Le 20 janvier, à Levallois, la Clichoise (18 v, 1 d) a remporté le bras de fer qu’elle a imposé à Myriam Dellal (15 v, 3 n, 7 d) pour conserver, aux points (97-93, 97-93, 95-95), sa ceinture IBF des super-plumes et s’adjuger un duel franco-français qui a fait lever les foules.

Le public du Palais des Sports Marcel Cerdan savait à quoi s’attendre et il a eu ce qu’il était venu chercher. Dès le premier coup de gong, les deux lionnes étaient lâchées pour ne plus en démordre dix rounds durant. A trente-huit printemps, loin d’être favorite, Myriam Dellal, à l’évidence très affutée, entendait prouver qu’elle méritait sans le moindre doute d’être là et d’avoir sa chance. Loin de temporiser et, encore moins, de se défiler, elle démarrait pied au plancher en martelant la tenante alternativement en bas et en haut. En somme, elle partait à l’assaut sans peur et sans reproche, si ce n’est un, majeur : une perméabilité défensive supérieure à sa rivale qui lui faisait bien trop s’exposer aux attaques de policière parisienne.
Très rapidement, la confrontation se résuma à un mano a mano sur le mode à toi, à moi, à grands coups de crochets larges de part et d’autre. Forcément, les spectateurs exultaient. Il y avait de quoi tant l’intensité du spectacle était grande et l’implication des protagonistes totale. Physiquement, leur prestation était à l’évidence admirable. Techniquement, en revanche, les puristes du noble art restaient sûrement un peu sur leur faim car aucune des deux boxeuses ne cherchait véritablement à esquiver et à désaxer, les moyens de défense n’étant aucunement leur priorité. Elles se montraient encore moins disposées à sciemment reculer ou à tourner pour mieux remiser. On était là dans l’opposition de deux volontés titanesques de ne pas céder un pouce de ring et, au contraire, d’y imposer leur loi en son centre.
Des réunifications puis Katie Taylor ?
Au crédit de la tenante, toutefois, une plus grande faculté à travailler à l’intérieur et donc à délivrer des uppercuts d’école. Surtout, sa puissance supérieure lui permettait de prendre le plus souvent l’ascendant dans les échanges et de mieux les conclure. En somme, elle assénait les coups les plus nets et les plus lourds. Néanmoins, l’Auvergnate, magnifique de courage et d’abnégation, était loin de faire de la figuration ni même seulement de la résistance. C’est elle qui, fréquemment, entamait le mieux les reprises en veillant à toujours varier les zones de frappe et à tirer parti des mains parfois un peu basses de la Francilienne. Laquelle état priée, par son coin, d’avoir une garde plus hermétique, de continuer à en découdre à mi-distance et de ne pas relâcher son pressing en restant néanmoins suffisamment précise.

Tout un programme… pas si facile à appliquer à la lettre car Myriam Dellal, héroïque, refusait de céder et répliquait, en particulier au corps mais pas que. Bien qu’encaissant davantage de coups de plein fouet sans jamais vaciller, elle avait la lucidité d’essayer, autant que possible, de ne pas se laisser coller pour exploiter son allonge supérieure. Une louable intention qui n’empêchait pas la championne, légèrement plus active et dont les offensives avaient été plus décisives et tranchantes, de s’imposer logiquement. Un succès qui n’a pas étonné Anne-Sophie Mathis. Celle qui a livré deux combats homériques face à Myriam Lamare, se doutait d’une telle issue : « Comme je l’avais dit, c’est allé aux points. Je savais que Myriam ne lâcherait pas l’affaire et avait le physique pour tenir la distance. Quant à Maïva, c’est un bulldozer qui ne cesse d’avancer et qui enchaîne mais qui, à mon sens, ne fait pas assez mal, ce qui laisse parfois la possibilité à ses adversaires d’avancer elles aussi. »
A présent, Maïva Hamadouche, qui a eu la sportivité de rendre hommage à Myriam Dellal et à « son courage », entend réunifier les ceintures, histoire de se voir proposer des challengers plus motivants que de simplement défendre son titre IBF. Autre perspective, aller défier, même sur ses terres, l’épouvantail irlandais, Katie Taylor, actuelle championne du monde WBA des légères.
Par Alexandre Terrini
Mise en ligne par Olivier Monserrat-Robert