Le Français (17 v, 2d) n’a pas tergiversé pour battre, par arrêt de l’arbitre (2e), le Transalpin Dragan Lepei (20 v, 2 n, 5 d), chez lui, à Fréjus, le 31 mars. Une victoire avec la manière qui fait de lui le nouveau champion de l’Union européenne des super-moyens.
Son nom de scène est Marvelous. Bien sûr, on pense à celui qui s’était affublé de la même appellation, l’illustre et implacable roi des poids moyens, l’Américain Marvelous Marvin Hagler. L’humilité autant que la lucidité n’incitent par le Varois à se comparer à son illustre aîné, conscient qu’il n’est pas encore au niveau mondial, que pour cela « il lui manque encore l’expérience des grands combats » ainsi que beaucoup de séances de sparring contre des durs à cuire venus des quatre coins de la Planète et au style à chaque fois différent.
Il n’empêche, le protégé de Yannick Paget a de sacrés atouts dans sa besace pugilistique et pas uniquement un punch dévastateur. Techniquement, il est loin d’être frustre et plutôt complet, au point de maîtriser l’essentiel des fondamentaux technico-tactiques de la discipline. La chose friserait la banalité si l’on ne prenait pas soin de rappeler que le garçon a entamé son périple dans le carré magique il y a dix ans à… vingt piges. Quand on l’interroge, il répond avec une sincérité non feinte teintée d’un éclat de rire dont il a le secret que jamais il n’eût pensé en arriver là un jour. On le croit volontiers.
Heureux d’avoir « retrouvé toutes ses sensations »
Pourtant, à décortiquer sa prestation contre Dragan Lepei, vainqueur de Mathieu Bauderlique, cueilli par surprise, un après-midi de juin 2017, à Pont-Sainte-Maxence, on subodore que l’Azuréen ira plus loin encore. « Avec Yannick nous avions vu que Dragan Lepei avait déjà perdu un match avant la limite dans les premiers rounds, raconte le Tricolore. On savait qu’il ne les prenait pas à froid. C’est pourquoi, dès la première reprise, même si elle a consisté à s’observer, je me suis efforcé de m’imposer en gardant les mains bien hautes. J’ai d’emblée voulu montrer que c’était moi le patron mais sans me précipiter. Suite un blocage-remise, je l’ai envoyé au tapis sur un crochet gauche à la tempe. J’ai alors essayé d’abréger les débats sans me jeter et en restant vigilant. Je l’ai à nouveau acculé dans les cordes sur à une accélération. Je l’ai touché et l’Italien a vacillé avant d’être sauvé par le gong. Dans la deuxième, je l’ai calmement pilonné (sic) avec mon direct du bras avant puis j’ai enchaîné après l’avoir coincé dans un coin du ring. Au moment où j’allais passer ma droite, l’arbitre s’est interposé… » C’est parfois si simple le noble art…
Le Sudiste, qui « s’est senti super bien », a de quoi être et « fier » de sa performance et heureux d’avoir « retrouvé toutes ses sensations après un an d’inactivité ». A présent, il aimerait défendre sa couronne, histoire d’emmagasiner un peu plus de vécu à l’échelon continental, puis s’attaquer au titre EBU détenu par son grand pote Kevin Lele Sadjo. Un duel est-il possible entre ces deux-là qui s’apprécient pour de bon et pas pour la galerie ? Gustave Tamba, qui n’a toujours pas de promoteur et est ouvert à une éventuelle collaboration qui en vaudrait le coup avec l’un d’eux, ne dit pas non. Si toutes les conditions en matière de préparation et pécuniaires sont réunies. Il sait qu’un tel duel ferait le bonheur de la boxe hexagonale et de ses suiveurs experts ou pas.