Fatal moment d’inattention pour Yazid Amghar

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Le 8 juin, à Bobigny, alors qu’il dominait les débats, le Français (25 v, 1 d) s’est fait surprendre au dixième round par l’Espagnol Frank Urquiaga (19 v, 1 n, 3 d)  et a vu s’envoler son rêve de s’emparer du titre vacant de l’UE des légers.

Le local entamait les hostilités en respectant le plan de bataille convenu : tenir son rival à distance avec son bras avant, tantôt en jabs, tantôt en directs tout en tournant. Car l’Ibère, lui, n’hésitait pas à avancer en ligne sans complexe. D’ailleurs, lorsqu’il parvenait à s’approcher, il touchait le Français au visage en séries des deux mains. Vigilant défensivement, le Séquano-Dionysien avait pour lui sa vitesse de bras supérieure et sa précision. De son côté, le visiteur avait tendance à chercher systématiquement la mi-distance et à s’accrocher dès qu’il avait fait mouche, ce qui dégradait la qualité des échanges. Conscient du péril, le Tricolore ne tombait pas dans le piège. Il exploitait son allonge plus grande et effectuait immédiatement un pas de côté après avoir trouvé sa cible. Sa propension à soigner ses sorties d’action servait sa cause même s’il prenait sciemment le parti de ne pas systématiquement déclencher le premier mais plutôt de remiser de manière chirurgicale aussi bien au corps qu’à la face.

Dans la quatrième reprise, l’Espagnol qui avait le tort de se jeter, se faisait cueillir sur une gauche en contre. Il allait à terre et était compté mais il parvenait à récupérer, le Balbynien accélérait, certes, mais ne confondait pas vitesse et précipitation au risque de trop se découvrir à son tour.

Loin d’être amoindri, Frank Urquiaga reprenait du poil de la bête dans la cinquième, se montrant à la fois plus incisif et plus efficace. Mais l’embellie était de courte durée. Toujours aussi lucide, Yazid Amghar demeurait maître de son sujet. Il parvenait à en découdre à sa distance, à être actif sans s’exposer inconsidérément ni négliger les moyens de défense, sa garde haute le préservant des charge de son fougueux mais frustre opposant. Néanmoins, ce dernier ne relâchait pas son pressing mais le Francilien trouvait par intermittence la solution avec des crochets courts dernière l’oreille.

« Jamais je n’aurais imaginé perdre chez moi, devant mon public »

Cependant, l’Espagnol, né à Lima, ne baissait pas pied et même s’il se montrait assez brouillon et loin des canons du noble art, il donnait l’impression d’être le plus actif. D’autant que si le Français était à l’évidence le plus fluide techniquement, il commençait à davantage reculer qu’à tourner et se révélait moins tranchant dans ses répliques. Pour autant, la victoire étaient à portée de gants jusqu’à ce qu’il ne voie pas venir un lourd cross du droit de son rival. Il avait, en outre, le tort de se relever trop vite et repartait d’emblée à l’assaut sans avoir récupéré. Son contradicteur ne se privait alors pas de porter l’estocade finale et incitait fort justement l’arbitre à mettre un terme à la confrontation.

« C’est carrément une contre-performance, lâchait, dépité, sur le ring, le vaincu, les larmes aux yeux. C’est la boxe. Cela se joue aussi parfois sur un seul coup. Jamais je n’aurais imaginé perdre chez moi, devant mon public. Je suis vraiment déçu. Je menais le combat et j’ai pris un lucky punch. » Le reste tient en un mélange poignant d’humanité intense dans l’intimité d’un vestiaire clos où se mêlaient sanglots longs qui n’y pouvaient rien changer, désillusion incantatoire, débriefing tactique, encouragements véhéments à surmonter ce qui n’est, in fine, qu’incident de parcours, réconfort sincère ou encore, projets d’avenir. Bref, ce qui fait des pugilistes des sportifs pas comme les autres.

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