Le 24 juillet, à Agde, la Francilienne (3 v) est devenue championne de France professionnelle des mouches en dominant aux points, à l’unanimité des juges (80-72, 79-73, 79-73), la valeureuse Mélanie Mercier (2 v, 1 n, 11 d). Une première étape franchie de manière probante qui en augure d’autres.
La confrontation s’est résumée à une opposition de styles. La Viennoise, qui était montée de catégorie pour la circonstance, a tenté de faire la différence en avançant sans cesse dans l’espoir que son pressing finisse par désorganiser la belle mécanique de sa rivale. Il n’en a rien été. La Val-d’Oisienne a en effet tiré tout le parti de son bagage pugilistique plus étoffé pour laisser venir à elle son opposante, la contrer et immédiatement désaxer. Dotée d’une allonge supérieure, elle ne s’est pas privée de donner à profusion son direct du bras avant mais aussi des uppercuts. Même s’il lui est arrivé d’occuper le centre du ring, elle a, pour l’essentiel, sciemment beaucoup reculé et tourné afin de travailler en contre-attaque, sa précision lui permettant de marquer les touches qu’il fallait et de creuser l’écart sur les bulletins des juges.
« Johanna une fille très douée qui a du niveau »
« Johanna a été au-dessus tout le combat, admet très sportivement Mélanie Mercier qui avait accepté de relever le défi quasiment au pied levé et n’avait eu qu’un peu moins de deux semaines pour se préparer à cette échéance. Chaque coup qu’elle délivrait passait. Le but était de ne pas la laisser imposer sa boxe car elle boxe vraiment très bien. Il m’a manqué de la technique et de l’entraînement. Il n’y a pas grand-chose à dire si ce n’est que c’est une fille très douée qui a du niveau. Je lui souhaite vraiment d’aller très loin car elle a du mérite. »
« Physiquement, nous n’avons toutes les deux rien lâché, ajoute Johanna Wonyou. C’était mon premier huit rounds et je ne savais pas ce que cela faisait. Je suis partie comme pour un 3x3 ou un 4x2, si bien que sur la fin, j’ai un peu tiré sur la machine et puisé dans mes réserves. Avec la fatigue, il a parfois été un peu difficile de contenir mon adversaire. »
« La ceinture nationale, c’est bien mais la ceinture européenne, c’est mieux »
Mélanie Mercier, dont c’était le cinquième échec pour une ceinture nationale, se donne jusqu’à la fin de l’année avant de décider si elle met un terme à sa carrière pas. D’ici là, elle aspire surtout à avoir l’opportunité de remonter sur le ring. Sa cadette, elle, a donc fait le choix, à vingt-et-un printemps, de passer professionnelle. Une décision confortée par la possibilité, parallèlement, de viser une participation aux prochains Jeux olympiques de Paris en 2024. « Pourquoi ne pas faire d’une pierre deux coups ? », sourit la sociétaire du BC de Garges qui aspire toujours à défendre les couleurs de la Patrie en équipe de France même si les prochains Mondiaux, à la rentrée, ne figurent pas parmi ses objectifs. Toujours est-il que la transition d’avec la boxe amateur s’est bien déroulée : « J’ai essayé de m’étoffer physiquement dans la mesure où il y a davantage de rounds tout en conservant mon explosivité. Pour l’instant, je ne ressens pas le fait d’avoir gagné en puissance et en force physique. Je n’ai pas encore suffisamment d’expérience pour l’affirmer. En fait, je n’ai pas forcément adopté le style pro car, à mon sens, il n’y a pas une boxe pro à assimiler en tant que telle mais plutôt une boxe qui soit la plus complète et la plus aboutie possibles. »
En attendant, ce premier titre national est, à ses yeux, « une petite fierté et un point de passage obligé afin de pouvoir viser plus haut. La ceinture nationale, c’est bien mais la ceinture européenne, c’est mieux. Je vais attendre les propositions et les opportunités qui s’offriront à moi. » En espérant qu’elles seront à la hauteur d’un talent qui ne demande qu’à continuer d’éclore.