Karim Guerfi est grand

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Cinq mois après avoir été sèchement dépossédé de sa ceinture continentale des coqs, catégorie dont il n’arrivait plus à honorer la limite, le Français (30 , 5 d) a fait étalage de toute sa classe pour s’emparer, le 13 août, sur la Costa del Sol, de celle des plumes en battant aux points par décision partagée (115-113, 113-115, 116-112) l’Espagnol Andoni Gago (23 v, 4 n, 4 d). Chapeau bas !

On le pensait au crépuscule avancé de sa très belle carrière. Il n’en est rien. Magnifique dans sa tenue d’un blanc immaculé cintrée d’or, à l’heure de s’imprégner de l’hymne national sur le ring de Marbella, le Manosquin faisait montre des meilleures intentions dès le gong libérateur. La donne n’était pas d’une complexité folle, l’Ibère n’ayant qu’un plan de bataille, au demeurant assez frustre, dans sa musette : avancer droit devant, tête baissée et débiter des coups sans discontinuer mais sans subtilité. Sa boxe assez simpliste ne comportait en effet guère de variations de rythme ni de combinaisons élaborées et distinctes les unes des autres.

Tout ce qui convenait à ce fin technicien qu’est le Tricolore. Très vigilant défensivement avec les mains bien hautes pour bloquer des offensives qu’ils voyait venir, il en décousait sur les jambes, tantôt latéralement, tantôt d’avant en arrière pour empêcher le tenant de le cadrer grâce à des esquives d’école.

Ne jamais se laisser embringuer dans des échanges brouillons

Mais il ne suffisait pas de ne pas se faire toucher, encore lui fallait-il aussi inscrire les points nécessaires pour concrétiser sa domination. Pour cela, il s’appuyait sur sa vista intacte et de sa science du noble art. Outre l’arme imparable qu’est l’uppercut face à un homme qui ne connaît que la marche avant, il remisait impeccablement en délivrant son direct du bras avant de passer sa droite en crochet. L’arcade sourcilière gauche du champion, ouverte dès la reprise initiale, attestait de la précision chirurgicale du challenger.

Maître des débats, l’Azuréen poursuivait son récital au fil des rounds. Un ascendant qu’il devait davantage à son immense talent qu’à la prévisibilité des assauts de son généreux rival. Le Sudiste avait la lucidité de ne jamais se laisser embringuer dans des échanges brouillons qui eurent forcément été à l’avantage du Basque, lequel avait d’ailleurs quelques velléités de pourrir le combat à mesure que ce dernier lui échappait.

Une condition physique irréprochable

Par-delà son bagage gestuel infiniment supérieur, Karim Guerfi tirait le parti d’une condition physique irréprochable qui lui permettait de ne pas être submergé par le pressing incessant de son opposant. Il lui fallait ça car les organisateurs avait pris soin d’installer un carré magique aux dimensions réduites afin que le local s’épuise le moins possible à chasser Le Guépard. En vain.

Il ne restait plus à espérer que la démonstration inspirée du Français, qui faisait mouche à chaque fois et surclassait littéralement son contradicteur, trouve grâce aux yeux des juges. Ce qui était le cas et n’était que justice. Revoilà Karim Guerfi sur le toit du Vieux Continent. A trente-quatre printemps et avec seulement un petit mois de préparation, l’exploit est à la mesure de ce pugiliste d’exception.

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