, Maloé Teresi a évoqué les épreuves du bac qui l’attendent dans quelques mois. Une formalité pour cette tête bien faite. Également médaillé mondial en juniors, Djamel Djemmal entend, à présent, réussir la transition chez les seniors. Ce qu’ont parfaitement su faire Sthélyne Grosy, championne d’Europe U23, qui a expliqué combien pour elle « la confiance vient avant tout avec l’expérience, le travail et l’équipe qui m’entoure ». Yojerlin Cesar, lui, a récemment remporté son second titre continental de rang en U23. Une consécration qui, a-t-il admis, l’a aidé à « rebondir après (son) échec à l’issue du parcours de qualification olympique et (lui) a redonné confiance et de l’espoir ». Quant à Christopher Hippocrate, âgé de dix-huit ans mais déjà… douze saisons de boxe au compteur et troisième de l’Euro U23, il aspire, tout naturellement, à « remporter de plus belles médailles ». Enfin et même s’il fait figure d’ancien, Samuel Kistohurry a encore le feu sacré pour « faire de grande choses en amateurs et en professionnels ».
« On fait notre job avec de belles personnes »
Respectivement entraîneurs nationaux responsables des filières féminine et masculine, Stéphane Cottalorda a affirmé, avec pudeur, que « l’on fait notre job avec de belles personnes » tandis que pour Malik Bouziane, « c’est un honneur d’avoir fait ce que l’on a fait même s’il nous a manqué l’or ». Les membres des staffs - entraîneurs fédéraux, préparateurs physiques, kinésithérapeutes, responsable de la cellule d’analyse de la performance etc. - ont logiquement été récompensés.
Le tableau d’honneur eut été incomplet si Philippe Denis, cheville ouvrière du tournoi olympique qu’il a chapeauté de bout en bout sans la moindre anicroche, tout comme il l’avait déjà fait avec le TQO de Villebon, à la veille de Jeux de Tokyo, n’avait pas, lui aussi, figuré parmi les lauréats du jour pour l’ensemble de son œuvre.
Le moment le plus impromptu mais ô combien émouvant a été la clôture de l’événement lorsque Tony Yoka, visiblement apaisé après de longs mois de déconvenues sur le ring, a offert sa médaillé d’or des Jeux de Rio à l’entraîneur de l’équipe de France, Mariano Gonzalez Cosme, qu’il considère comme « un second père ». Le « merci » qui se lisait sur les lèvres du champion du monde et olympique amateur, au moment d’étreindre son mentor, trahissait une gratitude non feinte, celle qui a présidé de bout en bout à ce moment de partage.