La boxe oui, l'AIBA non

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La boxe sera bien au programme des Jeux de Tokyo mais pas sous la houlette de la Fédération internationale de boxe amateur (AIBA), laquelle est suspendue par le CIO et, par voie de conséquence, ne sera donc pas en charge de l’organisation des deux tournois olympiques, masculin et féminin.
 
La recommandation du CIO est tombée le 22 mai et s’apparente quelque peu à un jugement de Salomon. A noter que sur le strict plan du formalisme, elle doit encore être validée par la session du CIO qui se tiendra du 24 au 26 juin, à Lausanne. Une approbation qui ne fait, pour le moins, guère de doute. Reste qu’il s’agit là d’une fâcheuse première dans la mesure où l'AIBA, créée en 1946, va donc devenir, sauf improbable retournement de situation, la première fédération internationale à être privée de l'organisation de sa propre discipline aux JO.
Pour en arriver-là, la commission exécutive du CIO a statué sur la base du rapport d'une commission d'enquête présidée par Nenad Lalovic, par ailleurs Président de la Fédération internationale de lutte, et chargée de mener une enquête sur les dysfonctionnements qui affectent l'AIBA. Résultat : « De sérieux problèmes de gouvernance demeurent, notamment des violations de la Charte olympique et du Code d'éthique concernant la gouvernance et l'éthique, entraînant des risques sérieux sur le plan légal, financier et pour la réputation du CIO, affirme ledit rapport. Une telle accumulation de risques justifierait la suspension de la reconnaissance de l'AIBA en tant que fédération internationale par le CIO. »
 
©Karim de la Plaine
 
L’AIBA « prend note »
 
Redoutant plus ou moins une telle issue, l’AIBA avait déjà tenté d’arrondir les angles en prenant soin d’avertir que contrairement à ce qu’elle avait initialement envisagé, elle ne contesterait pas en justice une décision du CIO qui lui serait défavorable. De fait, à l’annonce de cette dernière, elle a plutôt fait profil bas. Dans un communiqué, elle explique en avoir « pris note » et vouloir obtenir « une clarification ». Surtout, elle entend ne pas opter pour un durcissement de ses positions ni pour la stratégie du conflit ouvert et frontal. La preuve, « l'AIBA attend de travailler de nouveau, à l'avenir, avec le CIO ». Il faut dire que les jeux sont faits dans la mesure où le Tribunal arbitral du sport (TAS) a confirmé qu'il n'y avait « pas d'appel possible devant le TAS avant qu'une décision finale ne soit rendue en bonne et due forme » par le CIO. Ce sera ensuite ce même TAS qui serait compétent pour statuer sur un éventuel appel.
Pour autant, le CIO souhaite que l’AIBA fasse peau neuve ou presque. « Cette décision a été prise dans l'intérêt des athlètes et de la boxe, a justifié le Président du CIO, Thomas Bach. Nous voulons nous assurer que les athlètes peuvent réaliser leur rêve de participer aux Jeux olympiques de Tokyo 2020 tout en tirant les conséquences qui s'imposent pour l'AIBA à la suite des recommandations du comité d'enquête. Dans le même temps, nous offrons une possibilité de lever la suspension mais des changements fondamentaux sont nécessaires. » Si ceux-ci étaient initiés sans plus attendre, le vent pourrait alors tourner plus favorablement, sachant que la reconnaissance définitive de l'AIBA sera réétudiée après les Jeux de Tokyo. D’ici là, l'évolution de la situation de l'AIBA et les progrès qu’elle aura effectués pour se conformer pleinement à la Charte olympique et au Code d'éthique du CIO seront dûment évalués par ce dernier.
 
©Karim de la Plaine
 
Des Mondiaux qualificatifs ou… pas ?
 
D’ici là, il y a plus que jamais urgence dans la mesure où le CIO va devoir mettre la main à la pâte et organiser lui-même le tournoi olympique de boxe ainsi que les tournois de qualification. A cette fin, un groupe de travail a été créé et est présidé par le Japonais Morinari Watanabe, Président de la Fédération internationale de gymnastique (FIG) et membre du CIO. « Je ne me souviens pas qu'un tel groupe de travail ait été créé par le CIO. J'espère que c'est la première et la dernière fois », a insisté Thomas Bach. Toujours est-il que des tournois qualificatifs seront programmés sur chaque continent avec un impératif : tous devront avoir eu lieu au plus tard en avril 2020, soit deux mois avant les Jeux. Morinari Watanabe va donc s’entourer de compétences - dont celles « des fédérations de boxe professionnelle » - pour mener l’affaire à bien et tenir les délais.
Voilà pour les grandes lignes. Pour le détail, les zones d’ombre et les interrogations demeurent. A cet égard, la Fédération française de boxe regrette qu’il ait fallu patienter autant de temps pour en arriver là et que l’on n’en sache pas davantage sur les modalités susceptibles de mener les athlètes à Tokyo. Ce qui empêche, pour l’instant, de déployer un dispositif permettant de les préparer de manière optimale en vue de cette échéance. Et de pointer également du doigt le manque de visibilité dont risque de pâtir la gouvernance de la boxe durant la prochaine olympiade. Sans compter un calendrier encore inconnu, notamment pour ce qui est des épreuves qui permettront de décrocher son billet pour le Japon. Il est question que celles-ci aient lieu de janvier à mai 2020, ce qui signifierait que les prochains championnats du monde n’en feraient pas partie… Autre inconnue : comment et par qui seront désignés les arbitres qui officieront à Tokyo ? Bref, comme d’autres, la FFBoxe attend rapidement des éclaircissements.
 
Alexandre Terrini
 
©Karim de la Plaine

 

 

 

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