« Je suis une boxeuse plus technico-tactique que physique, plutôt dans la contre-attaque. Une boxe réfléchie ». Bilitis Gaucher est un peu sur le ring comme à la ville : elle fait preuve de psychologie. La boxeuse professionnelle de l'US Saint-Maur sera opposée ce soir à la Serbe Suzana Radovanovic, lors du gala de son club. « Je n'aime pas regarder mon adversaire avant, sinon je m'enferme dans un schéma tactique. Je laisse Sébastien Piteau (son entraîneur) travailler, il m'a envoyé un mail avec les enchaînements à prioriser ».

Radovanovic, 40 ans, vingt-sept défaites (dont trois avant la limite) pour une unique victoire en pro ? Bilitis n'en est pas moins méfiante. « Elle a beaucoup de défaites, mais elle a vraiment boxé tout le monde, et perd souvent aux points ». La boxeuse saint-mauroise a préparé son combat avec minutie. « Cette semaine, il y a eu d'abord des répétitions techniques et une grosse intensité, mardi c'était un rappel de force, jeudi le dernier pic lactique, qui provoque une surcompensation entre 48 et 72 heures après ». La psychologue et boxeuse Bilitis Gaucher est à son aise en conciliant les deux activités. « Dans mon métier, on me demande souvent " pourquoi la boxe ? ". La boxe, c'est l'expression corporelle, avec une temporalité autre. En tant que psychologue, je suis plus dans l'esprit, la pensée. A la boxe, on me dit d'arrêter de faire ma psy ! » Elle sait aussi qu'elle devra forcer sa nature pour faire pencher la balance en sa faveur. « Il faut que je sois plus agressive pour rendre l'impact plus puissant aux yeux des juges. Ça a pu me desservir par le passé. Je peux faire mal, mais ce n'est pas mon atout majeur. Lors de mon dernier combat contre une Espagnole, j'ai beaucoup touché mon adversaire mais le fait de ne pas bouger, ça a donné un match nul ». Celle qui est passée pro il y a trois ans - comptant quatre victoires dont une avant la limite, sept défaites (un K.-O.) et deux nuls - ne se projette pas plus loin que 2017. « L'objectif de cette année, c'est le championnat de France où je serai challenger, je veux avoir cette ceinture. Après, on verra. J'ai 27 ans, je commence à avoir d'autres envies et la boxe me prend beaucoup de temps. Je pense à beaucoup de choses… Je fais ma psychologue ! »
Par : Sébastien Bourcier
Source : La Nouvelle République