L’Aquitain (-57 kg) a été éliminé dès son entrée en lice, en seizième de finale des Jeux, par l’Américain Duke Ragan. Un contradicteur qui n’a rien d’extraordinaire mais qui a su faire illusion pour obtenir les faveurs des juges.
Dans le camp tricolore, on se doutait bien que la partie ne serait pas de plaisir et que ce premier duel du tournoi olympique avait tout d’un piège pour le Girondin. Lequel, effectivement, peinait à entrer dans le vif du sujet. Un tantinet brouillon, chargeant en ligne de manière lisible, il se faisait contrer par le vice-champion du monde 2017 des coqs qui, pour cela, utilisait notamment, avec une précision chirurgicale, son crochet gauche, quitte à le doubler.
Duke Ragan accrocheur… dans le mauvais sens du terme
A compter du deuxième opus, le Français, sentant le vent du boulet, passait la surmultipliée. Il imprimait un rythme nettement plus élevé aux débats en combinant de manière notoirement plus inspirée, alliant rapidité gestuelle et force. Doté d’une allonge supérieure qu’il exploitait pleinement, il parvenait à reproduire ce qu’il avait travaillé ces derniers temps à l’entraînement : à savoir, déclencher dès qu’il est sur l’adversaire, sans attendre de préalablement poser ses appuis pour commencer à travailler et à passer à l’action. Si bien que Duke Ragan était en permanence mis sous l’éteignoir et contraint de découdre, au pire, en reculant, au mieux, en tournant. On devinait le descendant de l’Oncle Sam roublard, il était plus que là : accrocheur… dans le mauvais sens du terme. Dès qu’il le pouvait, il retenait en effet, avec son coude droit, le bras gauche de Samuel Kistohurry ou venait se coller à lui, quitte à le saisir afin de casser ses offensives et de l’empêcher d’enchaîner. Au point que pour se défaire de son opposant, le Pessacais n’avait d’autre solution que de le projeter par terre.
Il ressortait de cette confrontation décousue, par la faute du pugiliste de l’Ohio, l’impression que si les échanges étaient trop fréquemment tués dans l’œuf, ils étaient néanmoins à l’avantage évident du Français. Parce que ce dernier était le plus actif et le plus entreprenant, parce que, surtout, c’était tout simplement lui qui touchait le plus souvent et le plus nettement quand bien même lui arrivait-il, très ponctuellement, de s’exposer à force d’attaquer.
« Samuel a fait ce qu’il fallait faire »
Mais les juges en décidaient autrement à la grande surprise et au grand désappointement de l’intéressé. D’autant que l’analyse du score révélait une aberration : après avoir cédé la première reprise (4-1), le Sudiste, en larmes et inconsolable dans le vestiaire, s’est adjugé la deuxième (3-2) et la troisième (4-1). Pour autant, au pointage cumulé, il était déclaré perdant ! Une ineptie pour John Dovi, manager général des équipes de France seniors masculines : « Comment peut-on accorder le dernier round à l’Américain ? Il y en avait un qui faisait de la boxe et un autre qui faisait de la lutte sans être sanctionné. Je ne sais pas ce qu’il a manqué à Samuel dans la mesure où il a fait ce qu’il fallait faire. On savait que Ragan avait du mal à faire le poids et qu’il serait court physiquement. Il fallait donc lui rentrer dedans et raccourcir la distance, ce que Samuel a très bien fait. Nous sommes tous anéantis d’autant le combat n’était même pas serré. Samuel était candidat au podium. C’est quelqu’un de carré, qui a bossé comme un fou pendant deux ans. Il n’y a rien à lui reprocher. »
« J'ai très mal démarré mais je pense avoir fait un beau combat, estime le Français, cité par l’AFP. J'ai mis de la vitesse et je pense avoir largement remporté les deuxième et troisième reprises. Je suis dégoûté d'être éliminé. Je ne comprends pas. L'Américain a refusé le combat. Il n'était pas au niveau. Ce n'est pas un boxeur de classe. C'est une décision qui me fait mal au cœur. Il faut se remettre en question et aller de l'avant. »
Au micro de France Télévisions, Samuel Kistohurry s’est montré plus véhément : « On sait ce que c’est la boxe, il y a toujours eu ça dans la boxe. Je ne comprends pas qu’en amateurs, il y ait encore ces pointages. Je suis vraiment désolé pour la Fédération, pour mes parents, pour ma famille. Dans le troisième, je pensais que j’avais gagné. Le mec était tout le temps dans le vent, il prenait tous les coups. Il n’a rien à faire en huitièmes. C’est comme ça. Maintenant, il faut continuer. Je vais passer professionnel. »