Le Français (20 v, 2 d) a été constant et brillant pour s’emparer du titre WBC silver vacant des super-plumes en battant, par arrêt de l’arbitre (11e), le Panaméen William Vargas (9 v, 5 d), aux Mureaux.
Après un premier round d’observation dans la plus pure acception du terme, Khalil El Hadri, déjà très mobile et le bras avant alerte, commençait à passer de plus en plus son bras arrière. Son rival tentait d’en faire de même mais n’y parvenait pas vraiment, notamment parce qu’il déclenchait de trop loin. Si bien que ses frappes arrivaient en bout de course quand il ne se faisait pas contrer en crochets alors qu’il était en route pour réduire la distance.
Très prudent et vigilant, l’Yvelinois, encouragé par les supporters du PSG dont il est, lui aussi, un fan, prenait progressivement l’ascendant à partir de la troisième reprise. Plus incisif que le Panaméen, il était surtout plus précis, tant dans ses déplacements que dans ses coups. En effet, ses pas de retrait ou de côté lui permettaient de se mettre hors d’atteinte des offensives adverses. Mieux, le Tricolore en décousait intelligemment avec son gauche, en directs qu’il dédoublait et en jabs pour, ensuite, lâcher sa droite en crochets et en uppercuts. Puissant et impactant, il se montrait d’une redoutable efficacité, à la fois en étant rapide de bras mais aussi en déclenchant dans le temps dès qu’il trouvait l’ouverture.
La lucidité de ne plus rechercher systématiquement le mano a mano de près
En manque de solution, le visiteur était enclin à partir à l’abordage, quitte à se découvrir. Le Muriautin n’en demandait pas tant et le crucifiait avec des cross à la face. Toujours bien positionné selon qu’il s’agissait de défendre ou d’attaquer, il multipliait les séries des deux mains sans oublier, au passage, de martyriser les flancs et le foie du Latino qui, à la longue, s’énervait car il ne cessait de subir et d’avoir un train de retard.
Le local poursuivait sur sa lancée sans se démobiliser ni tomber dans le piège de la facilité. Il offrait un visage encore plus abouti que lors de ses précédentes sorties. Très appliqué et intelligent entre seize cordes, il avait la lucidité, contrairement à auparavant, de ne plus rechercher systématiquement le mano a mano de près et donc l’épreuve de force. Nettement plus patient, il s’évertuait à construire ses actions en créant de l’incertitude grâce à un travail de feintes qui n’avait rien d’anecdotique. Sans oublier des esquives rotatives et des blocages maison, en somme, une vista remarquable.
Le Francilien resserrait l’étau avec intelligence et à-propos
Khalil El Hadri était incontestablement le maître du ring et faisait littéralement ce qu’il voulait dans le carré magique. Au point d’agacer souverainement son contradicteur qui, non content d’être très monolithique et donc prévisible dans ses initiatives, s’épuisait physiquement parce qu’il encaissait et mentalement parce qu’il ne réussissait pas à cadrer le Francilien. Lequel continuait de resserrer l’étau avec autant d’à-propos, sans jamais se jeter. A compter du huitième round, il accélérait conscient que les opportunités étaient béantes.
En dépit de sa vaillance et de sa résistance, William Vargas finissait logiquement par céder au onzième, sur une droite au sommet du crâne qui le faisait vaciller. Pour gagner un temps précieux, il crachait par deux fois son protège-dents mais, à l’agonie et incapable de répliquer, il était logiquement stoppé par le directeur du combat.