À 51 ans, le boxeur de Nouzonville côtoie les plus grands, des légendes du sport au nouveau président de la République. Pourtant, ce fils d’immigrés reste fidèle à ses racines.

Entre deux interviews, l’homme s’attable à la terrasse du Briand, un bar de Charleville-Mézières où le boxeur a ses habitudes. À peine le temps de prendre un café. Avec ce sourire qui ne quitte jamais son visage, Hamid Zaïm prend le temps de saluer les personnes qui l’interpellent. Le voilà dans son élément. Même en dehors du ring, Hamid Zaïm reste un homme de contact. Une qualité qu’il n’hésite pas à mettre au service des autres. Une générosité qui fait partie du personnage. Lorsqu’il apprend que Pascal, qui souffre d’un lourd handicap, se fait dérober son fauteuil roulant, Hamid sonne la cloche et met ses sponsors sur le coup. Résultat, Pascal se verra remettre prochainement un fauteuil roulant flambant neuf.
« L’école ne m’a pas appris les valeurs de la vie. La boxe, c’est l’école de la vie », confie-t-il.
Septième enfant d’une fratrie de quatorze, Hamid Zaïm voit le jour à Charleville mais réside, avec sa famille, à La Cachette, un quartier de Nouzonville. Il quitte l’école en 5e mais pas question de se tourner les pouces. « Mon père m’a toujours appris qu’on peut tout réussir si on travaille ». À commencer par le sport. À l’âge de 12 ans, le Nouzonnais opte pour le foot. La boxe viendra plus tard. Un peu par hasard. « Mon cousin Belaïd pratiquait la boxe anglaise à Sedan. Il n’avait pas le permis et moi j’avais la voiture. En arrivant au club, il m’a présenté à l’entraîneur en lui disant que j’étais un nouveau boxeur ». C’était en 1983. « J’étais sérieux, travailleur mais pas doué. » Hamid Zaïm est pourtant repéré par la grande équipe d’Échirolles. « Quand tu rentres dans une salle de boxe, c’est pour devenir champion du monde ! »
« Quand on est boxeur, il faut savoir tout encaisser. Au propre comme au figuré »
Les espoirs du champion s’écroulent en 1994. Alors qu’il travaille pour Le Capri, une boîte de nuit de la place Ducale, Hamid Zaïm tente de mettre fin à une altercation et reçoit des éclats de verre dans l’œil. Une blessure qui sonne la fin d’une carrière à peine commencée. « Le médecin a été clair… La boxe à haut niveau, c’était terminé ». Le champion doit mettre pied à terre. Un coup dur qu’il encaisse mal malgré le soutien sans faille de son clan. « Durant deux ans, je me suis renfermé sur moi-même ». En 1996, les jeunes de son quartier viennent le trouver. « Ils voulaient que j’enfile à nouveau les gants ». Coïncidence, il va reprendre le club qui lui a ouvert les portes à l’âge de 17 ans. Et puis, il y a eu Bazeilles, Fumay et bien entendu Nouzonville. « Lorsque j’ai ouvert la salle de sport à La Cachette, j’ai commencé avec un sac de sable de l’armée de mon frère ».

En 2008, il mènera l’un de ses poulains jusqu’aux Jeux olympiques de Pékin où le licencié décroche la médaille d’argent. La structure emploie désormais cinq salariés. En 2016, une académie de boxe s’est même ouverte dans le quartier Croix-Rouge à Reims. « L’intégration passe par le sport, la boxe », clame l’Ardennais désormais âgé de 51 ans. Des initiatives reconnues par ses pairs notamment Don King, le promoteur de boxe professionnel à qui le boxeur de Nouzonville voue une profonde admiration. « En 2003, j’ai eu la chance de le rencontrer aux États-Unis. Des clubs du nord ont suivi ma voie. Elle est là ma réussite. Ma carrière de boxeur, j’en ai fait le deuil depuis longtemps, les cordes c’est terminé. En quelque sorte, je le vis mieux maintenant car j’ai compris aujourd’hui que, quand on est boxeur, il faut savoir tout encaisser. Au propre comme au figuré ».

L’hospitalité, l’une des valeurs héritées de ses parents, Hamid la met au service des Ardennais. « Je suis vraiment un sanglier à 100 % ». Il y a quelques jours, s’est tenu le second gala des Sang Liés, une initiative que l’on doit au boxeur. « La boxe fédère un large public que l’on met au service d’œuvres caritatives. » Cette année, Michel Drucker avait accepté d’en être le parrain. « Il a immédiatement répondu présent ». L’animateur a accepté l’invitation de la maman de Hamid Zaïm, dont il a dégusté le légendaire couscous. « Il y aura une 3e, une 4e et une 5e édition », affirme-t-il. Et la réputation du quinquagénaire n’a pas de frontière, puisqu’au cours de l’été 2016, l’entourage d’Emmanuel Macron lui confie la sécurité du candidat jusqu’à son élection. Un rôle que l’Ardennais a tenu jusqu’à la victoire au Carrousel du Louvre. Devenu un peu l’ambassadeur du 08, il se refuse catégoriquement à prendre la grosse tête. Pas question de quitter ses Ardennes natales. Pourtant, il existe une seule chose sur laquelle il ne transigera jamais : la famille. « Une fois par an, j’ai besoin de me retrouver quelques jours avec ma femme et mes deux enfants ». Une famille de boxeurs bien entendu !
Bio Express
Naissance en 1965, à Charleville-Mézières.
En 1948, son père, algérien, s’installe à La Cachette, à Nouzonville.
À 17 ans, il débute la boxe anglaise à Sedan.
Entre 1988 et 1990, il est sacré trois fois champion de Champagne-Ardenne-Picardie.
En 1994, un accident de travail l’empêche de passer professionnel.
Il devient entraîneur du club de boxe de Nouzonville en 1996.
En 2008, Douda Sow, l’un de ses poulains décroche la médaille d’argent aux JO de Pékin.
En 2012, une biographie du Nouzonnais est publiée.
En 2017, la seconde édition des Sang Liés a lieu.
Par Corinne Lange
Source : L’Union - L’Ardennais