Le Picard (43 v, 1 d) n’a éprouvé aucune difficulté à conserver, le 4 mars, à Saint-Quentin, son titre continental des super-plumes en battant aisément aux points (116-112, 118-110, 120-108) Vyacheslav Gusev (22 v, 4 d). Trop limité et stéréotypé, le Russe n’a jamais fait illusion.

Deux fois champion de Russie puis successivement détenteur des ceintures WBA puis WBO intercontinental, WBC Caraïbes et WBO Europe : Vyacheslav Gusev pouvait s’enorgueillir d’un palmarès honorable à l’heure de monter sur le ring de Saint-Quentin. Seulement, c’était dans la catégorie inférieure, en plumes, et, surtout, dans une autre vie puisqu’il n’avait plus livré de combat depuis décembre 2015 et n’en avait disputé que quatre à compter de mai 2011.
Une partition déroulée avec application et constance
Un manque d’activité qui s’est ressenti dès l’entame de la confrontation. Certes, le challenger a immédiatement enclenché la marche avant mais pour la forme. Plus petit que son rival (1,64 mètre contre 1,72 mètre), il avait évidemment tout intérêt à casser la distance. Oui mais pour faire quoi ? Pas grand-chose dans la mesure où son obstination à ne pas feinter au moment de préparer ses attaques, sa manière de se cantonner, pour l’essentiel, à marteler les flancs du Français et à délivrer des crochets des deux mains systématiquement bloqués par le tenant ne lui ont jamais permis de mettre en danger ce dernier. Sans compter une propension récurrente à se laisser bassement aller à des irrégularités peu reluisantes en s’accrochant ou en appuyant sciemment sur la nuque de son adversaire. Dès lors, Guillaume Frénois, nettement plus explosif dans ce qu’il entreprenait, n’avait plus qu’à dérouler sa partition et à avoir le sérieux suffisant pour s’y tenir. Ce qu’il fit avec application et une remarquable constance. Capable de boxer en reculant et en tournant, il fit parler, tout au long des douze rounds, sa vitesse de bras, sa palette technique complète et son coup d’œil. Donnant son bras avant afin de repousser le natif de Prokopyevsk ou le laissant délibérément venir pour le cueillir, tantôt en uppercut au corps ou à la face, tantôt avec son direct du bras arrière, il marquait également de précieux points en contrant de près. Seul bémol : un travail en séries insuffisant qui aurait pu, peut-être, l’aider à faire la différence avant le douzième et ultime opus.
« Réussis un KO, les gens s’en rappelleront »
En face, Vyacheslav Gusev, trop lent, voire, parfois même, disons-le, emprunté, se montrait en revanche imperturbable. Il persévérait en repartant à chaque fois à l’assaut mais toujours de façon aussi monolithique. Ayant de surcroît tendance à se jeter, ses coups arrivaient en bout de course et ne pouvaient ébranler le Tricolore. Il n’était dangereux qu’en corps à corps et avec sa tête trop en avant. Heureusement, le champion avait l’intelligence de demeurer vigilant et de conserver une garde hermétique. Dans ces conditions, son coin lui demandait, lors de la minute de repos, d’en faire plus, histoire d’abréger les débats. « Tu l’impactes souvent. S’il ralentit, tu accélères, pouvait-on entendre tour à tour. Si tu peux, bats-le avant la limite. Réussis un KO, c’est important pour toi comme pour les gens. Ils s’en rappelleront. Il faut que tu aies le projet de le foutre en l’air. Au lieu de donner deux crochets, mets-lui en trois car quand il vacille, tu ne lui mets pas le coup en plus ». De fait, le Saint-Quentinois passa la vitesse supérieure à partir de la dixième reprise. Ses frappes se firent plus sèches et plus puissantes mais n’étant pas puncheur, il dut se contenter d’accroître son avance déjà confortable sur les bulletins des juges. Sa victoire n’en est pas moins belle et ne souffre pas la moindre contestation. De quoi se satisfaire, au micro de SFR Sport, de cette première défense par dérogation menée tambour battant : « Je n’ai pas pris trop de risques car en face, même si ça ne payait pas de mine, c’était vraiment bon techniquement. J’ai réussi à déjouer sa boxe en me déplaçant beaucoup ».
Par Alexandre Terrini
Mise en ligne par Olivier Monserrat-Robert
Crédit photos : Denis Boulanger (Presse Sports)