Le 7 juillet, chez lui, à Saint-Quentin, le Français (50 v, 2 d, 1 n) a conquis le titre IBO international des légers en dominant, aux points, à l’unanimité des juges (98-92, 99-91, 97-93), l’Argentin Miguel German Acosta (14 v, 10 d, 2 n). Un résultat à marquer d’une pierre blanche.
Fidèle à ses bonnes habitudes, le Picard l’a emporté avec méthode et discernement. « Le Sud-Américain était plutôt rugueux et cherchait l’épreuve de force, raconte-t-il. Il s’est donc exposé à des contres très durs même si je n’ai pas abrégé les débats car je ne me suis pas non plus acharné. En revanche, j’ai inscrit des points dès les premières reprises en boxant sur mes qualités. J’ai appris des choses en travaillant ce que mon coin me demandait de faire, par exemple, placer mon crochet droit, sachant que lui aussi est fausse garde. Je suis content car j’ai montré de belles choses. C’est un succès maîtrisé. » On ne s’attendait pas à autre chose.
Surtout vu les circonstances : « C’est une victoire qui a un bon goût puisque c’est la cinquantième, rappelle le Tricolore. Quand je suis passé pro, jamais je n’aurais pensé que je gagnerais cinquante combats professionnels. Ce chiffre étoffe un peu plus mon palmarès. » On dira même qu’il pose un peu plus le bonhomme dans le paysage du noble art hexagonal et en dit beaucoup sur son niveau gants aux poings. « J’ai quand même rencontré de très bons adversaires et je n’ai jamais refusé quelqu’un, insiste l’Axonais. Je pense avoir construit ma carrière. Il y a de la fierté. »
« J’ai toujours été sous-estimé par beaucoup de monde »
Quelles sont les clefs d’un tel avènement ? Le sérieux ? Le don inné ? « Il y a vraiment un peu de tout, surtout du travail et de la rigueur, répond l’intéressé. Et puis j’ai été formé par le staff de l’équipe de France. Sur le plan technique, cela apporte certaines certitudes. » Et le talent dans tout ça ? « Franchement, je ne sais pas comment le définir », esquive Guillaume Frenois. Pour la première fois, on ne le croit guère. Lui évoque plutôt une tête bien faite : « Je pense que sur un ring, j’ai, entre guillemets, un pouvoir d’analyse et de prise de décisions pertinentes. » Au point de se qualifier de pugiliste cérébral ? « C’est un peu ça. Je me suis déjà défini comme ça. Je suis un mélange de tout ça. Ma réussite a également été le fruit de choix de carrière et d’entraîneur à des moments où il fallait les faire. »
Résultat : des titres de champion de France, de l’Union européenne et d’Europe agrémentés de diverses ceintures internationales. Des états de service visiblement pas suffisamment probants aux yeux de tous : « J’ai toujours été sous-estimé par beaucoup de monde, sourit l’Expert qui porte si bien son nom de scène. Mais, dans la mesure où je n’attends rien de personne et que le strass et les paillettes, ce ne sont pas mon truc, cela ne m’a pas touché. » Là, on le croit sincèrement.
A trente-huit printemps, le clap de fin n’est pas pour maintenant mais pour dans pas très longtemps non plus : « Ce que je veux, c’est rester actif et finir sur un grand combat, en l’occurrence, un championnat du monde, affirme-t-il. Il me reste un an et demi pour y arriver et finir en apothéose. » Méritée.
