Le Français (44 v, 1 d) a très aisément conservé sa ceinture EBU des super-plumes en donnant la leçon à l’Espagnol Ruddy Encarnacion (37 v, 4 n, 26 d), étrillé aux points (117-113, 119-109, 118-108), à l’unanimité des juges, le 24 juin, à Pont-Sainte-Maxence.

Dans la touffeur pontoise, les débats débutaient sur un faux rythme. Certes, le challenger avançait et délivrait des coups secs mais de manière assez stéréotypée et donc prévisible. Cherchant les flancs dans l’espoir de remonter ensuite à la face, il ne surprenait nullement le Picard. D’autant qu’il ne désaxait jamais en sortie d’attaque, si bien que non content de toucher trop rarement, il se faisait fréquemment contrer en sortie d’action, lesquelles tournaient systématiquement à l’avantage du tenant.

Dans la troisième, le Picard remisait avec son bras arrière, ses gauches derrière l’oreille faisant chanceler l’Ibère qui ne sait pas boxer en reculant. Seul bémol, le Saint-Quentinois n’imprimait pas suffisamment de rythme aux débats alors qu’on avait le sentiment lancinant qu’en accélérant, il était en mesure de faire la différence, voire d’abréger la confrontation. Même s’il en est défendu à sa descente de ring, la chaleur était sans nul doute pour quelque chose dans cette relative parcimonie et incitait le champion à en garder sous le pied au cas où. Alors, au lieu d’enchaîner systématiquement et de suivre davantage lorsqu’il repoussait Ruddy Encarnacion, il se contentait de gérer. En clair, de bloquer avec sérieux les offensives du Madrilène d’adoption, incisif mais trop limité techniquement pour faire sensation quand bien même ne travaillait-il que sur un ou deux coups qu’il voulait suffisamment durs pour lui permettre de gagner avant la limite.
Pas de risques inutiles dans la perspective d’une échéance planétaire
Plus précis, plus rapide et toujours rigoureux tactiquement, l’élève de Giovanni Boggia se montrait minimaliste mais terriblement efficace dans un style avec très peu de déchet. La perspective d’une échéance planétaire ne l’engageait de surcroît pas à prendre des risques inutiles ni à faire le spectacle pour la galerie. Les rounds se succédaient et l’écart de pointage sur les bulletins des juges croissaient imperturbablement. D’autant que le Dominicain d’origine n’avait pas une garde des plus perméables, ses mains étant non seulement trop loin de son visage et trop écartées. Il n’en fallait pas plus pour le Tricolore passe tantôt à l’intérieur, tantôt à l’extérieur, à chaque fois avec autant de bonheur. Les ultimes opus du duel ne changeaient rien à l’affaire. Guillaume Frénois se contentait de laisser venir son contradicteur et répliquait de manière chirurgicale pour achever de convaincre les juges que c’était bien lui le patron du ring. Un constat que leur verdict à l’unisson corroborait même si le public de La Salamandre regrettait que son favori n’ait pas lâché davantage les chevaux.

Son entraîneur, Giovanni Boggia, aussi : « Le gars, en face, n’a rien donné ni rien livré, si bien que Guillaume est resté dans sa zone de confort. Il a montré qu’il est un boxeur de niveau européen. Il a gagné presque tous les rounds sans rien faire. Mais quand un adversaire met du rythme, comme cela avait été le cas de Samir Ziani, auquel il faut rendre hommage, on a vu que Guillaume était là. Il a une boxe scientifique et léchée, une boxe d’école, avant tout pour les spécialistes. Pour lui, j’aurais préféré qu’il mette un coup de folie et qu’il arrive à gagner avant la limite. Je pense que des champions du monde vont être intéressés par lui parce qu’ils vont se dire que c’est facile alors que Guillaume est très dur. J’espère qu’ils vont se planter. Beaucoup sont persuadés qu’ils vont le battre. Il faut les laisser croire… Toujours est-il que nous avons deux propositions. On va voir… »
Par Alexandre Terrini
Mise en ligne par Olivier Monserrat-Robert
Crédit photo : Denis Boulanger - Presse Sports