Goulamirian est grand

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Le 24 mars, à Marseille, Arsen Goulamirian (23 v) a succédé à Fabrice Tiozzo et à Jean-Marc Mormeck en devenant, à son tour, champion du monde des lourds-légers. Il s’en en effet emparé de la ceinture WBA de la catégorie en dominant le Belge, jusque-là invaincu, Ryah Mehry (24 v, 1 d) par arrêt de la l’arbitre de la onzième reprise.
 
 
On ne saura peut-être jamais si, à l’heure d’en découdre, Arsène Goulamirian avait envie de trôner au sommet de « L’Empire du côté obscur », titre magistralement interprété, sur le ring, par le groupe IAM, ou, au contraire, de le quitter pour se parer des lumières d’une renommée, celle qui sied à un champion du monde. « Je vois ta main droite gantée de noir - C'est sans espoir, la mutation s'amorce - Ta nature que tu obtures, le côté obscur de la force », déclamait Akhenaton juste avant l’entrée en scène des deux duellistes. Sans doute le Français, qui pénétra dans l’arène sur une musique arménienne lui rappelant les origines d’une vie qui ne l’avait, jusque-là, pas toujours épargnée, trouva aussi dans ces rythmes l’inspiration transcendante qui lui fit, dès le départ, être à la hauteur de l’événement.
 
 
De premier round d’observation, il n’y eut point. Ce fut plutôt celui de la confirmation tactique : un tank bleu, blanc, rouge qui avance, bien protégé par le blindage de sa garde haute ; un lance-roquette belge aux tirs ciselés, en particulier avec un bras avant chirurgical, capable de redoubler, d’abord au foie avant de remonter à la tempe, tout en meublant avec des jabs. Des banderilles répétées et donc, à la longue, prévisibles. Si bien que le Haut-Garonnais d’adoption, sachant à quoi s’attendre, accentuait véritablement son pressing à compter du troisième opus. Sa grande marche en avant obligeait le visiteur à remiser en tournant sans cesse. Il y parvenait, certes, mais de manière moins convaincante que les offensives nettement plus puissantes du Tricolore. Si bien que le pugiliste d’oute-Quiévrain était pour la première fois véritablement acculé dans les cordes dès la cinquième reprise.
 
Feroz… l’était grâce à sa condition physique irréprochable
 
L’enfant d’Erevan passait à foison des crochets droits dévastateurs et n’était guère ébranlé par les uppercuts et les directs du gauche de son rival. A la mi-combat, le rouleau compresseur blagnacais, qui ne négligeait jamais le cadrage, continuait savamment d’épuiser le natif d’Abidjan et de le cuire à l’étouffée. Ses coups plus lourds transperçaient la défense du Belge qui pliait mais ne rompait pas quand bien même éprouvait-il une difficulté croissante à bloquer. Pour combien de temps ? C’est la question que, légitimement, l’on posait dans la deuxième partie de la confrontation car, loin de s’amenuiser, la tendance s’accentuait franchement. Feroz… l’était grâce à sa condition physique irréprochable et à ses combinaisons des deux mains d’une efficacité imparable, en particulier en sorties de corps à corps systématiquement à son avantage. Le protégé d’Abel Sanchez avait en effet la lucidité de ne pas se désunir ni se découvrir, d’aller à la guerre en conservant sa précision. A la longue, le poing gauche de Ryad Mehry, en déficit d’agressivité, lui servait de moins en moins de bouclier et ne le mettait guères en position de pouvoir placer un contre fatal mais simplement des séries qui ne secouaient en rien le solide encaisseur qu’est le Français, en avance sur les bulletins des juges.
 
 
L’étau se resserrait implacablement et celui qui débuta sa carrière chez les pros sous les précieux auspices de Mohamed Bennama porta l’estocade dans le onzième round. Une première droite pleine face puis une déferlante de coups et l’arbitre eut l’à-propos de s’interposer pour éviter le pire. Arsen Goulamirian leva alors les mains, entreprit un tour d’honneur et s’allongea délicatement sur le ring pour laisser ses pensées s’évader vers des cimes que le toit du Palais des Sports phocéen ne masquait plus. Le Septième ciel était bel et bien là, celui de la France et de l’Arménie auxquelles le héros de la soirée avait l’élégance de dédier sa probante victoire.
 
Par Alexandre Terrini
 
Mise en ligne par Olivier Monserrat-Robert
 
Crédit photos - Karim de la Plaine

 

 

 

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