Passé pro au lendemain des JO de Rio, le Français (4 v) s’entraîne à Montréal, où il a signé avec le Groupe Yvon Michel. Mais, récemment, il s’est également engagé, dans le cadre d’une copromotion, avec Brahim Asloum et a donc rejoint la Boxe Team SFR. Il raconte ses premiers mois canadiens.

On suppose que vous êtes pleinement satisfait de vos débuts dans les rangs professionnels…
Oui, je suis très content. Quatre combats, quatre victoires avant la limite : la transition entre la boxe amateur et la boxe pro suit son cours. Au début, il y a eu de l’appréhension. Lors de mon premier combat, j’étais en effet très stressé puis c’est allé de mieux en mieux. Le fait de boxer souvent me convient car il faut que je gagne en expérience. Le travail paye et je vais continuer à faire tout ce qu’il y a à faire pour que ma carrière se déroule comme je le souhaite. Je suis en train de faire mon chemin petit à petit. Je pense que je suis bien parti pour être champion du monde d’ici trois ou quatre ans. J’éprouve plus de plaisir à boxer dans les rangs professionnels parce qu’il y a davantage de rounds, ce qui permet plus de préparation sur le plan tactique.
Qu’apprenez-vous au Canada, où vous vous entraînez ?
J’ai découvert un nouveau monde et appris une nouvelle boxe. J’apprends énormément, que cela concerne la boxe ou la vie elle-même. Sur le ring, je suis plus posé, j’ai une défense plus efficace et un bon jab. Et puis j’ai une meilleure vision du combat, ce qui m’aide à mieux gérer mon effort. Aux Jeux de Rio, même si j’avais déjà un style un peu professionnel, il fallait que je m’adapte à la boxe amateur. Désormais, je peux vraiment déployer ma boxe et l’améliorer. J’ai notamment gagné en efficacité. Bref, il n’y a que des points positifs. Mon entraîneur est là pour optimiser mes qualités et gommer mes défauts mais pas pour changer ma boxe.

Justement, pourquoi cela fonctionne bien avec votre coach, Marc Ramsay ?
Cela se passe très bien parce que nous avons la même vision des choses. A savoir que pour réussir, il faut s’en donner les moyens. Il bosse au feeling tout en faisant ce qu’il y a à faire, sans pour autant être un dictateur. Il a formé des champions du monde. Il ne peut donc que m’apporter. C’est le meilleur entraîneur que je puisse avoir.
« J’ai envie de garder mon public en France »
En terme d’entraînement, comment cela se passe-t- il outre-Atlantique ?
Les entraînements sont très individualisés et très spécifiques sur des points précis. Pour l’instant, j’ai beaucoup bossé le jab, les moyens de défense et les esquives. On y va progressivement. A ce jour, je n’ai disputé que des combats en quatre rounds. Je n’avais donc pas besoin d’un préparateur physique. Mais je vais en avoir un dès que je vais passer à des matchs en six rounds. J’ai en outre la possibilité de mettre les gants avec beaucoup de poids moyens comme David Lemieux avec qui j’ai fait du travail technique. Je m’entraîne aussi avec Artur Beterbiev et Eleider Alvarez. Je ne suis pas ridicule ni à la rue face à eux. C’est surtout l’occasion de voir ce qu’est le très haut niveau. Je me dis que je suis avec les meilleurs et dans de bonnes conditions pour progresser.

Vous avez jusqu’à présent boxé en super-moyens. Avez-vous des difficultés pour faire la limite des moyens ?
Non, je n’ai pas du tout de problème de poids. Tout va bien et tout est maîtrisé. Je pourrais faire tranquillement la limite des moyens. On attend simplement le bon moment pour. On ne va pas précipiter les choses.
Votre objectif est-il de disputer le championnat de France ?
Je ne sais pas du tout comment cela va se passer. Je fais confiance à mes promoteurs pour en décider. Ils ont un projet pour moi et je le suivrai. Moi, j’ai envie de progresser et, pour cela, il ne faut pas forcément passer par un championnat de France ou d’Europe.
Pourquoi vous êtes-vous engagé avec Brahim Asloum comme promoteur ?
Pour disputer des combats en France et y avoir une certaine visibilité. J’ai envie de garder mon public en France. Je souhaite évoluer dans les deux univers, nord-américain et français. Avec les autres membres de la Team Solide, nous sommes restés en contact. On suit ce que font les autres et l’on se donne des nouvelles.

Après une séance avec Shakeel Phinn (©Facebook de Christian M'Billi Assomo).
La déception née de votre élimination en quart de finale des JO de Rio est-elle digérée ?
Comme je le dis, c’est la vie. Je ne vais pas rester à pleurer sur mon sort. Je suis passé à autre chose. J’ai de nouveaux objectifs. Celui qui a du mal à digérer ce genre de situation, c’est qu’il n’est pas prêt à être sportif de haut niveau. Être sportif de haut niveau, c’est être capable d’encaisser les hauts et les bas. Et, aujourd’hui, je sais très bien le faire. Le plus important est de savoir se relever.
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Propos recueillis par Alexandre Terrini