Pour le titre vacant WBC-Argent des coq, le Français Nordine Oubaali affronte le Mexicain Alejandro Hernandez, demain au Palais des Sports de Paris. Entretien !



Vendredi soir, au Palais des Sports de Paris, vous disputez le combat vedette du gala, le seul en douze rounds, pile-poil en même temps que les grands débuts pros d’un certain Tony Yoka. Ça vous fait quoi ?
- Je suis fier d’être à l’affiche de cette belle soirée, qui rassemble à la fois le présent et le futur, organisée par un promoteur américain, Richard Schaefer, qui nourrit de grosses ambitions. RingStar, Malamine Koné Events, Univent (Sébastien Acariès) et Europrom Gérard Teysseron sont quatre acteurs forts en France, ce qui n’était pas le cas il y a des années en arrière. Ils ont redonné de la noblesse au noble art dans un bon environnement. Je connais Tony Yoka depuis l’équipe de France. Il a réalisé une performance historique et nous a donné des frissons à Rio. Je suis très content de voir notre champion olympique des super-lourds débuter sa carrière professionnelle à Paris. Je suis également super heureux de combattre dans la même soirée que Souleymane Cissokho, capitaine de la « team solide » - le surnom donné à l'équipe de France olympique à Rio -, qui disputera son deuxième combat pro. "Soso", nous l’avons formé au Top Rank de Bagnolet. Il a une bonne personnalité et fait honneur à cette discipline de par ses valeurs. On se côtoie depuis de nombreuses années et j’ai été plusieurs fois dans son coin. Tony et Souleymane représentent le renouveau de la boxe tricolore, moi le présent. Il faut les soutenir, c’est une chance pour eux, comme pour moi, de pouvoir boxer dans un tel gala.
- Demain, vous en viendrez aux poings avec un Mexicain, Alejandro Hernandez, pour le titre vacant WBC-argent des poids coq. Le vainqueur sera classé dans le top 5 et aura une chance de disputer un championnat du monde à très court terme. Vous le savez ?
- Oui (rires) ! C’est le but. Ce titre a une grande valeur sportive à mes yeux. Il permet de se classer parmi les meilleurs, alors je le veux ! Le champion WBC, le Japonais Shinsuke Yamanaka, est le meilleur des quatre grandes fédérations. C’est une star au Japon mais il n’a jamais boxé en dehors de ses frontières, grâce à un promoteur puissant. On verra les nouvelles opportunités qui s’offrent à moi par la suite. Mon frère Ali s’occupe de mes intérêts sportifs. Je le laisse gérer car, depuis le début, il le fait impeccablement. Cerise sur le gâteau, le combat, en plus de passer en direct sur Canal+, sera diffusé aux États-Unis. C’est une chance de plus de s’ouvrir des portes.
- L’Aztèque est un dur à cuire. Ancien champion par intérim WBO, il a affronté quelqu’un des meilleurs poids mouche et poids coq de la planète. Quelle sera votre tactique pour le battre ?
- Tout peut arriver en boxe. Chaque confrontation est différente. Je connais les valeurs auxquelles les Mexicains sont attachés : orgueil et fierté. Plutôt mourir que de poser un genou à terre ! J’ai affronté leur dureté mentale dans les rangs auteurs et lors de mon dernier combat. Les Mexicains ont d’excellents sparring-partners et possèdent une boxe très dure. Guerriers dans l’âme, ils affectionnent le combat en corps - face et de près. Demain soir, j’aurais face à moi un adversaire d'un cran au-dessus du lot du commun de mes autres rivaux depuis mes débuts pros, je le sais. De mon côté, je suis comme une joueur d’échecs : j’anticipe et je m’adapte à plusieurs stratégies. Je vais donc m’adapter à son jeu et montrer au public le noble art en boxant bien. Je suis un fin technicien, efficace sur les coups donnés, donc le mieux est de rester fidèle à moi-même, sans chercher principalement l’épreuve de force.



- Comment avez-vous préparé cette confrontation ?
- Avec sérieux, comme toutes les autres. Le but est de s’entraîner durement à la salle pour que le jour du combat ce soit facile, un peu comme une récitation. RingStar a fait venir un sparring-partner mexicain et j’ai aussi mis les gants avec Samir Kasmi et Franck Petitjean. Je prépare ce rendez-vous depuis trois mois et le suis prêt à en découdre.
- Depuis vos débuts chez les payés, votre frangin, Ali (39 ans), veille sur vous. Où en est votre duo aujourd’hui ?
- Gagnant-gagnant ! (Il se marre). Notre association va au-delà d’une simple relation d’entraîneur à élève, de par les liens du sang. Le fait qu'il devienne mon coach a toujours été une évidence et j'irai au bout avec lui, on ne change pas une équipe qui gagne. Après les Jeux olympiques à Londres, il m’a incité à passer professionnel car il ne voulait pas que j’ai des regrets. Aujourd’hui, sommes en parfaite osmose, à l'écoute l'un de l'autre et nous discutons de tout. Les choses sont aussi basées sur le partage.
- Sur un ring, quel est votre exemple ?
- Floyd Mayweather Jr. ! Un boxeur qui a toujours su s’adapter à chaque adversaire.



- Pouvez-vous nous parler de vous, hors du ring ?
- Je suis boxeur, je suis sportif, je suis un homme comme les autres. J’aime le cinéma, le foot, mais seulement les grands matches comme la Ligue des Champions. J’aime passer du temps en famille et partager des choses dans la simplicité et le naturel. J’ai toujours le même cercle d’amis proches ».
Par Olivier Monserrat-Robert
Crédit images - Karim de la Plaine