C’est toute une fratrie qui est plongée dans la peine et la nostalgie après le décès, dans son sommeil, dans la nuit du samedi 19 au dimanche 20 août, de Baya Zaïm, la clef de voûte d’une famille qui pleure une mère exemplaire.

Évoquer l’itinéraire de Baya Zaïm, qui a rendu son dernier souffle à quatre-vingt-douze ans, c’est se replonger lucidement dans un pan de l’Histoire de France, celle de l’après-Guerre, de la reconstruction et de la décolonisation. En 1948, le père, Amar Zaïm, quitta la Haute Kabylie pour nourrir les siens restés sur l’autre rive de la Méditerranée. Il s’établit à Nouzonville, dans le quartier de la Cachette, et fut enrôlé par la fonderie Thomé-Crombak en quête de main d’œuvre. Il y restera près… d’un demi-siècle. Durant ses dix premières années passées dans l’Hexagone, il ne revit pas son épouse ni ses enfants. Jusqu’à ce qu’un drame mette fin à cette séparation inhumaine. En effet, son aînée périt de la varicelle, en Algérie, parce qu’il ne parvint pas à envoyer à temps les médicaments nécessaires pour la sauver.
Avec ses deux filles et son fils, Baya Zaïm rejoignit donc son mari, en 1958, dans les Ardennes. Pour cela, l’employeur d’Amar, ému par la mort de la fillette, lui apporta son concours en aidant à effectuer les démarches et à les faire aboutir. Comme les autres immigrés, ils furent logés dans un ancien casernement des Allemands. Au fil de ses jours, Baya Zaïm éleva avec abnégation quatorze enfants qui grandirent dans la dignité, la rigueur et la droiture.
« Cela nous a fait grandir et devenir ce que nous sommes »
Le foyer vivait sur un seul salaire, celui du paternel. Soit 1 500 francs de l’époque. Seul luxe, un bout de terrain pour y faire un potager abondant. « On bêchait sans cesse partout. On ne mangeait pas de la viande tous les jours mais on mangeait déjà bio. En effet, tout provenait du jardin, c’étaient des aliments purs. Pour le reste, il n’y avait pas d’eau chaude ni de salle de bain. Les murs étaient en torchis, se remémore avec pudeur Hamid Zaïm qui vécut là jusqu’en 1984. C’était très dur et cela l’a été encore plus pendant la Guerre d’Algérie. Trois de mes oncles ont également été embauchés chez Thomé-Crombak qui avaient des œuvres sociales. L’entreprise nous donnait des vêtements neufs. Il y avait aussi ce que l’on appelle aujourd’hui les Restos du Cœur. On n’avait pas le choix mais cela nous a fait grandir et devenir ce que nous sommes. Ma mère était fière de nous. Elle ne manquait jamais un gala de boxe. » En ce mercredi 23 août, ses héritiers, soudés comme jamais, se sont envolés pour l’accompagner à sa dernière demeure, dans le village d’Ouled Saïd.
La FF Boxe et son Président, Dominique Nato, présentent leurs condoléances les plus sincères à Hamid Zaïm et à ses proches.