Vainqueur aux points, à l’unanimité des juges, d’Alban Galonnier (4 v, 1 n, 11 d), le 2 mars, à Monaco, à l’issue d’un combat aux allures de répétition générale, l’ancien champion de France des lourds (13 v, 3 n, 9 d) défiera Tony Yoka (3 v), le 7 avril prochain, à Paris, au Palais des Sports. Il s’en explique.

« Ce combat de rentrée vous a-t-il rassuré ?
- Oui, on peut dire ça même si je n’étais pas non plus inquiet. Cela a effectivement été un bon combat de rentrée qui m’a permis de savoir où j’en suis. Tout n’a pas été parfait mais ce n’était pas trop mal. Il y a eu de bonnes choses, notamment sur le plan technique. J’ai été plus à l’aise et je me suis efforcé de travailler en déplacement mais également en rapidité. J’ai aussi fait quelques esquives même si j’avais un peu les mains basses à certains moments à cause d’un excès de confiance. Cependant, il reste du travail, en particulier au niveau foncier et pour perdre un peu de poids. Et puis j’aurais dû faire preuve d’un peu plus de précision et d’agressivité. Ceci dit, cela fait toujours du bien de retrouver des sensations.

- Pourquoi avez-vous accepté de rencontrer Tony Yoka, le 7 avril prochain ?
- Parce que c’est une fierté de boxer un champion olympique. Et puis, il y a un an, j’avais émis le souhait de l’affronter. Je serai dans la peau de celui qui n’a rien à perdre et tout à gagner. Je veux montrer que même si lui et moi n’avons pas les mêmes moyens, je peux arriver à faire quelque chose et que j’ai mes chances.
- Justement, en avez-vous quand on sait que, par ailleurs, vous avez un travail harassant dans le bâtiment ?
- Oui, je le pense. Cela fait plus d’un mois que j’ai arrêté de travailler sur les chantiers. J’ai la chance d’avoir des partenaires qui m’ont fait confiance. Ils vont me permettre de rester à Limoges et de faire venir des sparring-partners sans avoir me déplacer.
« J’apprends vite et je retiens vite les choses »
- Comment allez-vous vous y prendre sur le plan technico-tactique ?
- On verra sur place. Je vais me préparer pour être en mesure de m’adapter à tous les scénarios possibles. Je ne sais pas comment lui va boxer. Je ne sais pas s’il va vouloir que je fasse le combat, avancer sur moi, m’attendre et me contrer ou me travailler avec son bras avant pour ensuite donner sa droite.

- Nourrissez-vous une certaine appréhension ?
- Honnêtement, pas du tout. Il y a plutôt une sorte de plaisir. Encore une fois, je suis content de boxer un champion olympique, a fortiori français. Pour l’instant, je pense à bien me préparer. Mais je suis conscient que dans les jours qui vont précéder, la pression va monter car ce combat est très médiatisé. Toujours est-il que je vais pouvoir me tester et savoir réellement ce que je vaux face à un adversaire de deux mètres.
- Soit un peu le même profil que Newfel Ouatah que vous avez affronté à trois reprises. Cette expérience va-t-elle vous servir ?
- Oui même si c’était à une période où je n’étais pas aussi professionnel qu’aujourd’hui. Le fait d’avoir mis les gants contre Filip Hrgovic et, pendant une semaine, avec Tony Yoka, qui m’avait appelé pour préparer son combat contre Travis Clark, va aussi me servir. J’apprends vite et je retiens vite les choses.
« Je me suis remis en question »
- Est-ce le fait d’avoir été le sparring-partner de Tony Yoka qui vous a incité à le défier ?
- Non, pas du tout car j’avais dit avant, lorsque j’étais encore champion de France, que j’aimerais le boxer. Finalement, cela s’est fait au début du mois de février. Par ailleurs, je tiens à dire que sur le plan humain, cela s’était très bien passé. Il avait été très gentil. Lui et son entourage m’avaient très bien accueilli et montré beaucoup de respect. Mais même si je n’avais pas fait de sparring avec lui, j’aurais quand même accepté de l’affronter.

- Et dire que vous avez failli arrêter la boxe près votre défaite aux points, en championnat de France, devant Raphaël Tronché, le 11 novembre dernier, au vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines…
- Oui, enfin, disons que je me suis remis en question. J’étais blessé au pied et au dos durant ma préparation et cela avait été très compliqué. Surtout, j’étais en colère contre moi car j’estime que je n’avais pas fait ce qu’il fallait sur le ring. Je me suis posé la question de savoir si j’avais toujours envie. Ce qui est le cas. Dès lors, je me suis dit que si je faisais les choses, je les faisais à fond.
- Continuerez-vous quel que soit votre résultat contre Tony Yoka ?
- Oui, je pense. Je voudrais affronter de nouveau Raphaël Tronché. Mais, si je n’ai pas l’occasion de refaire un championnat de France, j’aimerais bien aller voir au-dessus ce qu’il se passe, par exemple, en disputant un championnat de l’Union européenne ».
Propos recueillis par Alexandre Terrini
Mise en ligne par Olivier Monserrat-Robert
Crédit photos - Presse Sports