Il était une figure de la boxe nordiste et du vivre ensemble : le fondateur du BC de Roubaix est décédé, le 25 octobre, à soixante-huit ans, des suites de la Covid-19. C’est toute une ville qui pleure aujourd’hui sa disparition.
Foudil Hamdoud avait porté sur les fonts baptismaux le Boxing club de Roubaix qu’il avait créé en 1983. Une structure qui, comme bien d’autres sur le territoire national, mêle savamment enseignement sportif, éducation au civisme, formation à la compétition, bienveillance et entraide. Il faut d’autant moins s’en étonner que son fondateur était salarié de la Ville en tant que médiateur social dans le quartier de l’Alma, sans doute le plus défavorisé de cette cité qui a pâti de plein fouet de la désindustrialisation et est en proie à un taux de chômage endémique. Avant de prendre sa retraite, il y a neuf mois, Foudil Hamdoud arpentait inlassablement le terrain pour canaliser cette jeunesse désœuvrée et lui offrir des perspectives aux allures d’horizons nouveaux.
C’était aussi cette noble mission qu’il s’était assignée dans son club. Si son objectif essentiel était de façonner de futurs citoyens exemplaires, il a aussi accompagné au plus haut niveau certains de ses élèves, à commencer par son neveu, Mourad Hamdoud, qui fut champion de France amateur et membre de l’équipe nationale. Dans les rangs professionnels, son élève Maïdin Elgarni a, lui, décroché la timbale en détenant la ceinture nationale des légers (2016 et 201) puis, en 2019, le titre WBA Intercontinental.

« Discipline, bonté, générosité et respect »
« J’ai fait quinze ans de boxe avec ce grand Monsieur, raconte-t-il. J’ai commencé avec lui à quatorze ans. Lors de mon premier entraînement, il m’a fait monter sur le ring. Nous avons tout de suite accroché. Nous nous sommes compris. Le souvenir qui me vient à l’esprit à son propos, ce sont la discipline, la bonté, la générosité et le respect. Comme il le disait, quand vous veniez dans sa salle, il y avait un menu et vous veniez pour le manger. Il y avait des règles à respecter. Il voulait toujours le mieux pour nous. Il faisait tout pour notre avenir mais il fallait être réglo avec lui. Par-delà la boxe, il nous apprenait des valeurs, que ce soit à l’école, au travail etc. pour nous améliorer. C’était un passionné de boxe qui se levait à cinq heures du matin pour regarder des combats. Avec ses quarante ans de métier, il avait l’œil et nous donnait de très bons conseils sur le plan tactique. Il était en outre très axé sur le physique. Ce que j’aimais chez lui, c’est que jamais il ne nous disait que nous étions les meilleurs. Il insistait sur nos faiblesses pour que nous les travaillions. On pouvait très facilement parler avec lui pour lui dire ce que l’on ressentait. »
Président du Comité régional des Hauts-de-France, Jacqueline Mairesse évoque « un ami avant tout, honnête, droit dans ses baskets et sérieux. C’était une personne de confiance avec qui j’ai toujours eu d’excellents rapports. Il était extrêmement investi dans ce qu’il entreprenait. » Une authenticité qui l’inscrit encore plus avant dans la mémoire de ceux qu’il a épaulés et côtoyés.