
Les Mondiaux amateurs seniors féminins avaient lieu, du 2 au 13 octobre, à Ulan Ude, en Russie. Sur les cinq Tricolores en lice, seule Caroline Cruveillier est montée sur le podium. Elle a échoué en finale au terme d’un parcours remarquable. Comptes-rendus et résultats des combats.
Seizièmes de finale :
-57 kg : Leonela Sanchez (Arg) bat Sofia Nabet (Fra) 4-1
Le combat : « Face à une boxeuse plus petite qu’elle mais physique et développée musculairement, Sofia devait maintenir à distance son adversaire et travailler sur des enchaînements avec des coups longs, explique Anthony Veniant, entraîneur national en charge du collectif féminin jeune. Le tout en déclenchant la première et en désaxant en sortie d’échanges. Or, cela n’a pas réellement fonctionné parce qu’elle a été trop imprécise et a donné beaucoup de coups dans le vide. En outre, elle s’exposait à la fin des actions qu’elle initiait et se faisait contrer. Leonela Sanchez, qui a été sanctionnée d’un avertissement pour accrochages, a donc profité des erreurs de Sofia dont la prestation n’a pas été à la hauteur de ce que l’on pouvait attendre ni de ce qui avait été travaillé en amont. Et ce, à cause du stress et d’une mauvaise gestion de ses émotions. Elle s’était mis la barre très haute. »
-60 kg : Marie Palacios Espinoza (Equ) bat Amina Zidani (Fra) perd 3-2
Le combat : « Alors qu’elle parvenait à toucher à distance et de loin, Amina a privilégié une boxe à mi-distance qui mettait plutôt en valeur l’Équatorienne, un registre où cette dernière était un peu plus efficace alors que de loin, elle était assez imprécise, résume Anthony Veniant. Marie Palacios Espinoza se montrait en effet active mais pas forcément dangereuse et avait surtout tendance à travailler sur les actions d’Amina. Face à une adversaire largement à sa portée, Amina a commis l’erreur de venir se coller à la Sud-Américaine quand elle rentrait sur ses attaques. Elle aurait dû, au contraire, privilégier les échanges longs, provoquer sa rivale pour la contraindre à déclencher dans le vide et contre-attaquer. Elle n’a pas fait ce qu’il fallait afin ne pas créer le doute dans l’esprit des juges. En somme, elle n’a pas fait la différence alors qu’elle en avait largement la possibilité. Malgré tout, nous pensions que la décision serait de notre côté. En effet, même si le match a été serré, le verdict en notre défaveur est litigieux. »
-69 kg : Émilie Sonvico (Fra) bat Jorbelle Malewu (Con) par forfait
-75 kg : Caitlin Parker (Aus) bat Davina Michel (Fra) 5-0
Le combat : « Davina n’est pas mal entrée dans le combat en donnant son direct du bras avant avec lequel elle touchait nettement. En revanche, elle s’est trop souvent limitée à cela, ce qui n’est pas suffisant pour valider le gain d’un round, regrette l’entraîneur national. Il lui a manqué de la continuité dans ses actions mais également de la puissance dans ses coups. Elle ne s’est notamment pas montrée suffisamment efficace avec son bras arrière. Et quand elle le donnait, elle avait trop tendance à se coller à son adversaire sans être suffisamment maintenue au niveau du buste. Au final, le match a été serré mais le manque d’activité de Davina dans la troisième reprise lui a fait laisser échapper la victoire. Et ce, alors elle avait la possibilité de s’imposer face à l’Australienne qui, plus petite, a surtout procédé en contre-attaque, contraignant Davina soit à reculer, soit à rester sur place mais, dans les deux cas, à s’exposer. »
Huitièmes de finale :
–54 kg : Caroline Cruveillier (Fra) bat Preedakamon Tintabhtai (Tha) 3-2
Le combat : « La Thaïlandaise était assez dangereuse car très explosive et rapide de bras. Elle avait, de surcroît, tendance à accrocher et à perturber la boxe de Caroline. Face à elle, il fallait donc travailler à distance en délivrant des coups longs. Or, Caroline a eu tendance à se coller et à boxer sur deux coups. Avec, à la clef, des difficultés pour ensuite se dégager et retrouver la mobilité de ses appuis en sortie d’action. D’où un match quelque peu désorganisé et haché qui n’a pas forcément mis en valeur les qualités de Caroline. Cependant, elle a rivalisé avec l’Asiatique et s’est montrée plus efficace, en particulier en touchant nettement avec son bras avant pour ensuite enchaîner avec son bras arrière. A chaque fois qu’elle prenait l’initiative, elle surprenait Preedakamon Tintabhtai d’autant qu’elle était également plus puissante qu’elle », analyse Anthony Veniant.
