La série noire continue pour les Bleus. Le Blagnacais (-52 kg) a été battu aux points, à l’unanimité des juges, par le Kazakh Saken Bibossinov, en huitième de finale. Un rival qu’il avait dominé en mars dernier… Ce n’est pas être mauvais perdant que de dire qu’encore une fois, le verdict interroge bigrement.
Le Haut-Garonnais entamait les hostilités de la meilleure des manières, de la sienne, oserait-on écrire. Face à un adversaire fausse garde qui avançait, il parvenait aussi bien à déclencher le premier qu’à remiser. A chaque fois, à sa distance, celle de ses longs et si agiles segments. Et dès que ses séries s’achevaient, il désaxait immédiatement pour ne pas subir les foudres de l’Asiatique, certes entreprenant, mais moins fluide et varié dans ses actions.
On se disait benoîtement que la machine était lancée sur de bons rails
A voir le Tricolore multiplier des combinaisons diverses alliant plusieurs zones de frappe, en somme, en le regardant à l’œuvre de toute sa classe, on se disait benoîtement que la machine était lancée sur de bons rails et qu’il suffisait de ne pas en dévier pour se faire une place en quart de finale. Que nenni ! L’annonce du pointage de l’opus initial - 4-1 en faveur de Saken Bibossinov - eut un effet dévastateur et laissait incrédule.
Alors qu’il était persuadé, comme beaucoup, d’avoir fait le nécessaire pour virer en tête, l’Occitan se retrouva subitement dans la position du chasseur et dut donc changer illico presto de stratégie. Son coin l’enjoignit d’ailleurs de durcir les échanges, d’en découdre de près et d’aller au baston dans l’espoir de refaire son retard. En vain car il s’exposait trop dans la deuxième reprise, les contres qu’il encaissait au visage supplantant ses offensives pourtant plus élaborées que celles de son contradicteur qui prenait soin s’accrocher à l’issue de la plupart de ses assauts. Soit.
« Nous ne demandons pas d’être protégés, simplement que l’on soit équitable »
Si bien dans le troisième épisode, les entraîneurs nationaux, conscients qu’il serait quasi-impossible de renverser la vapeur sur les bulletins des officiels, demandaient au médaillé de bronze mondial d’en finir avant la limite en s’appuyant sur sa droite. Il s’y employa et lâcha les chevaux en bon ordre, sans confondre vitesse et précipitation ni être brouillon. La rage au ventre, il attaquait sous tous les angles, inscrivant des touches nettes et sans bavure même si son opposant ne se privait pas de répliquer avec une intensité, une ampleur et une précision notoirement inférieures. Les débats n’étaient pas à sens unique mais menés à sa guise par Billal Bennama. Hélas, le sort en était jeté sans que l’on sache vraiment ce que l’infortuné Tricolore, en larmes tant il estimait le résultat en total décalage avec sa prestation, aurait dû produire pour connaître un sort favorable.
Manager général des équipes de France seniors masculines, John Dovi n’avait pas non plus la réponse : « Sincèrement, je ne comprends pas la décision. Nous sommes sous le choc. Nous ne demandons pas d’être protégés ni avantagés, simplement que l’on soit équitable. Billal gagne le premier et le troisième round. Quand on a vu qu’il avait perdu le premier, on s’est dit que c’était impensable. Cela a tout faussé dans la mesure où il a, dès lors, été obligé de gérer différemment et de modifier sa stratégie en allant à la castagne, ce qui, forcément, l’a contraint à se découvrir. Il a fait ce qu’il fallait faire et a écouté les consignes. »