Le 29 octobre, chez lui, à Laval, le Français (30 v) a fait étalage de toute sa science du ring pour s’imposer à l’unanimité des juges (97-93, 97-93, 97-93) aux dépens de l’Albanais Meriton Karaxha (29 v, 3 n, 7 d). Suffisant pour s’emparer de la ceinture IBO Intercontinentale des welters.
El Gitano a récité sa partition sans anicroche ni être jamais mis en danger. Pour cela, il a donné à satiété des uppercuts, son bras avant ou encore, des crochets derrière l’oreille. Le tout en occupant autant que possible le centre du carré magique pour mieux tourner autour de son opposant. Il a, le plus souvent, laissé venir à lui le visiteur dans l’optique de le contrer en remisant avant de désaxer dans la foulée, parfois après une esquive rotative fort opportune. Une stratégie qui ne l’a cependant pas empêché de prendre fréquemment l’initiative en produisant des accélérations de deux ou trois coups maximum pour ne pas prendre de risque superflu.
En clair, la supériorité technique du local a fait la différence devant un opposant au courage et à la résistance exemplaires. « J’ai boxé avec la tête tandis que lui a boxé avec le cœur, résume le vainqueur. Ce combat a à la fois conforté ce que je savais déjà de mes qualités mais il m’a également fait progresser, en particulier mentalement. Il m’a endurci et forgé dans la mesure où c’était un adversaire valeureux qui n’a rien lâché pendant dix rounds. J’ai confirmé que j’ai ma place au niveau continental et mondial. »
A ce propos, le Lavallois a un plan de carrière. Il avait fait le choix de privilégier cette opportunité en IBO car il savait pertinemment qu’il lui serait difficile, sur le plan financier, d’affronter à domicile le désormais ex-champion d’Europe de la catégorie, David Avanesyan. Et il était hors de question d’aller défier un rival de cette envergure sur ses terres avec une très faible probabilité de s’y imposer aux points. « Aller à l’extérieur rencontrer un boxeur aussi dur sans n’avoir quasiment aucune chance de gagner, ce n’était pas le but. Je suis encore jeune. Je n’ai que vingt-neuf ans. Il est important pour moi de gagner des titres », justifie l’intéressé. Désormais, la donne a changé puisque le sieur Avanesyan doit affronter Terrence Crawford et a donc abandonné sa couronne.
Des partenaires publics et privés pour vivre de ses poings
Pour lui succéder, deux cochallengers ont été désignés : Jordy Weiss et l’Espagnol Jon Miguez, lequel est plus abordable. Certes, l’idée est toujours d’organiser le match pour le sacre en EBU dans l’Hexagone mais dans le cas où le camp français s’inclinerait aux enchères, son protégé n’hésiterait aucunement à franchir les Pyrénées pour aller en découdre dans la péninsule ibérique. « Jon Miguez est prenable. L’EBU me tient vraiment à cœur », sourit Jordy Weiss qui s’entraîne avec Ryan Barrett, en Angleterre, et Djamel Meghari, au Red Star de Saint-Ouen. Sans compter le préparateur physique, Rémy Lancou. Outre-Manche, l’ancien champion de l’UE a récemment mis les gants avec Conor Benn, Pat McCormack ou encore, avec Chris Kongo. « Ryan m’a beaucoup apporté sur le plan physique pour acquérir une capacité à enchaîner les coups et à sortir de ma zone de confort afin de gagner en puissance et en efficacité et de vraiment faire mal. Ce sont de choses que je ne faisais pas forcément auparavant et qui portent leurs fruits », s’est félicité ce digne représentant de la communauté des gens du voyage qui a réussi à fédérer suffisamment de partenaires publics (le Conseil départemental et la Ville de Laval) et privés pour vivre de ses poings. La Mayenne cumule en effet deux avantages : d’une part, c’est une terre de boxe qui, en son temps, a vu éclore Jean-Claude-Bouttier ; d’autre part, elle abrite aujourd’hui de grandes entreprises. De quoi inciter certaines d’entre elles à soutenir ceux qui ont acquis une renommée en brillant entre seize cordes.