Le 18 décembre, à Manchester, l’invaincu Français (16 v) tentera de s’emparer de la ceinture EBU face au local, le longiligne Jack Cullen (20 v, 1 n, 2 d). Même si ses conditions de préparation n’ont pas été optimales, la mission n’a rien d’impossible.
Vendredi 10 décembre au soir, un appel téléphonique du promoteur Gérard Teysseron a changé la fin d’année du Val-de-Marnais. Initialement, il était censé disputer le championnat de l’Union européenne des super-moyens contre Gustave Tamba, le 11 décembre, au Cannet, au même programme que le championnat du monde WBA des lourds-légers mettant aux prises le Français Arsène Goulamirian et le Russe Aleksei Egorov. Cette échéance planétaire ayant ensuite été reprogrammée le10 décembre, à Ekaterinbourg, en Sibérie, la réunion du Cannet a tout bonnement été annulée. Parallèlement, devait avoir lieu, le 18 décembre, le championnat d’Europe des super-moyens entre les deux cochallengers, l’Anglais Jack Cullen et l’Allemand Emre Cukur. Or, ce dernier a été contraint de déclarer forfait au dernier moment après s’être blessé.
Sollicité pour savoir s’il était disposé à le remplacer, le Francilien n’a pas tergiversé et a répondu positivement. Même s’il avait quelque peu levé le pied à l’entraînement dès qu’il avait appris qu’il ne se produirait pas sur la Côte-d’Azur et qu’il lui fallait perdre quasiment cinq kilos en une semaine pour faire la limite de la catégorie. « Je n’ai pas du tout hésité à accepter car ce championnat d’Europe est une opportunité qu’il fallait saisir. C’est vraiment valorisant et un point de passage obligé pour ensuite prétendre faire un champion du monde, justifie-t-il. C’est pour cela que j’ai dit oui tout de suite, sans même concerter mes entraîneurs ni mon promoteur Sébastien Acariès. Je suis quelqu’un qui aime les challenges. Et puis j’étais affecté de ne pas pouvoir boxer au Cannet. Cela m’avait un peu déprimé. »
« C’est un adversaire à ma portée et j’ai toutes les armes pour réussir »
Outre-Manche, le Tricolore retrouvera un homme nettement plus grand que lui (1,91 mètre contre 1,73 mètre). Dès lors, la tactique à adopter est claire comme de l’eau de roche : « Jack Cullen aura l’avantage de la taille et moi, celui du pressing que j’exercerai. Le but sera d’effectuer un travail de démolition sans négliger l’aspect défensif afin de ne pas prendre des coups bêtes. J’alternerai sans cesse les zones de frappe, corps-face, pour le déstabiliser. L’objectif est qu’il ne sache pas où je vais frapper. Physiquement, je me sens très bien et j’ai les douze rounds dans les jambes. » Le sociétaire du Levallois Sporting Club sera donc fidèle à lui-même : il enclenchera encore et encore la marche avant, sans se jeter et en désaxant le buste à la Mike Tyson pour imposer sa puissance et un rythme effréné tout en étant juste techniquement. Une subtile équation qu’il se sait en mesure de reproduire.
« Jack Cullen n’a pas un ratio de KO important (neuf sur ses vingt victoires, N.D.L.R.), insiste Kevin Lele Sadjo. Pour autant, il utilise très bien son bras avant et sait varier ses coups. Il est intelligent sur le ring. Il a plutôt l’habitude d’avancer mais je pense qu’après avoir analysé mon style, il va changer de stratégie devant moi et qu’il aura plutôt tendance à reculer. C’est un adversaire à ma portée et j’ai toutes les armes pour réussir. Je vais en Angleterre pour gagner même si depuis deux ans, à cause de la crise sanitaire, j’ai un peu le sentiment d’avoir stagné faute d’avoir eu un planning chargé sur le plan pugilistique. Or, c’est quand on a des échéances que l’on progresse le plus. » Gageons que même sur ses acquis, l’ancien détenteur du titre WBA intercontinental, qui a dû abandonner son bien faute d’avoir eu la possibilité de le remettre en jeu dans les délais impartis, a de réelles chances de décrocher la timbale en Angleterre.