Le Français (18 v, 3 n, 8 d) a inauguré la reprise d’activité des pugilistes professionnels français en allant défier l’Allemand Jack Culkay (28 v, 4 d), détenteur du titre WBO international des super-welters, le 12 juin, à Berlin. A la clef, une défaite avec les honneurs, aux points, à l’unanimité des juges (112-116, 111-117, 110-118) mais une expérience unique.
Le Francilien s’est vu proposer pareil défi seulement deux semaines avant l’échéance. Sachant que pendant le confinement, il n’avait pas relâché ses efforts. Il avait en effet continué de s’entretenir en effectuant des sorties de course à pied, de la préparation physique générale et du sac, chez lui. Avant d’aller en découdre outre-Rhin, il n’a eu la possibilité que de suivre une mini-préparation ponctuée de deux mises de gants d’un total de seize rounds, à chaque fois, en extérieur. Pas l’idéal pour aborder au mieux un tel rendez-vous mais l’intéressé n’est pas du genre à se défausser. « Ce sont les Allemands qui ont contacté mon agent, explique-t-il. Je n’ai pas hésité et j’ai dit oui d’autant que mon coach, Éric Tormos, a estimé que c’était possible. Malgré le peu de temps qui s’offrait à moi, j’ai accepté car je voulais tenter ma chance. » Sans pour autant avoir à abandonner son titre de champion de France de la catégorie.
Les mesures sanitaires respectées à la lettre
Il était, en revanche, indispensable de se soumettre à un protocole des plus stricts afin de ne pas prendre de risque inconsidéré. Le vol aller-retour en avion n’était donc composé que de personnes se déplaçant pour un motif professionnel avec, de surcroît, une distanciation sociale entre les passagers. Sur place, toutes les mesures sanitaires ont été respectées à la lettre. Le visiteur a ainsi subi deux tests virologiques au cours de la semaine précédente pour s’assurer qu’il n’avait pas contracté le Covid 19. Et, le jour J, seuls les deux duellistes, leurs hommes de coin et l’arbitre étaient autorisés à ne pas porter de masques. Les officiels et les caméramans, eux, en arboraient un. Les tribunes étaient, quant à elles, bien sûr, vides, ni les autres athlètes à l’affiche de la réunion ni leur staff n’étant autorisés à assister aux confrontations. De même, aucun buffet d’après-gala n’était sciemment prévu.

Dans le carré magique, le sociétaire du Red Star audonien a été loin de démériter et a seulement pâti d’une déficit d’entraînement comparé à son rival qui, lui, avait pleinement repris du collier dès que l’heure du déconfinement avait sonné, notamment en accumulant les oppositions. « Physiquement, je savais que j’étais prêt, assure le Tricolore. Il m’a forcément manqué le coup d’œil et des automatismes, si bien que je n’ai pas osé certains enchaînements de peur de me découvrir. Faute d’avoir suffisamment pu travailler avec des partenaires, je ne savais pas ce que je pouvais encaisser. En temps normal, c’est quelqu’un que j’aurais pu battre. Globalement, j’ai avancé et je l’ai souvent fait reculer. Néanmoins, Culkay reste un guerrier et il a essayé d’imposer son rythme. Il a fait la différence en ayant un débit de coups supérieur au mien. Cependant, le combat n’a pas été dur. Au final, j’ai eu le sentiment d’avoir fait une grosse séance de sparring. J’espérais qu’il me prenne à la légère. » Conscient des qualités de son challenger, l’Allemand a évité de tomber dans le piège.
« Cela reste de la boxe à part entière »
Howard Cospolite
Et le huis clos, c’était comment ?
« Moi, j’aime bien me produire à l’extérieur et avoir le public contre moi, répond Howard Cospolite. Cela me galvanise car je me nourris de cette rage. Là, ça m’a manqué en terme d’ambiance. Il n’y a pas cette sur-motivation. D’ un autre côté, cela incite à être plus posé et plus réfléchi tactiquement. On écoute davantage les consignes du coin. Néanmoins, cela reste de la boxe à part entière. Quand on prend les premières droites, on se rend compte que l’on est vraiment sur un ring ! Si l’on n’a pas le choix, bien sûr, que j’accepterai de disputer de nouveau des combats dans ces conditions. Je ne vais pas chipoter. Déjà que l’on boxe rarement… »