Frénois méritait mieux

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Le 8 décembre, à Sheffield, en demi-finale IBF des super-plumes, le Français (46 v, 1 n, 1 d) a été contraint de concéder le match nul (115-113, 113-115, 114-114) contre l'Irlandais Jono Carroll (16 v, 1 d). Selon la formule consacrée, le score ne reflète pas la physionomie des débats.
 
 
Avec des allures de Conor McGregor, son provoquant compatriote tatoué qui officie en MMA, Jono Carroll entamait les hostilités sans complexe mais sans génie. Sa stratégie était en effet rudimentaire et se limitait, pour l’essentiel, à enchaîner droite-gauche avec, pour seule fantaisie, des séries un peu plus conséquentes au corps. Rien de terrible. Surtout rien qui ne puisse surprendre le Picard qui s’offrait le luxe d’avancer, les mains bien hautes pour bloquer les attaques adverses.
 
 
Beaucoup plus délié dans sa gestuelle et doté d’une vitesse de bras nettement supérieure, c’est bel et bien Guillaume Frénois qui marquait les touches les plus nettes, en particulier au visage, son bras arrière transperçant régulièrement la garde du Britannique. Lequel était dans l’ensemble assez frustre, boxant systématiquement en ligne, sans quasiment jamais désaxer et, de surcroît, pas toujours à sa distance. Si bien que soit ses coups arrivaient en bout de course, soit perdaient de leur impact car ils étaient assénés de trop près.
 
Des pas de retrait et des esquives rotatives d’école
 
Un scénario qui convenait parfaitement au Français dont la panoplie technique était nettement plus étoffée et qui, lui, sait boxer en tournant ou en reculant. Son contradicteur, plus trapu, n’avait pour lui qu’une puissance supérieure et un débit de coups soutenu. Mais, encore une fois, pour une moindre efficacité d’autant que le Tricolore effectuait des pas de retrait et des esquives rotatives d’école, n’exposant que ses flancs aux assauts de son rival.
 
 
Sûr de sa boxe, Guillaume Frénois laissait sciemment venir à lui l’impétueux Dublinois. Une option d’autant plus compréhensible que la boxe du local était lisible et claire comme de l’eau de roche, dans la mesure où le travail de feinte n’était à l’évidence pas le fort de Jono Carroll. Les minutes passaient sur un rythme relativement monocorde, chacun faisant la même chose. L’Irlandais chargeait droit devant sans réellement préparer ses attaques quand le Saint-Quentinois remisait et le piquait de manière chirurgicale sans se découvrir.
 
Un pointage qui ne fait les affaires de personne
 
La supériorité de Guillaume Frénois ne faisait pas de doute pour qui se donnait la peine de regarder objectivement le combat, c’est-à-dire sans se fier aux apparences. Car, en réalité, le Britannique frappait pour l’essentiel dans le vide et dans les gants tandis que l’Axonais se comportait en toréador, certes plus comptable de ces gestes mais tellement plus précis et élégant. On pouvait seulement regretter qu’il n’imprime pas davantage de variations de rythme pour véritablement surclasser son opposant. Parfois, il s’y autorisait comme dans la septième reprise et l’ami Carroll n’y voyait alors que du feu.
 
 
Mais ce dernier avait dans son jeu l’atout maître : être Irlandais et en découdre quasiment à domicile. Fidèles à leur réputation, les juges n’ont pas oublié d’en tenir compte, décrétant un pointage de parité qui ne fait les affaires de personne et qui balaye d’un revers de main l’équité sportive. Une revanche ne semble, de surcroît, pas à l’ordre du jour. Le Saint-Quentinois a beau légitimement s’insurger contre le verdict et se consoler en se disant qu’outre-Manche, un nul vaut une victoire, il n’est pas sûr que les aléas du boxing business lui offrent l’opportunité d’affronter en premier le tenant, l’Américain Tevin Farmer.
 
Par Alexandre Terrini
 
Mis en ligne par Olivier Monserrat-Robert

 

 

 

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