La seule boxeuse tricolore en lice à Tokyo a été sortie dès les seizièmes de finale de la catégorie des -60 kg par la Finlandaise Mira Potkonen. Une défaite fruit d’une décision partagée et en partie due à une mauvaise entame de sa part.
La confrontation avait des allures de finale avant l’heure. D’abord au regard du niveau et de la qualité de ses deux protagonistes. Ensuite, parce qu’il s’agissait d’un remake de la finale des championnats d’Europe 2019 qui avait vu la Scandinave l’emporter aux points. Déjà…
Consciente que chaque action, que chaque seconde allait compter et peser dans la balance, les duellistes démarraient pied au plancher et la Française plantait la banderille initiale sous la forme d’un crochet du gauche. Son coin l’engageait d’ailleurs à user à satiété de son bras avant, notamment en directs pour contenir la Nordique dotée d’une allonge supérieure. Cette dernière déclenchait souvent la première et alliait vitesse de bras et précision avant de sortir prestement de l’axe. L’Albigeoise n’était pas en reste, avançant sans cesse pour imposer un pressing tous azimuts tout en variant les cibles. Elle n’avait qu’un seul tort : ne pas suffisamment monter les mains, en particulier la gauche, si bien qu’elle se faisait régulièrement cueillir par les remises de sa rivale. D’autant qu’à force de courir après elle, il lui arrivait de quelque peu se jeter au moment d’attaquer.
Mira Potkonen a fait preuve de suffisamment de métier…
Cependant, les débats étaient équilibrés. Quadragénaire expérimentée, Mira Potkonen, qui commençait à chercher son second souffle dans la deuxième reprise, faisait preuve de suffisamment de métier pour tuer dans l’œuf les offensives de Maïva Hamadouche en lui tenant le bras sous le coude, en s’appuyant sur elle ou en la poussant ostensiblement dans les cordes. Ce qui lui valait un avertissement dans le troisième round. Qu’importe car elle venait de remporter le précédent en faisant juste le nécessaire sous la forme de quelques directs délivrés de manière fluide, lesquels faisaient plus que compenser, aux yeux des juges, l’entrain de la Francilienne d’adoption.
L’ultime épisode du match avait beau se résumer un cavalier seul de la championne du monde IBF des super-plumes, le sort en était jeté. Ses accélérations et ses enchaînement puissants avaient beau faire mouche, ils ne suffisaient pas à envoyer au tapis son opposante physiquement au bord de la rupture.
« Je veux bien avoir l’esprit olympique mais pour moi, ce combat-là, je ne le perds pas ! »
Maïva Hamadouche voyait son rêve olympique s’écrouler. Forcément cruel. Elle se montrait au demeurant incrédule à l’énoncé du verdict. « Il ne m’a rien manqué. Je ne comprends vraiment pas la décision. Je ne suis pas du tout d’accord, renchérissait-elle ensuite au micro de France Télévisions. Au dernier round, Potkonen prend un avertissement. On me met perdante quand même. A la limite, on peut lui donner le première reprise mais comment peut-on lui donner la troisième ? Je suis désolée, je veux bien avoir l’esprit olympique mais pour moi, ce combat-là, je ne le perds pas. Quand je le perds, je le dis. Là, je ne le perds pas. Mon objectif était d’arriver jusqu’au podium. Je pars de la boxe amateur avec un arrière-goût dans la bouche qui n’est pas super bon à la suite de cette défaite pas forcément méritée. Cela a été une belle aventure. J’ai appris plein de choses. Je ne regrette rien. Je vais remettre mon titre en jeu chez les professionnelles, aux États-Unis, en novembre. »
« Même si le match a été serré, dans le deuxième round, je vois les choses autrement que ce qu’indique le score très sévère, déplore Anthony Veniant, entraîneur national en charge du collectif féminin senior. Maïva a en effet repris l’ascendant pendant plus de la moitié de la reprise. De son côté, la Finlandaise a été beaucoup moins offensive et efficace tandis que Maïva est montée de niveau et que ses coups étaient plus nets. Surtout, je ne vois pas comment elle a pu être déclarée perdante dans le troisième alors que Mira Potkonen était complétement cuite et ne faisait que de l’anti-boxe en multipliant les fautes. Maïva a donné ce qu’elle avait à donner. Nous avions travaillé tactiquement pour qu’elle ne s’expose pas à la droite de la Scandinave. Il lui a manqué un peu de lucidité et un peu de clairvoyance en début de combat, justement pour ne pas se faire toucher par les bras arrière. Mais, encore une fois, cela a été de moins en moins le cas au fil des minutes, Maïva réussissant à bloquer les droites adverses ou à renchérir derrière en contre-attaque. J’ai un sentiment amer dans la compréhension de l’évaluation du match. »