-69kg : Nien-Chin Chen (TPE) bat Émilie Sonvico (Fra) 5-0
Le combat : « Face à la championne du monde en titre, Émilie a fait un bon début de match en donnant son bras avant, en travaillant à distance et en se déplaçant bien, raconte l’entraîneur national. Dans un premier temps, l’idée était, en effet, de ne pas aller chercher son adversaire mais plutôt de l’amener à venir car Nien-Chin Chen est très mobile et boxe beaucoup en contre. Il ne fallait pas se faire piéger ni se retrouver à la suivre en lui courant après. Mais, pour espérer l’emporter, Émilie aurait dû durcir davantage sa boxe, insister sur des échanges plus longs et enchaîner quand elle touchait nettement avec son direct du bras avant. En outre, au lieu de privilégier l’esquive comme moyen de défense, il aurait fallu bloquer pour rester à proximité de l’Asiatique et la déstabiliser. Ce qui est frustrant, c’est qu’Émilie avait le potentiel, aussi bien physiquement qu’en ce qui concerne l’efficacité de ses coups, pour en faire beaucoup plus. Il a manqué un peu d’agressivité, de continuité et de persévérance pour faire basculer la décision de notre côté. C’est une déception de ne pas être allé au bout des choses. »
Quart de finale :
-54 kg : Caroline Cruveillier (Fra) bat Antonia Konstantopoulou (Aus) 5-0
Le combat : « Caroline a surtout misé sur ses doubles attaques avec une première action simple, d’un coup ou deux, juste pour provoquer l’adversaire et la faire venir. Ensuite, elle a utilisé les moyens de défense pour la mettre dans le vent et donc contre-attaquer. Si bien que Caroline a touché avec beaucoup de précision et d’efficacité. Et ce, d’autant que l’Australienne n’était pas tellement structurée techniquement. Sans compter, de surcroît, une coordination des appuis aléatoire qui faisait qu’elle avait tendance à plonger sur ses actions et sur le déclenchement de ses coups avec, à la clef, un déficit d’efficacité. Caroline a également fait la différence grâce à sa vitesse de bras. D’où une victoire très nette et indiscutable », se félicite Anthony Veniant.
Demi-finale :
-54 kg : Caroline Cruveillier (Fra) bat Mikiah Kreps (USA) 3-2
Le combat : « Le match a été extrêmement serré, reconnaît Anthony Veniant. Nous avons même été déclarés perdants par trois juges à deux dans les deux premiers rounds. En revanche, Caroline a gagné de façon unanime le dernier, ce qui lui a, au demeurant, permis de remporter le combat. L’Américaine a un style de boxe très professionnel. Elle recherchait le travail de sape à mi-distance. Le tout en étant très posée sur ses appuis pour travailler de façon puissante en particulier au corps ou en en effectuant des séries corps-face. Et, ce, avec beaucoup de vice. Elle a notamment souvent bousculé Caroline et lui est rentrée dedans en cherchant à accrocher sans se faire voir. Heureusement, Caroline touchait très nettement sur des enchaînements à distance afin de remporter tout de même des échanges dans les deux premières reprises. Elle y a toujours cru. Et, dans la troisième, elle a changé de positionnement en plaçant ses appuis sur l’extérieur, en dehors de ceux de Mikiah Kreps pour ne pas rester dans l’axe ni se faire coincer. Surtout, Caroline déclenchait avant que son adversaire ait la possibilité de rentrer sur elle puis elle enchaînait et sortait en même temps qu’elle travaillait. »
Finale :
–54 kg : Hsiao-Wen Huang (Tpe) bat Caroline Cruveillier (Fra) 4-1
Le combat : « Caroline affrontait une boxeuse très grande, puisqu’elle mesure 1,80 mètre, et donc dotée d’une allonge importante. Sans compter une excellente mobilité. Cela lui a posé des problèmes pour trouver la bonne distance et engager ses actions puisque au regard de cette différence morphologique, c’était à elle d’effectuer les préparations d’attaque et de pénétrer. Pour cela, la stratégie consistait à être en mobilité mais également en capacité de bloquer ou d’esquiver les coups de l’Asiatique afin de pouvoir rentrer sur elle. Or, cela s’est avéré difficile parce que Caroline a manqué de réactivité et de mobilité. Et quand elle parvenait à se rapprocher, elle déclenchait des séquences trop courtes alors qu’il aurait fallu amorcer des séries de trois ou quatre coups pour être efficace et prendre l’ascendant. Chose qu’elle a cependant faite dans le troisième round, lequel a été plus engagé. En outre, les échanges se terminaient souvent par des accrochages car Caroline a commis l’erreur de venir trop près de son adversaire, ce qui l’empêchait d’enchaîner. Hsiao-Wen Huang, elle, avait opté pour une boxe d’attente et travaillait en contre. Au final, la défaite est logique. A l’heure actuelle, face à ce genre de profil, l’expérience de Caroline ne lui permet pas encore de faire la différence. Néanmoins, elle n’est pas ressortie de ce match piège complètement démunie et sa prestation a été valorisante », conclut Anthony Veniant.