Trop timoré, le Français (21 v, 1 n, 2 d) n’a jamais mis en danger le champion d’Europe des moyens, l’invaincu Polonais (19 v) Kamil Szeremeta (19 v), qui a logiquement conservé son titre à l’unanimité des juges (120-108, 117-112, 117-112), le 9 mars, à Grande-Synthe.

Andrew Francillette, amoureux érudit de musique classique, n’est décidément pas un pugiliste comme les autres, lui qui est en Master 2 de droit pour devenir avocat et qui s’est distingué en faisant son arrivée sur une mélodie… d’Édith Piaf. Hélas pour lui, la référence - involontaire - à Marcel Cerdan, autrefois, roi planétaire des poids moyens, s’est arrêtée là.
C’est que, sûr de son fait, Kamil Szeremeta (classé numéro deux par la WBA et la WBC et numéro quatre par l’IBF), plus puissant et plus trapu, entamait les hostilités prestement, sans grand génie mais sans faille non plus. Sa manière de s’y prendre était simple : avancer encore et toujours, délivrer son direct du gauche puis user de son arme fatale qu’est sa lourde droite. Rien d’exceptionnel mais un plan de bataille suffisant car le Français, lui, éprouvait toutes les peines du monde à entrer dans le combat et à se libérer. Il se contentait de reculer et de tourner - de surcroît, parfois, du mauvais côté - en remisant timidement en jab du gauche mais sans enchaîner. Dans ces conditions, son coach, Éric Tormos, lui demandait expressément de ne pas rester en face mais, surtout, de contre-attaquer plus franchement après avoir bloqué les offensives du natif de Bialystok, en somme, de « faire quelque chose ».
Un Polonais qui n’avait rien d’une foudre de guerre
Le Normand s’y efforçait mais n’y parvenait guère. En effet, il subissait à force de ne pas véritablement s’engager et d’enclencher bien trop fréquemment la marche arrière. Pourtant, le visiteur, certes constamment actif, n’avait rien d’un foudre de guerre. Lent et extrêmement prévisible, proposant des combinaisons somme toute sommaires, il donnait l’impression de pouvoir être pris de vitesse à condition que le Tricolore se décide enfin à lâcher les chevaux et à lui imposer des variations de rythme. Ce qui n’était pas le cas.
Pareil scénario faisait l’affaire du pugiliste venu de l’Est, lequel poursuivait imperturbablement son travail de sape, ne négligeant pas le corps parmi ses cibles. C’est assurément lui qui assénait les coups les plus nets et les plus forts. Les rounds se succédaient et rien en changeait, ce qui avait logiquement pour effet de mettre en confiance le tenant. Pourtant, les très rares fois où le sociétaire du Red Star olympique audonien se montrait incisif et faisait preuve de conviction, il arrivait à ses fins et à transpercer la garde de son rival, en particulier, en optant pour des frappes circulaires.
« Je suis content de ce que j’ai fait »
Ce qui incitait Éric Tormos à lui remonter vertement les bretelles : « Tu es capable de faire ! Quand ça frappe, ça touche ! Ne le caresse pas ! Vas le chercher ! Ce n’est pas assez ! Fais l’effort et prend le milieu du ring ! Joue ta vie ! » En vain tant son protégé ne se montrait pas suffisamment entreprenant. On crut que sa stratégie était de se dépouiller sans compter dans la deuxième partie du duel. Or, là encore, il n’en fut rien. Manquant cruellement d’agressivité, il en décousait avec le gant sur le frein, renonçant tout à la fois à accélérer durablement et à initier un mano a mano de près, bien campé sur ses appuis, en collant son vis-à-vis. Et ce, en dépit d’une légère mais tardive embellie en toute fin de match. Résultat : s’il ne fut jamais mis sur le reculoir au cours des douze opus, Andrew Francillette fut sans cesse dominé, ne poussant nullement son contradicteur dans ses retranchements. Dès lors, ce dernier, émoussé physiquement, s’offrit néanmoins le luxe de terminer en roue libre et de conserver sa ceinture sans trembler.

Défait sans discussion, le challenger jugeait, cependant, sa prestation de manière nuancée au micro de RMC Sport : « Il y a de la déception parce que j’avais envie de gagner mais je savais que j’avais en face de moi le champion avec toutes ses qualités. Le jour J, j’ai fait ce que j’ai pu mais il était meilleur que moi. J’ai voulu être prudent, peut-être trop, pour pouvoir continuer le combat car il est réputé pour être un frappeur. Je ne voulais pas me faire cueillir à froid. Pour moi, c’était quand même un gros challenge. Même si ce n’était pas suffisant, je suis content de ce que j’ai fait. Maintenant, il faut déterminer les axes de travail à privilégier. Je vais me poser avec mon équipe pour voir quel sera l’avenir. »
Par Alexandre Terrini
Mise en ligne par Olivier Monserrat-Robert