Le Français (24 v) n’a pas eu de peine à conserver avec la manière sa ceinture WBA des lourds-légers en venant à bout du vaillant Australien Mark Flanagan (24 v, 6 d), vaincu par jet de l’éponge (9e), samedi 20 octobre, à Marseille.

Peut-être davantage que par le déroulé de la confrontation sur le ring, lequel n’a fait que confirmer les atouts et la maturation d’Arsen Goulamirian sous la houlette de son entraîneur, Abel Sanchez, c’est par l’atmosphère qui régnait dans le Palais des Sports de la cité phocéenne qu’il convient de commencer. Une ville cosmopolite qui, au fil des décennies, a vu des gens venus d’ailleurs y débarquer dans l’espoir de faire ou de refaire leur vie en France. Le grand-père de Sébastien Acariès, promoteur et organisateur de la soirée, fut d’ailleurs de ceux-là. Tout comme nombre d’Arméniens dont les aïeux se sont établis là pour fuir le génocide dont ils étaient la cible.





Nul doute qu’Arsen Goulamirian, natif d’Erevan, avait tout cet héritage dans un coin de sa tête à l’heure de se produire dans le carré magique. Dans les travées, la communauté arménienne avait répondu présent, désireuse de soutenir à cor et à cri son héros qui fit son entrée au son et aux mots de la célèbre chanson de Charles Aznavour - auquel il dédiera d’ailleurs sa victoire trois quarts d’heure plus tard - « Je m’voyais déjà ». « Rien que sous mes pieds de sentir la scène - De voir devant moi le public assis, j’ai le cœur battant - On m’a pas aidé, je n’ai pas eu d’veine - Mais au fond de moi, je suis sûr d’avoir du talent », dit notamment le texte. Un couplet dans lequel le tenant s’est pleinement retrouvé tant il a dominé son sujet.
Une place au soleil de la cour des très grands
Certes, l’Océanien avait tout pour le faire briller : (très) dur au mal, solide encaisseur, ne fuyant pas la confrontation et doté d’une technique minimale pour que les échanges ne soient pas brouillons. Le champion n’en demandait pas plus pour faite étalage de ses deux qualités maîtresses : la puissance et le cardio. Encore lui fallait-il en user avec intelligence, en dosant et en lâchant les chevaux quand il le fallait. Ce qu’il fit avec patience, sans confondre vitesse et précipitation.





Dans ces conditions, contre plus fort que lui, tant physiquement que gestuellement, l’Aussie fut lentement cuit à l’étouffée. Secoué dans la cinquième reprise puis dans la sixième, lorsque le Français se mit franchement à accélérer, il céda dans la neuvième après deux voyages au tapis consécutifs à des droites aux allures de boulets de canon. Jusque-là, Arsen Goulamirian avait pris soin de construire en effectuant un pressing sans relâche, la garde bien haute, et en misant sur des séries lourdes mais toujours très précises, ce qui leur conférait toute l’efficacité requise. Les premières banderilles, elles, étaient à chaque fois plantées en direct du gauche. Un travail de sape, un peu au corps, davantage au visage, auquel il était impossible à son rival du soir de résister plus longtemps. Son coin eut la sagesse d’en convenir et d’abréger le chemin de croix du visiteur dans le neuvième opus.





Au micro de Canal+, Feroz pouvait décrypter son probant et limpide succès : « Il me faut trois ou quatre rounds pour entrer dans le combat. On savait que Flannagan serait un rude adversaire mais pas à ce point-là. Respect. Il encaisse les coups mais j’étais super bien entraîné et le plus dur. J'ai été meilleur sur les jambes qu'en mars (lors de son précédent championnat du monde devant le Belge Ryad Merhy, N.D.L.R.). Avant, je cherchais le K.-O., aujourd’hui, je cherche à toucher. » On attend désormais de voir le Tricolore à l’œuvre devant des contradicteurs d’un niveau encore plus relevé. Nul doute qu’il a le talent et le potentiel pour se faire une place au soleil de la cour des très grands.





Par Alexandre Terrini
Mis en ligne par Olivier Monserrat-Robert
Crédit images - KDLP/Univent